Lu en quelques heures, débuté aux alentours de 4h00 du matin, pour le terminer vers 16h00.
Avant-hier et hier, je lisais Windows of the World, le roman de
Beigbeder où il alterne chapitres "auto-biographiques" et fictifs où il s'image dans la peau d'un Texan coincé dans le restaurant qui surplombait le WTC lors du 11 septembre.
J'aime bien
Beigbeder, c'est un sale con ! J'aime ses paradoxes, ses références, sa réelle ou fictive décadence, et surtout, dans "
Une vie sans fin" la richesse de ses recherches.
Bref c'est un sale con cultivé comme beaucoup de ses maîtres à penser, comme
Hunter S. Thompson, sauf que
Beigbeder a plutôt tendance à se laisser aller dans ses côtés mielleux et pathétiques, un Droopy sous coke, du moins, avant...
Là, nous sommes sur les traces de ses premiers pas littéraires, on sent le personnage qui prend vie, la cristallisation de ce qui le fera être lui-même pour les décennies à venir.
Malheureusement, ici, je n'ai trouvé qu'un enchaînement de soirées, décadentes, mouais, si l'on veut, j'ai un peu la sensation d'entendre l'un de mes amis raconter ses propres soirées avec ses potes aux cartes bancaires noires, lignes de coke sur les pianos anciens, descentes de caves millésimées, bad trips dans les couloirs de marbre, et chutes en peignoir dans les piscines des résidences secondaires, tertiaires, quaternaires, bref, rien de nouveau sous le soleil, où alors me voilà juste blasée de la décadence des beaux quartiers qui n'évolue pas.
Quoi qu'il en soit, ici, on alterne entre la découverte de l'Amour, mettons une majuscule, ce pense que notre cher dandy apprécierait le geste, celui d'anoblir ce sentiment dans lequel il semble se perdre, voire carrément se prendre les pieds dans cette émotion qui le fascine autant qu'elle le fait flipper ; et les soirées, ici, ailleurs, nuits, jours, alcools, bourgeoisie et noblesse fin de race.
Il manque ce qu'il a bien plus développé dans ses écrits plus tardifs : la rébellion, la prise de conscience de certains aspects de la société, même si il n'est pas il n'est pas interdit qu'il crache dans la soupe, de mon point de vue chacun à le droit de critiquer les sujets qu'il veut, qu'importe son milieu, son statut, sa famille, son compte en banque, bref, aucune réflexion semble ne ressortir de cette époque, pas de grandes envolées sur le sens de la vie, il me semble bien vide ce foutu bouquin.
Bref, déjà un jeune con, mais aux références sans doute plus restreintes qu'aujourd'hui, vous me direz en 30 ans, on a le temps de s'enchaîner les lignes, qu'elles soient faites de mots ou de poudre, et l'âge semble lui avoir apporté plus de profondeur, je me sens même capable de faire le parallèle entre Despentes et lui: leurs évolutions sont palpables, qu'elles soient littéraires ou liées avec le temps qui passe, les évolutions sociétales, les prises de conscience ou non, et l'élargissement de leur culture.