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sur 629 notes
L'auteur s'est inspiré d'un épisode fameux de l'histoire coloniale américaine, l'histoire de Mary Rowlandson, épouse puritaine d'un pasteur, capturée en 1675 avec ses trois enfants lors d'un raid extrêmement violent d'Amérindiens Wanpanoag et Narranganssett. Gardée en captivité durant onze semaines, elle est finalement relâchée contre une rançon. Son récit est ( Narrative of the Captivity and Restoration of Mrs. Mary Rowlandson ) un jalon important de la littérature américaine, considéré comme le premier récit de captivité du pays, un gros succès aussi.

Ce terreau historique est formidablement romanesque . La relecture de cet épisode démarre très bien.Les premiers chapitres décrivent de façon très méticuleuse la vie des premiers colons, leur quotidien mais également leur morale religieuse puritaniste qui guide constamment leurs actes. On découvre Mary, épouse dévouée mais dont on sent poindre la capacité à s'indigner et à penser par elle-même . L'auteur a la très belle idée de l'imaginer au chevet d'une jeune fille pauvre, inféodée, enceinte d'un esclave noir, en train d'accoucher seule car la société blanche refuse de se «  souiller » avec cette pécheresse. le lien entre esclavage et domination masculine de l'époque est très pertinent avant de décrire la captivité de Mary auprès des Amérindiens.

Pertinent aussi le questionnement de Mary qui observe les moeurs amérindiennes, surprise que les captives comme elles ne soient pas violées, étonnée par la tendresse ostensible des parents pour leurs enfants élevées sans la discipline sévère qu'elle connait, décontenancée de voir des femmes puissantes commandaient des hommes.

J'ai cependant trouvé que ce bouillonnement intérieur, ce questionnement introspectif, pendant la captivité et après, cette révolution mentale que connait Mary, manquait de profondeur pour atteindre les sommets promis. Bien sûr qu'on comprend qu'à sa réintégration dans le monde des blancs, Mary, la douce rebelle, a changé, qu'elle est tiraillée entre la vie qu'elle veut et la vie qu'elle doit mener, imposée par son mari et les normes puritaines. Mais la relecture abolitionniste, féministe et quasi laïque que fait l'auteur du personnage de Mary, m'a presque semblé anachronique, trop contemporaine, et cela m'a gênée.

Mais ce qui m'a le plus gênée, c'est le choix de la « romance » platonique entre Mary et un Amérindien humaniste anglophone. Les clichés romantiques s'enchaînent. Je comprends parfaitement que cela plaise, mais moi ça m'a agacé de voir cette femme élevée dans une religion prude, cette mère qui a vu ses amis massacrés lors du raid, sa fille mourir dans ses bras en captivité, avoir une telle capacité de résilience qu'elle parvient à éprouver ce type de sentiment amoureux en si peu de temps.

Bref, une lecture fluide et plaisante, avec de bons passages, mais en-dessous de mes attentes. L'histoire est passionnante et aurait pu faire naître un roman très fort avec une écriture moins fade et se concentrant sur l'intensité naturellement extraordinaire de la situation.
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L'auteur retrace ici, de façon plus ou moins romancé, mais basé sur des faits réels, la vie de Mary Rowlandson. On y découvre la vie des femmes dans la société puritaine des colons arrivés sur les terres américaines au 17ème siècle, le conflit avec les indiens. Mary accepte sa vie soumise à son mari jusqu'à son enlèvement par une tribu indienne. le retour à la vie "civilisée" n'est pas une délivrance pour elle. Esprit rebelle, elle vivra plus libre en étant esclave parmi les indiens qu'au côté de son mari. On ressent le poids de la religion imposée par les hommes. En tant que lectrice, j'ai eu envie de me soulever contre toutes ces traditions imposées auprès de Mary, féministe avant l'heure, et surtout femme réfléchie pour l'époque qui peu à peu arrive à s'envoler hors de sa cage...
Envie également de prendre part pour la nation indienne, envahie par ces colons européens qui imposent leur façon de vivre.
Seul petit bémol, j'ai parfois eu du mal à me repérer dans le temps au travers du récit...
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Mary Rowlandson est un personnage réel : en 1675, cette épouse de pasteur puritain d'origine anglaise fut enlevée avec ses enfants lors de l'attaque par les Indiens de sa petite ville du Massachusetts, près de Boston. Sa captivité dura onze semaines, pendant lesquelles elle partagea l'errance de ses ravisseurs poursuivis par l'armée américaine. Elle fut finalement libérée moyennant rançon, et relata son aventure dans un ouvrage à orientation très religieuse, qui, à quelques nuances près, évoque la brutalité et la bestialité qu'elle voyait chez les Indiens, et qui fit sensation à l'époque : The Sovereignty and Goodness of God: Being a Narrative of the Captivity and Restoration of Mrs.Mary Rowlandson.


