Voici un recueil de nouvelles où se côtoient les désillusions, les tourments de la vie quotidienne et la poésie de mots très justement trouvés. En effet, on sent la prose plus influencée par un courant poétique que par la littérature à proprement parler.
Au dos il est noté : "Une tentative de suicide, un père qui retrouve sa fille après vingt ans d'exclusion, un couple en crise, les affres de l'écriture au quotidien, une procédure d'internement digne de Kafka, tels sont les sujets de ces courts récits écrits et publiés sous divers pseudonymes en Chine entre 1978 et 1985, après l'effondrement du maoïsme."
C'est d'ailleurs ce qui ressort de cette lecture : des empêchements qui bouleversent une vie, des éléments perturbateurs qui conduisent à un dénouement irrémédiable. Ce qui interpelle c'est le style de Bei Dao, plein d'audace et dont les textes sont d'une grande originalité pour l'époque. Un savent dosage de retenue, de concision tout en pointant avec lucidité l'émotion sous-jacente.
N'ayant lu la quatrième de couverture qu'après, j'ai été en effet frappée par la grande similitude de la dernière nouvelle avec le procès de Kafka. La machination de la bureaucratie qui se met en marche pour tout emporter sur son passage, même les innocents.
Toutes les nouvelles se valent et sont d'une grande force poétique. J'ai absorbé et bu les mots, savouré les tirades et les introspections. J'aurais voulu encore d'autres récits car le plaisir est insatiable, d'autant plus quand il est acheminé si joliment.
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Alors soudain, la confiance qui venait tout juste de s'établir entre nous s'effondre. L'angoisse me saisit. Le sang afflue, cogne à ma tête. [...]
"Ne pleure pas, Lanlan !"
Qui parle de pleurer? Maman, si j'étais encore capable de pleurer, ce serait, j'en suis sûre, pour verser des larmes rouges, des larmes de sang !