Mentalement, il faisait tourner le présentoir des instants, comme des touristes croissent des cartes postales.
Des petits cailloux, jalons précieux d'une suite ininterrompue de minuscules riens, de gestes, de pensées, de secrets, de désirs mêlés qui fabriquaient une vie d'amoureux.
Même s'il savait que son amour meurtri allait voyager en clandestin dans ses bagages, mieux valait encore la mer de Libye, elle emporterait peut-être un peu de sa douleur au large.
Depuis qu'elle l'avait largué sur son bord de trottoir, au fils des jours, il sentait son chagrin se creuser comme une mer de tempête. Une mer grise, rageuse, avec des rafales qui forcissaient. Une pensée cognait dans sa tête avec la régularité des déferlantes sur la coque d'un bateau en perdition.