Amy Belding Brown s'est inspirée de ces faits historiques pour broder sa propre interprétation du personnage de Mary : elle a imaginé cette femme découvrant avec stupéfaction l'humanité d'un peuple réputé sauvage et cruel dans l'esprit des blancs de l'époque, ainsi qu'une liberté alors inconnue chez les femmes de sa propre communauté. Ce choc culturel marque cette Mary fictive au point de lui faire regretter sur certains plans son retour à la "civilisation".


Si ce roman a le mérite de rectifier le cliché du gentil cow boy et du méchant indien qui a longtemps prévalu jusqu'à la grande époque des westerns, j'ai malheureusement eu une nette et constante impression d'anachronisme : ne parvenant pas à croire à un si rapide changement d'état d'esprit chez une femme imprégnée de sa culture puritaine et de ses certitudes religieuses, je n'ai pu me départir de la gênante impression de raisonnements et de sentiments empruntés à notre époque récente, et globalement incongrus chez un personnage tel que Mary.


Ce décalage s'assortit par ailleurs d'une large place accordée à la romance sentimentale : notre héroïne, issue d'une communauté si prude et si sûre de sa supériorité, sous le choc de la mort violente des siens, de la perte de sa fille, de la séparation d'avec ses autres enfants également capturés, blessée et soumise aux affres de la faim, réussit, le temps de sa courte captivité, à vivre une idylle en tout bien tout honneur avec un Indien gentleman.


Je ressors donc globalement déçue de cette lecture, certes rédigée dans un style agréable et riche de bonnes intentions à l'égard d'un peuple indien qui fut décimé par les blancs, mais qui m'a semblé un tantinet naïve et complaisante, en un mot assez peu réaliste.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Voici un ouvrage historique inspiré de faits réels , une lecture passionnante sans aucun temps mort , pas seulement un roman d'aventures mais le portrait romanesque , parfaitement documenté d'une époque, d'une femme et de son combat ....en ces temps lointains .
L'histoire débute en 1652, au coeur de l'Amérique ô combien puritaine , à Lancaster, où vit Mary Rowlandson, son mari Joseph , pasteur, et leurs enfants Sarah, Marie et Joss.....

Mary , fille d'un riche propriétaire terrien du Lancaster , chez les Puritains, vit sous la surveillance étroite de son mari, une surveillance constante ....
On attend d'elle qu'elle travaille sans relâche du lever au coucher.
On lui a appris que l'oisiveté est un lourd péché .
La religion est au centre de tout, Dieu a tout prévu , Dieu sait tout ....c'est la volonté de Dieu
On ne discute pas sa volonté.
Mary étouffe sous les dogmes, l'autoritarisme de Joseph,voire son joug .... la rigueur morale et l' intransigeance ... qui imprègnent son milieu et toute action entreprise.
Suite à une attaque indienne de son village, Mary est capturée.
Elle va épouser les longues marches et le quotidien en « esclavage » des indiens sous les ordres de Weetamoo, sa maîtresse , souffrira de la faim, perdra Sarah, une de ses filles grièvement blessée, fera la connaissance d'un indien converti Wowaus dit James de son nom anglais .
Il lui vient en aide, lui procure un précieux réconfort, lui offre une petite bible .

