Y paraît que depuis que les écrans sont apparus (ordinateur, smartphone), plus personne ne lit... Faux, ma brave dame ! répondent les chercheurs réunis ici. La lecture change, l'écriture aussi, elles ne disparaissent pas. En fait, sans doute n'a t-on jamais autant pratiqué les 2 que depuis l'apparition des écrans. Ben oui vous y faites quoi ? Comment choisit-on l'info, les liens sur lesquels cliquer ? On les lit.
L'apprentissage de la lecture n'a donc jmais été aussi important. Ainsi que de nouvelles connaissances que les auteurs mettent en avant (à raison) : se repérer dans la masse d'info, y sélectionner la ou les informations pertinentes, s'assurer de la fiabilité des sources... Mais aussi prendre conscience que lire n'est plus un acte solitaire : la lecture devient partage,lien social entre des lecteurs parfois très éloignés géographiquement. Mais pour cela il faut que les lecteurs acquièrent de nouvelles compétence techniques, de nouveaux environnement de lecture (sites, liseuses, tablettes...), de nouvelles manière de lire (plus rapide, plus de zapping, moins de contexte de lecture, avec le cheminement par liens hypertextes...)
Pour illustrer, utilisons Babelio : nous lisons (certes dans notre coin, mais souvent en mettant le statut "En cours" sur le livre), puis nous écrivons un avis, sommes lu, lisons celui des autres, éventuellement nous commentons ou prenons contact avec l'auteur de l'avis : on lit, on partage, on échange -> la lecture est sociale.
C'est un ouvrage scientifique, à destination des chercheurs, mais aussi des professionnels des bibliothèques, des enseignants (et pas uniquement des professeurs documentalistes). Il demande d'être au fait des évolutions technologiques ainsi que de la culture numérique qui nous entoure. Avoir des notions d'information-communication est un plus, ainsi qu'en sociologie et en réception de la lecture (mêmes basiques) aide à la compréhension, sans parler de la sémiotique (là, j'avoue, j'ai flanché). La conclusion insiste sur le concept de littéracie qui parcours tout l'essai sans jamais dire son nom (mais c'est pas grave, on comprend quand même. Pas besoin de commencer par la fin). C'est quoi la littératie ? En très gros , ce sont des connaissances, compétences et habiletés développées ou à développer pour notamment s'orienter dans le monde numérique (c'est vraiment résumé de chez résumé, parce qu'en vrai c'est plus compliqué, et long à expliquer, que ça englobe beaucoup de choses). Lire l'essai permet de mettre le doigt et le nez sur ce que c'est.
Comme toujours dans la collection Papiers, le niveau est exigeant, mais pas forcément inabordable pour ceux ayant quelques connaissances, de la motivation et de la volonté (je parle pour moi aussi ^^). Mais cette rigueur permet de dépasser les préjugés et les idées reçues, pour ouvrir sur un niveau supérieur de la réflexion.
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Cet ouvrage permet de balayer de façon très complète tous les aspects de la lecture à l'heure du numérique. Aujourd'hui, qu'est-ce que lire ?
Une bonne partie est consacrée à la lecture sur écran mais aussi à l'"hyperlecture" (lecture hypertexte).
Ce qui est intéressant (surtout pour moi qui travaille dans un CDI), c'est l'aspect lecture sociale développée dans la partie "les nouveaux environnements de lecture" car on y parle beaucoup des pratiques de nos jeunes ados qui lisent de plus en plus et parfois presque exclusivement sur smartphone.
Enfin, j'ai trouvée très claire et éclairante la partie la littérature numérique.
En résumé, un bon ouvrage, vraiment dense sur la lecture numérique et les mécanismes qui lui sont propres, côté lecteur mais aussi auteur !
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Réflexion sur la lecture. Quand on emploi le verbe lire on sous entend "lire un roman" or avec le déploiement de l'internet lire apparaît comme un concept fondamental pour manipuler internet. Lire ce n'est plus seulement feuilleter des ouvrages papier, lire c'est aussi se connecter à Internet pour prendre connaissance de ses mails, faire des recherches et trouver l'information. D'une lecture linéaire nous nous confrontons de plus en plus à une lecture morcelée, fragmentée, hypertextuelle. Notre lecture est moins rapide, de nouveaux codes de lecture rapide doivent être mis en place. Les nouvelles technologies changent notre rapport à la lecture. Les ouvrages numériques se développent avec l'innovation des liseuses, et Ipad. Où se situe le lecteur dans ce nouveau panel? le plaisir de lire est-il toujours de même nature? Ce livre propose un été des lieux et une réflexion sur la lecture au XXIè siècle.
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Aujourd'hui, cette même modalité de construction de soi se poursuit dans les échanges en lignes ou la mise en place d'un "réseau d'amis", et est considéré comme un des supports de l'identité. Lire, ainsi qu'interagir, échanger, communiquer, diffuser, fait partie des moyens d'être présent dans la société actuelle.
-De la lecture culturelle à la lecture dynamique
Pour Petrucci (2001), ce n’est pas d’une évolution qu’il s’agit, mais d’une « dissolution » de la lecture tout au long du xxe siècle : « La situation actuelle semble donc présenter des symptômes de dissolution marquée de “l’ordre de la lecture”, propre à la culture écrite occidentale, qu’il s’agisse du répertoire des textes, de leur usage et de leur conservation. » Selon lui, les nouvelles pratiques de lecture « s’incarnent dans “la figure du lecteur anarchique”, jusqu’ici présente seulement chez les jeunes, mais qui est destinée à se multiplier et deviendra probablement le modèle dominant dans un avenir proche. » C’est précisément l’objet de cet ouvrage de montrer qu’émerge tout au long du xxe siècle une nouvelle compétence de lecture, un nouveau rapport aux textes et à la connaissance, et que vont se développer de nouvelles pratiques de lecture, à la fois fonctionnelles, instruments ou intermédiaires d’une interaction dynamique entre les lecteurs et les textes. (p. 19)
-La connaissance amplifiée par les technologies
Les ordinateurs ont changé d’une manière sans doute irréversible notre conception de nous-mêmes, de la pensée humaine, et de ce que signifie penser. Pour le psychologue américain Jérôme Bruner, qui a été l’un des pionniers de la psychologie cognitive, il y a retour en arrière lorsque l’intérêt se déplace « de la signification à l’information, et de la construction de la signification au traitement de l’information » (1991). Il y a effectivement régression si partout, le calcul tend à remplacer l’interprétation comme processus de base explicatif du fonctionnement de l’esprit humain. L’un est basé sur l’application d’algorithmes alors que l’autre est centré sur les significations culturellement enracinées et socialement négociées. Est-ce que la connaissance numérique va dans le sens d’un appauvrissement comme le dénoncent certains sociologues, ou est-ce que les outils numériques de la connaissance vont libérer des espaces temporels pour des processus de pensée encore plus profonds et plus féconds ? Ce sont ces enjeux qui vont définir l’avenir de la lecture dans un monde numérique. (p.35)
(Introduction)
Car, dans l'évolution des pratiques de lecture se reflète l'évolution de la société tout entière dans son rapport à l'information et à la connaissance.