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Critique de Soleney


En huit chapitres, Ugo Bellagamba dépeint huit portraits de femmes à huit époques différentes. Toutes sont liées par la même cause : défaire l'Orvet, une entité maléfique qui prend possession du coeur des hommes et leur fait écouter leurs pires penchants. Elles sont ce qu'on appelle des Victoires.
Ce qui est assez ironique, quand on réalise qu'elles n'ont jamais gagné. Elles sont à peine un divertissement, pour leur ennemi. Un moyen de corser le jeu.

Sortant de la lecture de la Servante écarlate, j'ai eu du mal à rentrer dans le texte. Les deux premières histoires (Natacha et Euphoria) ne m'ont pas convaincue – moi qui attendais un peu plus d'action. Toutes deux sont assez similaires, puisqu'elles décrivent la jeunesse de deux Victoires qui ne connaissent pas leur nature et sont menacées par l'Orvet. Pourquoi les avoir mises côte à côte ?
C'est à partir de la troisième (Patrizia) que les choses se corsent. Enfin, les héroïnes prennent les choses en main ! Elles cessent d'être des victimes et on comprend comment elles font pour lutter. Ce n'est pas, comme on pourrait le croire, à coups de tatanes dans la figure. Mais à coups d'influences, auprès de la bonne personne et au bon moment. À coups d'écrits philosophiques, de débats. Leur but : éduquer la population. La tirer hors de son animalité.
Celle qui m'a le plus amusée est celle de Gloria. C'est également la plus motivante, puisque son parcours prouve qu'il est possible de lutter frontalement contre l'Orvet – la religion poussée aux extrêmes possède aussi des avantages.
Mais ma préférée, clairement, est Nadia. Non seulement parce qu'Ugo Bellagamba nous livre des scènes d'action fort bien ficelées, mais aussi par son changement de ton. L'humour y est plus grinçant, plus noir. Au fur et à mesure que l'histoire avance, cette gamine crâneuse qu'est la protagoniste gagne en profondeur. La commissaire qui l'interroge aussi – c'est une véritable partie d'échec qui se joue entre ces deux esprits. Et la conclusion, glaçante à souhait, nous la fait prendre en pitié.

Comme on pouvait s'y attendre avec ce style de roman, mon intérêt fut fluctuant en fonction des contextes. La qualité d'écriture était également excellente d'une histoire à l'autre – ça fait tellement plaisir d'avoir un vocabulaire si recherché –, malheureusement, les chapitres étant similaires à des nouvelles, on n'a pas le temps de s'attacher aux personnages, de se faire aux situations. J'ai eu l'impression de n'avoir fait qu'effleurer le sujet.

Mais, sous couvert d'écrire du fantastique, Ugo Bellagamba revient sur plusieurs drames historiques – que ce soient des guerres ou des massacres. Les Croisades ont maintenant une explication. le charnier qu'est devenue la Terre Sainte aussi. L'esclavagisme. le racisme. le nazisme. La xénophobie. Toutes ces horreurs ont la même origine. Qui n'est pas humaine.
Ça a quelque chose de rassurant et consolateur.
De déculpabilisant.

Une bonne lecture. Mais pas spécialement marquante. L'idée d'une société secrète luttant contre une entité diabolique a déjà été éculée.
J'ai cependant découvert une plume très intéressante – auteur à suivre...
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