pour m’aimer
sois furieux
c’est sous l’eau que j’accepte de me rendre
n’importe que le soir tombe dans tes yeux
je te préfère
mon amour cheval
au ventre de bois gonflé
j’ai volé les papiers à l’église
ai léché toute leur encre
quelqu’un se terre derrière cette porte
je pense que tes mains y peuvent quelque chose
à mes filles
je lègue peau de chagrin
mon corps faillible
j’ai porté ce qui pouvait (p. 52)
longtemps tu as omis
les lacs les rivières
ébloui par ce qui parle fort
tu t’ériges en chaleur
les bras innocents les bras bien hauts
tu pourras dire que ce n’est pas vrai
ce n’est pas toi
drapeau blanc sur saison sèche
je te rends tes saignements de nez
puisque tu y tiens
quels mots mâches-tu
quand j’émiette le silence
les avions s’éteignent
et tu pars
une glace dans chaque poing
tu ignores le fleuve
“ à mes filles avortées
celles aux jambes graciles
vous charrierez dans vos poches
des bombes écarlates
déposerez au pied des montagnes
les couleurs de vos songes
veillez veillez encore
il existe des âges
pour chacun de vos ongles arrachés ”
pour m’aimer
sois furieux
c’est sous l’eau que j’accepte de me rendre
mon corps une rivière
je vous en prie
acquiescez mon existence