Le jour où je suis devenue escort 2.0

Soisic Belin a décidé de "s'intéresser à toutes ces personnes qui ont choisi librement, sans entrave, de faire de leur corps un objet de transaction, de louer des prestations à caractère sexuel, et ce malgré le regard désapprobateur de notre société".

Habituée du gonzo-journalisme (consistant à travailler en immersion et à narrer les faits à la première personne), elle veut "témoigner pour celles et ceux qui aiment ce métier, qui en sont fiers, [...], de celles et ceux qui ont choisi de travailler avec leur sexe parce qu'il n'y avait pas -en dehors de la morale sociale- de problème à cela", et ainsi pouvoir parler dans ce livre d'un métier, tout en l'ayant expérimenté.

Sur une période d'un an, elle "testera" donc 200 clients, ce qui lui rapportera -mais c'est accessoire- la modique somme de 35 000 €, ainsi qu'une expérience certaine de cette activité.

Après une explication rapide des ressorts de sa décision, elle passe aux travaux pratiques et nous expose ici ce qu'elle a vécu et comment elle a pu le pratiquer, par l'entremise de sites dédiés à cette activité sur internet.

Comment par exemple elle s'est faite épauler par un ami proche, qui lui servira de garde-fou en cas de pépin, ou comment pour sa première passe elle oublia ses préservatifs.

Elle listera ainsi les différents types de clients, avec leurs exigences particulières et parfois leur simple demande d'un moment de détente mentale ou physique, mais pas toujours. Et à l'inverse comment certaines demandes l'ont incitée à aller vers des pratiques dont elle ignorait les codes, mais toujours par choix et sans obligation.

A mon avis :
En préliminaire, il convient de le rappeler : Soisic Belin s'intéresse ici aux travailleuses du sexe libres. Pas à celles qui sont sous le jouc autoritaire d'un proxénète ou d'un réseau et qui sont d'avantage des esclaves sexuelles que des escorts.
Il faut ensuite traiter de la raison qui pousse une journaliste à se prostituer pour réaliser cette enquête et exercer son métier.
Soyons clairs : à mon avis, l'aspect professionnel est un alibi pour justifier d'une envie ou d'un fantasme. Elle le dit elle-même par ailleurs : "si l'on creuse un peu, si un psychologue se retrouve avec ce livre entre les mains, il sera immédiatement tenté d'imaginer que, derrière une véritable conviction professionnelle se cache un fantasme inassouvi".
Soit ! c'est sans doute acceptable dans la mesure où l'on fait preuve d'ouverture d'esprit et que l'on respecte le droit de chacun à disposer de son corps.

A partir de là, Soisic se crée un personnage. Celui de Cléo, qui se prostituera tout en protégeant son véritable Moi d'une transformation ou d'un traumatisme lié à l'expérience hors norme qu'elle s'apprête à vivre pendant un an. Qui lui permettra sans doute aussi d'en sortir plus aisément indemne !

C'est aussi grâce à cet avatar qu'elle prendra le recul suffisant pour analyser les situations et s'interroger sur ce qui pousse les hommes à rendre visite aux prostituées, et au rôle qu'elles jouent dans la société. Elle démontrera ainsi que ce "métier" n'est pas un métier facile mais qu'il mérite d'être pris en compte officiellement et que ses acteurs (plus souvent des actrices) méritent qu'on leur octroie aussi des droits, enfin.

L'engagement de départ de cet essai, c'était de pouvoir parler du métier en connaissance de cause. C'est sans doute réussi de ce point de vue, mais l'évocation, majoritaire au fil des pages, des fantasmes d'hommes qui font appel à ses services étant plus fréquente que le ressenti de la prostituée elle-même, il m'a semblé que l'on s'éloignait parfois du sujet de départ et l'analyse profonde de ses sentiments m'a manqué. C'est sans doute lié au fait qu'il s'agit d'un essai journalistique et non pas d'un essai philosophique, dont acte !

Soisic Belin met donc en exergue des situations dans lesquelles les prostituées sont parfois menées au bout de ce qui est acceptable. Jusqu'à se demander si une travailleuse du sexe peut se sentir violée. Tout ça pour témoigner :
"J'espère que mon témoignage permettra de prendre conscience de l'hypocrise de notre société autour de la prostitution et qu'il résonnera au-delà de ma voix pour toutes celles et tous ceux qui n'en ont pas".

Retrouvez d'autres avis sur d'autres lectures sur mon blog :
https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
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Soisic a une trentaine d'années, une journaliste féministe et va se mettre dans la peau d'une escort sous le pseudo de Cléo durant une année.
L'auteure nous entraîne dans le quotidien d'une prostituée, lève les tabous et nous témoigne de sa propre expérience avec précision et clairvoyance. Elle nous parle de sexualité librement.

Son plan de départ est clair : tester, immerger et raconter.
1 an, 200 clients, 35 000 euros

De l'inscription à la fin de son plan. Elle nous détaille ces rendez-vous, ces rencontres, son ressenti, ses questionnements… Elle nous raconte tout.
Des demandes incongrues aux fantasmes inassouvis en passant par la brutalité de l'homme…

Ce témoignage est percutant ! L'auteure emploie un ton libérateur, sans être vulgaire. Les mots sont clairs et précis. La plume est fluide, incisive et addictive.
Les différents points de vue et la thématique sont intéressants et enrichissants. L'auteure maitrise parfaitement le sujet et le lecteur le ressent.

J'ai passé une excellente lecture et cela m'a permise de réaliser certaines choses que j'ignorais sur les conditions de travail des travailleurs du sexe.
C'est puissant, saisissant et fort de passer de l'autre côté de la barrière !

« Que les femmes soient soumises aux règles d'un proxénète ou qu'elles soient indépendantes, n'oublions pas que le client est roi. ».

Soisic nous démontre les avantages et les inconvénients de ce métier et nous narre comment Internet a transformé l'évolution de celui-ci ! Et oui, être une prostituée est un métier ! Soyons clairs !Malheureusement notre société ne le reconnaît pas et pourtant…
Lisez ce reportage !

Quant à l'immersion de cette journaliste, je lui tire mon chapeau ! Soisic est forte, courageuse, percutante et juste. Je suis absolument en accord avec elle, comment peut-on parler de quelque chose sans l'avoir soi-même vécu. Arrêtons nos préjugés, ouvrons nos esprits et soyons curieux !

Je vous conseille vivement de sortir de votre zone de confort et glissez ce roman entre vos mains.

Soisic Belin nous plonge dans un enquête fascinante.

En effet la journalise s'est mise dans la peau d'une prostituée pendant une année pour que le lecteur puisse se rendre compte de l'évolution de ce métier dans une oeuvre intéressante et qui propose une analyse pertinente sur les travailleuses du sexe.