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Critique de Melisende


Les Victoires évoquent pour moi la Rome Antique, les combats épiques, les Dieux penchés sur les êtres humains et amusés par leurs choix. Ainsi, lorsque j'ai vu ce titre proposé lors d'une des dernières Masse Critique de Babelio, je n'ai pas beaucoup hésité à le sélectionner et il est bien vite arrivé chez moi.
A mi-chemin entre le roman et le recueil de nouvelles, L'Origine des Victoires propose huit portraits féminins riches en couleurs, en Histoire (de l'Antiquité à un futur indéterminé) et en réflexion. de quoi offrir quelques belles heures de lecture.

Les Victoires, c'est une « société secrète » composée de femmes sélectionnées et entraînées depuis la nuit des temps à combattre leur grand ennemi L'Orvet, ni dieu ni démon mais pire que les deux réunis car il se nourrit des passions humaines. Combat ancestral entre hommes et femmes, ces dernières ont le beau rôle chez Ugo Bellagamba qui les présente tour à tour comme élèves déterminées, guerrières, sages et finalement sauveuses de l'humanité. Pour autant, les hommes ne sont pas non plus tout noirs ; le conflit n'est pas si manichéen et on le comprend petit à petit, en rencontrant chacun des personnages évoluant entre les pages de L'Origine des Victoires.
Le lecteur suit huit femmes à travers huit portraits qui prennent place dans des époques et des endroits différents. La première que l'on rencontre est une petite fille dans les années 70, les suivants sont ses ancêtres, de plus en plus éloignées, jusqu'au XIIe siècle par exemple. Un saut dans le futur nous amène auprès de deux nouvelles Victoires faisant face à des technologies nouvelles et enfin, un dernier bond en arrière nous entraîne à l'origine de l'histoire (ou Histoire ?) et nous permet de mieux comprendre les motivations de L'Orvet et sa rencontre avec la toute première femme combattante.

J'ai aimé ce voyage à travers le Temps et l'espace, les différents tableaux proposés, tous très bien menés et maîtrisés. Ugo Bellagamba ne possède à chaque fois qu'une trentaine de pages (voire moins) pour planter un décor et une mini-intrigue et il y parvient sans difficulté, avec beaucoup de fluidité et de naturel. Je n'ai jamais eu aucun mal à m'immerger dans le récit et me suis toujours très vite retrouvée auprès des personnages, prise par l'intrigue.
J'ai vraiment beaucoup beaucoup beaucoup aimé le dernier « chapitre » dédié à la Préhistoire, 19 000 ans avant J.-C., qui m'a rappelé ma récente lecture du Premier de Nadia Coste ou encore ma découverte de Dark Eden de Chris Beckett, deux titres que j'avais vraiment adorés. Se retrouver plongé dans les grottes, auprès d'hommes et de femmes tout « neufs », commençant tout juste à appréhender ce qui nous paraît à nous parfaitement évident, je trouve ça passionnant et très enrichissant. D'ailleurs, ce dernier portrait permet de mieux comprendre la nature de L'Orvet et sa « mission »… et si ce n'est pas un « personnage » auquel on peut s'attacher, on se surprend tout de même à le comprendre et finalement, on ne parvient pas à le détester.
En revanche, le portrait mettant en scène Coppélia dans un avenir indéterminé, m'a un peu moins séduite, en tout cas au début. Il relève plus de la science-fiction, c'est un genre que j'ai moins l'habitude de lire et que je maîtrise moins donc j'ai toujours plus de mal à m'immerger dans les intrigues qui s'y déroulent, d'autant plus quand on part dans l'espace. Malgré tout, j'ai tout de même apprécié le développement et la chute.

Ugo Bellagamba pioche dans différents genres, le fantastique, la science-fiction mais aussi l'Histoire avec un grand -H puisque le lecteur aura l'occasion de croiser Gustave Eiffel – je ne vous en dis pas plus pour vous laisser la surprise – et même Thomas d'Aquin, le récit versant alors vers la théologie. L'auteur est féru de nombreuses choses et les références ne manquent pas.
C'est agréable de parcourir un texte brillant mais parfois un peu frustrant lorsqu'on se rend compte que l'on ne possède pas toutes les clefs de compréhension. Pas besoin d'avoir un doctorat en histoire antique pour se distraire avec ce court roman mais la lecture sera peut-être un peu superficielle si l'on se contente seulement du divertissement.
Je pense donc relire L'Origine des Victoires d'ici quelques années, lorsque j'aurai un peu plus de bouteille et donc plus de connaissances et références.

L'Origine des Victoires aborde plusieurs thèmes, à travers plusieurs genres. le combat entre les Victoires (les femmes) et L'Orvet et ses sbires (les hommes) est au centre du récit mais il entraîne bien d'autres questions et réflexions. Bourrés de références historiques, mythologiques ou encore théologiques, ces huit portraits hauts en couleurs peuvent être lus à la simple lumière du divertissement… mais ce serait dommage de se contenter de cette seule lecture en surface. A conseiller à tous les lecteurs donc, mais peut-être encore plus à ceux qui ont déjà quelques connaissances du thème ?

PS : Un grand bravo à Casimir Lee pour sa magnifique illustration de couverture !
Lien : http://bazardelalitterature...
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