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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A seize ans, Erika est devenue national-socialiste, après avoir assisté à un discours d'Hitler. Depuis, son seul objectif est de se dévouer au parti : être une bonne épouse qui tient bien sa maison, donner des enfants à la patrie, etc. Même si elle fait bonne figure au sein des femmes d'officiers, elle est insatisfaite, car elle trouve son mari trop faible et elle n'est pas mère.


En janvier 1945, avec des millions d'autres Allemands, Erika fuit la Pologne : les Russes approchent et massacrent ceux qu'ils trouvent sur leur chemin : viols, barbarie, etc. Comme ses compagnons, civils et militaires, Erika tente de rejoindre Postdem. Elle est persuadée que l'armée ne se rendra pas, elle croit au triomphe du nazisme et adhère, avec ferveur, à cette idéologie.


Ce livre est très difficile à lire. Erika est l'héroïne de l'histoire et je pense qu'il est impossible de ressentir de l'empathie pour elle. C'est très troublant de suivre sa fuite, de savoir qu'elle risque la torture et la mort, à tout instant, et de s'apercevoir que l'on n'a pas envie qu'elle s'en sorte. C'est un personnage de roman qui m'a révulsée par tout ce qu'elle englobe, d'autant plus qu'elle n'éprouve aucun regret et est toujours habitée par ses convictions. Cela m'a rassurée, car je crois que cela m'aurait dérangée si j'avais ressenti un attachement pour elle, en raison de ce qu'elle représente. Il est, d'ailleurs, plus difficile d'assumer ce que son mari, Paul Sattler, a pu, par moments, susciter comme réaction. Ses missions au sein du parti sont haïssables, mais son humanité se réveille, à certains moments, lui faisant prendre des décisions que l'on aurait souhaitées plus nombreuses. Son parcours est une démonstration de l'embrigadement. Son destin et ce qui l'a provoqué m'ont permis d'avoir un répit, dans la haine qui s'invitait en moi.


Erika Sattler est un roman dérangeant et puissant.


Je remercie sincèrement les Éditions Stock et Netgalley France pour ce service presse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Erika est le type même de la pure aryenne. Sa beauté est telle qu'elle affole tous les hommes qui croisent sa route. Mais, du haut de son piédestal, la déesse n'a pas un regard pour eux. Depuis qu'elle a entendu Hitler prononcer un de ses discours, Erika est fidèle au Führer. Seul un fier officier SS dans son prestigieux uniforme noir aurait ses chances auprès d'elle. Et rien n'ébranlera sa foi dans le parti national socialiste. Même pas le recul des troupes devant les Russes, la débâcle, la marche hallucinée à travers les plaines glacées de Pologne.
La jaquette toute blanche sur laquelle se détache en grands caractères un nom de femme surmonté d'un insigne nazi, une broche sertie de pierres précieuses, provoque un mouvement de recul. On se dit : encore un livre sur la Deuxième Guerre mondiale ! Que pourrait-on inventer d'inédit ? Eh bien, la réponse se trouve dans ces pages. Je fais confiance à Hervé Bel, j'ai beaucoup aimé ses précédents romans.
L'histoire commence « un jour de mars 1944 » dans une forêt où travaillent des prisonniers surveillés par des gardes armés. Profitant d'une pause, L'un des détenus s'éloigne un peu pour satisfaire un besoin naturel. Adossé à un arbre, il ferme les yeux quelques secondes... Quand il les rouvre, il est seul. On l'a oublié. Panique. A coup sûr, quand on l'aura retrouvé, il sera abattu sans pitié. Pourtant, l'officier SS qui le découvre lui sauve la vie.
La suite du livre se divise en cinq parties relatant chacune une journée du repli de l'occupant allemand en Pologne devant l'avancée russe, du 16 au 20 janvier 1945. On a peine à penser que l'histoire qu'on lit se déroule en cinq jours seulement, tant elle est riche et touffue, fertile en suspense et rebondissements. Bien sûr, des rétrospectives nous projettent dans le passé pour nous expliquer des pans de la vie des protagonistes. Ce qui est original ? Hervé Bel nous emmène du « mauvais côté ». Son personnage principal (qu'on ne peut vraiment pas qualifier d'héroïne), celle qui donne son titre à l'ouvrage, est tout sauf sympathique. Dès l'âge de seize ans, elle s'est laissé hypnotiser par le charisme des discours d'Hitler et a décidé de se vouer corps et âme à son parti. Sous ses airs d'ange se cache une véritable goule dont on peine à croire qu'elle ait un coeur Un des soldats qu'elle croise la compare à Marika Rökk (actrice allemande célèbre à l'époque). On l'imagine donc très belle. Elle en joue. Elle sait, quand il le faut, prendre des airs d'ingénue, de frêle poupée blonde aux grands yeux bleus, ou, au contraire, de militante ne reculant devant rien, voire d'aristocrate face à laquelle les autres sont réduits au rôle d'esclaves, si pas de vermisseaux.
Elle a jeté son dévolu sur Gerd, fier officier SS qui en impose, sanglé dans son prestigieux uniforme. Malheureusement, il est déjà fiancé. Erika en est donc réduite à se rabattre sur Paul Sattler qui, s'il a tous les critères de l'aryen pure race, a cependant, aux yeux d'Erika, une tare rédhibitoire : il aime la littérature, est un doux rêveur, et surtout, un être sensible. Et ne parlons pas de sa famille qui se permet d'exprimer des critiques à l'encontre du régime. Comme le seul rôle réservé aux femmes est celui de mère et d'épouse, Erika se résigne à soigner cet homme qu'elle méprise pourtant, à lui offrir un foyer impeccable, à lui mitonner de bons petits plats et à fournir au Reich toute une tribu de petits soldats blonds. Mais on dirait que Paul n'est même pas capable de les lui donner.
On suit l'odyssée d'Erika obligée de fuir devant la barbarie russe. Les « Ivan » comme les appellent leurs ennemis, bombardent, tuent sans pitié et surtout violent tout ce qui porte jupon. de nombreuses scènes sont très dures et, si Erika a un instant d'humanité en prenant sous sa protection une mère et son fils, très vite, on la voit n'éprouver que mépris et dégoût pour cette Katherine dont le plus grand tort est d'avoir les cheveux noirs et le nez pointu.
De temps à autre, cette relation s'interrompt pour suivre Paul Sattler et aussi, un peu, un juif alsacien qui tente d'échapper à cet enfer.
Le récit se termine vingt-quatre ans plus tard, en 1969, par une sorte d'épilogue dans lequel on comprendra le sens de cette phrase d'Édith Beer, choisie par Hervé Bel comme épigraphe : « même les êtres les plus inhumains ne le sont pas toujours. »
J'ai dévoré en quelques jours à peine ce récit passionnant qui m'a fait découvrir des choses que je ne connaissais pas, même si on ne peut vraiment pas s'attacher à un personnage aussi odieux qu'Erika Sattler. Heureusement, en contrepoint, d'autres permettent de ne pas désespérer totalement du genre humain.
Par certains aspects, ce livre m'a fait penser au film d'Olivier Hirschbiegel « La Chute », dans lequel Magda Goebbels préfère tuer ses six enfants, plutôt que de les vouer à un monde sans Hitler.
C'est donc un roman qui m'a plu énormément et que je recommande sans hésiter.
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En nous proposant le portrait d'Erika Sattler, il est impossible de dire qu'Hervé Bel a choisi de traiter d'un sujet facile. Loin de là.