Elle apaisera son esprit tandis qu’elle travaille , elle ne s'en séparera plus....

Au bout de quelques mois , Sarah finit par s'habituer au mode de vie itinérant des indiens , la liberté dont ils jouissent , le partage de leur nourriture, autant elle craignait les indiens avant. ...

Même si elle a souffert de nombreuses privations et maints épreuves elle jouit de la même Liberté .Son esprit s'affute à mesure qu'elle se défait de son chagrin ....
Elle les admire et éprouve , à sa grande surprise , de l'attrait pour leurs danses et leurs chants étranges, les libertés dont jouissent les femmes et le sang - froid dont font preuve les hommes...
Il y a beaucoup de choses chez eux qui la surprennent ....Je n'en dirai pas plus ...

C'est un regard neuf sur un épisode fameux de la nouvelle Angleterre au XVII ° siècle, une description vivante au jour le jour d'une époque , moeurs et coutumes , une vue large incroyablement documentée de l'esclavage et de l'asservissement, de la Foi, des droits des femmes, et surtout de la lente évolution de l'esprit de Mary qui change du tout au tout .

On y ressent toutes sortes d'émotions, instructive et mouvementée , addictive et rythmée, il n'y a aucun temps mort au coeur de cette épopée de la première à la dernière page ..

Un récit terrible , poignant vibrant , grandiose où une femme devra se battre et luttera contre les ragots et les rumeurs , les commérages, les mensonges et les idées reçues dans une société puritaine blanche si peu éclairée..où l'hypocrisie règne en maître ....
Je remercie les éditions du Cherche Midi et Babelio pour l'envoi de ce bel ouvrage doté d'une couverture magnifique ...
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Une pionnière en avance sur son temps
*
Se mettre dans la peau d'une jeune femme pionnière puritaine du 17ème siècle, vivre avec les Indiens en pleine guerre des clans au Massachussetts, c'est un cadeau qui ne se refuse pas.
Apprendre, s'instruire, s'émouvoir, frémir, rougir, pleurer, trembler, s'exaspérer . Voilà les différentes façons d'appréhender ce roman historique tumultueux. Car on entre ici dans la grande Histoire, puisque Mary Rowlandson a vraiment existé. C'est une biographie romancée certes, puisque peu d'écrits sont restés mais le talent de l'auteure a comblé les trous.
Et avec quelle fougue elle emporte son lectorat!
Un récit foisonnant, vivant et subjuguant. Ce n'est pas juste un roman d'aventures lambda mais bien un récit qui évoque avec justesse le problème racial de ces peuples amérindiens, le modèle patriarcal de la famille puritaine par exemple. La sauvagerie ne nous est guère épargnée (ce qui rend d'autant plus le récit si authentique).
J'ai moins apprécié la deuxième partie (le retour de Mary auprès de ses pairs). Beaucoup de lenteur, une introspection plus tenace qui me faisait frémir de colère (ah l'éducation d'une lectrice du 21ème siècle!) ainsi qu'une écriture lapidaire et sèche. Mary en bonne épouse, pétrie de vérités toutes faites et surtout conditionnée, voit s'écrouler peu à peu ce monde pour le remplacer par quelque chose de plus harmonieux (mais est-ce crédible à cette époque tourmentée et violente?). Une fin qui me laisse perplexe avec un happy end quelque peu utopique.
*
Une lecture mouvementée, saisissante et instructive.
Merci Netgalley et Le Cherche-Midi.
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C'est un roman que j'ai choisi en l'absence de mon libraire préfèré et je dois dire que , sans m'être totalement trompé , je ne peux pas non plus dire que j'ai mis la main sur une pépite .
Ce roman , c'est l'histoire d'une femme irréprochable à tout point de vue , qui vit en bonne chrétienne auprès de son mari , le pasteur Joseph , dans la baie du Massachusetts. Nous sommes en 1672 et la cohabitation avec les indiens n'est pas évidente ....
Mary Rowlandson , c'est son nom , est capturée par "les sauvages " avec ses enfants lors de l'attaque de son village . Dés lors s'ouvre une autre période de sa vie , une période de vie d'esclave qui lui permet de découvrir un autre monde , une autre façon de vivre , d'autres relations humaines . Des revelations , des observations ébranlent ses convictions les plus intimes . Son retour dans "son monde initial " sera source de bien d'interrogations , de bien de changements ,de bien de désillusions , de remords , de regrets....
