Premièrement, donc, l'Allemagne juste avant la Seconde Guerre Mondiale. Tout est déjà bien droit, bien propre, tout doit rentrer dans les moules, dans les rangs. Les rues sont tellement propres qu'on y mangerait à même le sol. Tout doit être pur, comme la race. L'ambiance est paranoïaque. Les juifs sont déjà traqués, humiliés, dépouillés, isolés. Viendront bientôt les hommes de l'église catholique, les handicapés... le mécontentement, on ne doit le dire qu'à demi-mot, les oreilles sont partout. Et les flammes s'élèvent.
Ensuite, les écrits philosophiques. Si j'ai bien un regret, une attente dans le vide, après lecture de ce livre, c'est l'absence totale d'immersion dans l'oeuvre de
Husserl, d'une explication, d'une ébauche sur ce travail qui semble si important. Je ne connais pas
Husserl et c'est toujours le cas. J'ai l'impression d'un prétexte. Et pourtant,
Bruce Bégout en est spécialiste. Je ressens un manque à ce niveau, même s'il est justifié en ce sens que Leo van Breda n'en a lui-même pas déchiffré une ligne - pas le temps, trop crypté - pendant ce court laps de temps que dure le récit. On est laissé dans le vague, comme lui, on doit miser à l'aveuglette. Dommage.
Néanmoins, on s'attache vite à van Breda. Qui n'a pas l'austérité qu'on attend d'un homme d'église, qu'on suit dans l'intimité, dont on découvre les défauts, les habitudes, les choix personnels, les doutes, les pensées, les méditations. Celui qui est venu pour une mission simple et qui se retrouve embarqué dans une quête périlleuse, sans aucune aide. Lui qui doit sauver un chat, un trésor de culture, sa peau surtout, et sa crédibilité, sa motivation. Un côté burlesque, parfois, dans cette aventure. Sauve-qui-peut.
Surtout, ce que je retiens, plus que l'histoire dont l'intrigue promet beaucoup, au dénouement final rapide et vite envoyé, c'est l'écriture de
Bruce Bégout. Je l'avais découvert avec
le ParK, il y a quelques années déjà, et je le rejoins ici, dans un récit qui ne m'aurait pas happée si ce n'était l'attrait de son nom. Je retiens sa plume décomplexée, ses traits d'humour, sa capacité à raconter, à entrer dans l'intimité des personnages, à poser une ambiance, un lieu, à jongler entre les langues. À parler philosophie à demi-mot, comme en fond sonore, de façon implicite, qui doit être décortiquée. J'en aurais voulu plus, et j'irai donc chercher ailleurs, dans son oeuvre.
(voir la critique intégrale sur le blog)
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