Erika Sattler est nationale-socialiste. Nous sommes en 1945 en Pologne, jusque-là occupée par Hitler, mais que les Russes sont en train d'envahir. Alors, Erika, comme des millions d'Allemands, fuit le pays.


C'est à l'âge de seize ans qu'elle entend Hitler pour la première fois. Elle tombe sous le charme, totalement subjuguée par le personnage, sa voix, le choix de ses mots. À partir de cet instant, elle en est persuadée, Hitler est la réponse. Et personne ne pourra jamais renverser le Reich. Alors que bon nombre de soldats et hauts-gradés de l'armée Allemande commencent reconnaître, à demi-mot, qu'ils ont participé à un génocide d'une ampleur inconcevable, Erika, elle, n'en a que faire. La fin justifie les moyens.


C'est l'histoire d'une simple femme nazie, d'une femme qui s'accroche à ses idéaux, si persuadée du bien fondé de la mission de son idole, qu'elle ne prendra jamais le recul nécessaire pour remettre en question les horreurs de la guerre. Pour ses idéaux, elle quittera son mari, Paul, trop faible, à son sens. Comment peut-on oser mettre en doute la parole d'Hitler ? Elle les dégoute, toutes ces personnes qui ne comprennent pas que la seule solution pérenne pour sauver et rendre toute sa splendeur à l'Allemagne, c'est lui. Et lui seul. le seul chancelier digne de porter ce nom.


Erika Sattler est un roman tout aussi dérangeant que fascinant, qui offre un exemple de la banalité du mal d'Hannah Arendt. D'une prose très belle et maitrisée, l'auteur explore les conséquences de l'idéologisme et de l'extrémisme, annihilant petit à petit le libre arbitre et la liberté de penser. C'est glaçant, parce que l'on parle d'une période de l'Histoire qui, laisse encore aujourd'hui des stigmates dans toutes les cultures et civilisations du monde entier. Mais c'est également glaçant parce que le mécanisme d'adhésion et d'embrigadement est transposable à l'infini dans nos sociétés actuelles.


Hervé Bel réussit à mettre en exergue ce qu'est la banalité du mal, dans toute son insoutenable horreur. Il ne faut pas passer à côté d'une telle lecture. Vraiment.


« Il était effaré par cette idée évidente, mais dont il mesurait désormais la signification, que c'étaient des hommes que l'on tuait. »


« L'expression banalité du mal ne peut se comprendre que comme une façon de décrire les routines par lesquelles ceux qui recourent à la violence, comme ceux qui en sont témoins, mettent en suspens leurs convictions morales et renoncent à l'examen de leur engagement pratique personnel. », Patrick Pharo.
Lien : http://www.lecoindeschroniqu..
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Erika Sattler ou la vie trépidante d'une banale femme... nazie. Hervé Bel livre ici une tranche de vie, celle d'Erika, nationale socialiste convaincue, vivant les dernières heures de la gloire allemande, claironnant ses idées et défendant encore l'idéologie nazie envers et contre tout, même quand la guerre est perdue. Elle partagera son destin dans la débâcle d'après-guerre, lorsque beaucoup essaient de fuir et de sauver ce qui peut l'être. Sans tomber dans les clichés ni la subjectivité, l'auteur montre ici une vie de femme combattante dans ses choix, intransigeante avec ses idées, qui finira par se retrouver dans le monde d'après, celui des Alliés victorieux, comme de nombreux autres Allemands nazis, réels, poursuivant leur destinée et leurs jours dans une normalité glaçante. Je remercie vivement les éditions Stock pour la possibilité d'accès à ce beau livre qui ne cherche ni provocation ni condamnation, mais seulement une meilleure compréhension de ce qui semble à nos yeux incompréhensible, et un merci à la plateforme NetGalley pour leur confiance.
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