C'est donc l'histoire d'une femme qui , façonnée dans un moule strict et conventionnel , va découvrir " autre chose " , affûter son esprit , ouvrir la " cage vers la liberté ", prendre conscience que le monde obéit à des règles bien différentes selon....les croyances et obligations .....Toute civilisation se construit sur des dogmes , des rites , des croyances et la liberté.....quant à elle , n'est souvent qu'illusoire .Un oiseau dans une cage dorée....Un moineau qui cherche son envol .
C'est un roman qui nous permet de mieux connaître Mary , de suivre son parcours , de partager ses certitudes , ses interrogations , qui nous voit assister à la naissance de son esprit critique mais aussi accepter avec elle l'acceptation de son sort , de son destin .Un personnage intelligent , certes , mais tout de même soumis . J'ai trouvé le récit un peu long , un peu lent , un peu convenu , sans surprise , morne comme un fleuve tranquille avec quelques remous sans grand relief , sans trop d'émotions . Quelques beaux passages retiennent notre attention mais l'ensemble m'a tout de même semblé un peu ennuyeux même si je n'ai jamais songé à abdiquer .....Les passages consacrés à la vie chez les indiens m'ont paru riches d'humanisme , ceux chez les anglais , d'une incroyable fadeur, d'une incroyable hypocrisie . C'était le but , me direz - vous ?. Oui, bien sûr . Encore faut - il accepter de rester concentré sur un roman où il ne se passe rien d'autre que de " l'attendu " . Un peu fade , décevant pour moi , mais comme je le dis et le répète, ce n'est que mon avis , un modeste avis qui n'engage que son auteur .
Ce roman a reçu bien des éloges de la part d'amies et amis babeliotes , c'est qu'il les mérite. Pour moi , c'est simple , je vous laisse vous faire votre propre avis ....mais je ne vous entrainerai pas dans mon sillage .
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Colonie anglaise de la baie de Massachusetts en 1672, Mary Rowlandson, femme du pasteur de Lancaster vit dans une communauté puritaine dont tous les actes sont liés à la bible.
Au début du roman, Mary soutient Bess, une jeune fille-mère amoureuse d'un esclave noir. Elles deviennent amies mais son mari lui interdit de voir Bess et l'enfant lui est retiré. le père de la jeune fille, brisé par le chagrin, apporte, en remerciement, un moineau en cage à Mary qui se sent à certains moments en prison elle aussi mais elle accepte tout au nom du "Seigneur".
Et puis, un jour, tout explose, une tribu d'Amérindiens les attaque. Ce sont de longues pages cruelles, atroces de tribus qui tuent, violent, s'entretuent, rendent des semblables esclaves et des Anglais aussi.
C'est le cas de Mary qui a la vie sauve mais devient esclave. Cette partie du roman était un peu longue pour moi.
Elle est protégée par James, un ancien imprimeur anglais devenu Amérindien.
Elle s'adaptera pour survivre mais verra aussi une mère qui manifeste sans retenue son affection à son enfant, une mère qui ose réprimander son mari.
Les Anglais finissent par reprendre le dessus sur les Amérindiens et les condamnent à mort.
La vie redevient presque comme avant avec ses joies, ses difficultés, ses drames.
Un pasteur lui demande d'écrire son expérience qui nous est parvenue jusqu'à nos jours et romancée par Amy Belding Brown.
Une aventure humaine qui prend un cours tragique quand on sait qu'elle a existé.
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1672, baie de Massachussets.
Mary Rowlandson vit avec son mari pasteur et ses trois enfants au sein d'une communauté de puritains anglais venus s'installer dans une zone frontière, à l'orée des territoires indiens.
Alors même que la jeune femme voit ses convictions vaciller suite à un événement auquel elle est mêlée malgré elle, les indiens mènent un raid dévastateur sur la petite communauté.
Mary et ses trois enfants sont enlevés et emmenés comme esclaves…

