L'Eternité c'est long...surtout vers la fin...
Imaginez une soirée. Un inconnu se met à vous raconter tout sur l'histoire de l'héraldique en Mayenne, ou sur l'histoire des caténaires à travers les âges...Vous voyez le genre ? Non, alors imaginez un livre qui rassemblerait sur plus de 500 pages les introductions de
Jules Verne (que celui qui n'a jamais sauté quelques lignes voire une page me jette la première pierre), la qualité d'intrigue d'un catalogue Ikea, l'humour de
Paul Claudel et l'humanisme de
Houellebecq. Vous avez alors un aperçu du livre d'
Aurélien Bellanger et de plaisir que l'on peut prendre à le lire.
Plus sérieusement voici un livre qui comme chez Pérec,
Balzac ou
Houellebecq a l'ambition de raconter une époque, mais qui le fait comme une sorte de long essai se faisant passer pour un roman. Comment ? de temps en temps surgit un prénom et hop le tour est joué. Mais alors quel est le sens de tout cela ? La différence c'est que Pérec avec les Choses fait un livre concis et charmant, que chez
Balzac cela décolle et que cela donne des histoire bouleversantes.
Que les personnages n'existent pas vraiment, pourquoi pas...On aurait pu en ce cas avoir un conte philosophique brillant et spirituel. Ici on juste un long pensum interminable, et je pèse mes mots (si vous avez un ennemi voilà un livre qui fera l'affaire...) qui tend à nous apprendre tout sur tout.
En toute honnêteté, je ne déteste pas apprendre des choses dans un roman, j'au ainsi beaucoup appris sur Janacek, sur Beethoven, sur la philosophie chez
Kundera, mais en revanche je n'ai jamais oublié ses personnages car ils ont une force incroyable. J'ai pu lire aussi chez Lodge de longues satires de notre époque, mais servies par une humour qui est totalement absent ici (sur la 4ème de couverture il est précisé que le livre possède un humour constant, cela me laisse sans voix).
Bref, un livre d'une prétention incroyable. Ainsi l'auteur dit à propos d'un personnage "il essaya l'année suivante au genre réactionnaire de la biographie", pourquoi ???? Suggérons lui d'en parler avec
Ian Kershaw le biographe d'
Hitler ou à Julian Jackson celui de de Gaulle.
En somme il y des romanciers qui ne sont que doute comme
Modiano, il y en a qui s'interrogent et tentent de donner un sens comme le Carré et il y en a qui savent tout sur tout et tiennent sans que l'on ait rien demandé à nous le faire savoir....
Voici en tout cas un petit leasing pour vous mettre en appétit : "Celles-ci couplées à des pompes, faisaient le vide dans un long tuyau métallique situé entre les rails. Ce tuyau était fendu sur toute sa longueur, avec des lèvres de cuir graissé qui ben garantissaient l'étanchéité : ainsi le piston qu'il contenait pouvait se mouvoir tout en emportant avec lui le train auquel il était fixé."
Comme dirait Desproges, c'est pas Zavatta...