« L'envol du moineau » peut apparaitre de prime abord comme un simple roman d'aventures, mais il explore aussi (surtout) le cheminement intérieur d'une femme confrontée à un difficile éveil de conscience. Marie s'est toujours pliée à ce qu'on lui a enseigné comme des vérités premières et c'est dans un contexte de violence et de douleur que ses certitudes s'écroulent peu à peu et que son regard sur le monde change radicalement.
Abordant des questions aussi diverses que la foi sectaire, l'esclavage, les droits des femmes, et mêlant l'intime et la grande histoire, « l'envol du moineau » est un roman sans temps morts et riche en émotions…
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En 1672, à Lancaster, petite colonie près de Boston dans le Massachussetts, vit Mary Rowlandson. Comme de nombreuses femmes de cette époque et de cette communauté puritaine, Mary a une vie très rude, bien souvent elle a du mal à comprendre Joseph, son mari, pasteur très rigide. Aussi inflexible avec elle qu'avec leurs enfants, il n'y aucune place pour l'oisiveté ou le divertissement.
Si Mary s'efforce d'être une épouse pieuse et se soumet à l'autorité de son époux, elle ne lui obéit pas toujours, comme le jour où elle aide la jeune Bess à mettre au monde un enfant illégitime, alors que toute la communauté et son époux craignent le courroux de Dieu pour cela.
Dans la petite colonie, tous redoutent aussi une attaque indienne. Celle-ci semblant de plus en plus imminente, les habitants s'assemblent dans les maisons les plus grandes et Joseph part chercher des renforts pour leur protection.
Les appréhensions n'étaient pas infondées, les indiens fondent sur la petite garnison, brûlent les maisons, tuent la plupart des colons, pillent et repartent en enlevant quelques femmes, dont Mary et ses enfants.
Alors que certains sont blessés, commence un long et difficile périple jusqu'aux camps indiens. Mary se trouve séparée de ses deux aînés, la plus jeune meurt dans ses bras et elle est maintenant, l'esclave de Weetamoo, femme sachem...

Elle découvrira ainsi, que des femmes indiennes peuvent avoir un statut important dans la tribu, que les enfants sont élevés sans contrainte. Tous les aspects de la vie au sein d'une tribu indienne l'amène à faire des comparaisons, à mettre en doute tous les préceptes religieux et la rigueur de leurs applications.

Mary Rowlandson a existé, son témoignage sur son enlèvement par les indiens fut le premier à être édité en 1676 et donna suite à de nombreux autres récits de captivité.
Bien documentée, mais en même temps romancée, l'histoire n'est pas toujours crédible quant aux sentiments de Mary. Surtout son amourette avec James, indien éduqué à la culture anglaise (mais bien sûr !). Ce fut quand même une très agréable lecture, mêlant de nombreux thèmes que j'apprécie... Histoire, aventure, témoignage des vies et moeurs des premiers colons et des indiens, et de la difficile cohabitation entre les deux.
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C'est avec grand enthousiasme que je termine "L'envol du moineau", roman que j'ai contre toute attente adoré !

Il est évident que l'auteure a fait des recherches historiques approfondies pour réussir à créer cette pièce magistrale mais aussi pour décrire comment vivait la population pendant la colonisation britannique des Amériques au 17e siècle. Bien que bon nombre des personnages présents dans le livre aient réellement existé - on le découvre dans la note de l'auteure à la fin - le lecteur sent aussi qu'ils ont été fort probablement grandement romancés pour les besoins de l'histoire, ce qui convient tout-à-fait.

À travers les yeux de Mary Rowlandson, c'est un roman que j'ai trouvé empreint de violence et de cruauté, autant de la part des Amérindiens que des Anglais, mais la partie lumineuse prend le pas sur tout le reste, surtout grâce à l'âme des Amérindiens, à leur esprit d'ouverture, à leur attachement à la nature, à la vie sauvage, à la famille, au clan. Bien souvent, même vu du passé, les peuples autochtones semblent agir plus humainement, en harmonie, et se respectent mutuellement mieux que nous ne l'avons peut-être jamais fait, encore aujourd'hui. J'ai aimé ce que j'y ai lu et appris. Ce roman m'a beaucoup touchée.

Avant d'être fait prisonnière, moment qui survient assez tôt au début du roman, le lecteur a le temps de comprendre dans quel contexte social et religieux évolue notre personnage féminin. Épouse d'un pasteur fort apprécié (que j'ai trouvé totalement antipathique), celui-ci est tout de même rigide dans ses manières de penser et d'agir, et à cette époque, une femme qui ose dire ce qu'elle pense, surtout si c'est pour contredire l'autorité masculine, est mal vue, mise au ban de la société, sans plus de questions que cela. Mary a toujours vécu en se pliant aux commandements de son mari, en s'adonnant à la prière, en suivant son prochain, en faisant ce qu'il faut; elle ne voit pas comment elle pourrait envisager autre chose, ce sont les us et coutumes et c'est tout ce qu'elle connaît. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir sa propre opinion sur l'esclavage ou sur le colport de ragots...

Or, bien qu'elle soit arrachée violemment à son village, bien qu'elle ait été témoin d'horreurs sans nom les premiers jours, son quotidien change peu à peu, imperceptiblement, malgré elle. Parce qu'elle s'aperçoit qu'être captif chez les autochtones n'est pas du tout comme être captif chez les Anglais; au lieu de faire seule le travail pour tous les autres, elle fait partie du clan, comme un tout. Comme dans une famille, on attend d'elle qu'elle participe aux tâche avec les autres. La ligne est ténue mais elle est là. Il y a une notion d'égalité entre les rangs sociaux chez les Amérindiens qu'elle ignorait jusque là, entre hommes et femmes également. C'est un pouvoir attrayant. Sa captivité se mue lentement en autre chose, une prise de conscience de ce qu'est en fait la liberté. Elle s'aperçoit que le monde dans lequel elle vivait ne lui ressemble pas du tout, que son existence se passe à côté de la plaque, qu'elle était peut-être plus prisonnière avant mais sans le savoir. Elle était un oiseau en cage dans son carcan...

Lentement l'appel du Seigneur s'éloigne tandis que celui de la nature se fait plus fort. À travers les cieux immenses des plaines, Mary apprend à se libérer de liens qui ne se voient pas à l'oeil nu. Elle apprend ce qu'est le véritable amour, la puissance des sentiments; pas le mariage "juste parce que". Toute sa vision du monde prend une couleur nouvelle et c'est un délice d'observer sa transformation au fil du temps. Friction culturelle, iI se passera beaucoup de choses, pas toujours évidentes à comprendre pour nous qui sommes à l'extérieur du cercle...

En réalité, la captivité de la vraie Mary Rowlandson aura duré onze semaines; le temps passe donc vite même si j'ai parfois eu l'impression de lire un récit qui se déroulait sur quelques années mais peu importe, ce roman se déguste tel un bon vin. Si vous ne l'avez pas encore lu, n'hésitez plus ! Il donne des envies de grands espaces, de bols d'air pur et frais des montagnes et de clairs de lune à vous en éclater la rétine !

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