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EAN : 9782266270489
320 pages
Pocket (07/09/2017)
3.56/5   47 notes
Résumé :
Après Saint-Jacques-de-Compostelle, Hervé Bellec reprend sa plume d’écrivain voyageur et nous entraîne vers un autre voyage initiatique, à bord du mythique transsibérien, au cœur de l’hiver russe, jusqu’à la ville de Vladivostok. Une plume alerte et précise, beaucoup d’humour et d’humanité, un savoir voir et un billet de train pour Vladivostok sont les ingrédients de ce récit envoûtant et profond, qui nous mène loin, très loin, dans un pays sans fin nommé Russie !>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Il fait un froid de pingouin ! Après avoir fait l'ange dans la neige, j'allais déplier ma peau de bête devant la cheminée pour lire Anna Karénine quand je suis tombée par hasard sur ce si beau titre évoquant, d'un côté de la vitre, le froid manteau de la Taïga immaculée, le crissement de la neige cristallisée, les lacs gelés où patiner, et même ces êtres envoûtants que sont les sirènes ; de l'autre côté de la vitre, le confort du train dans lequel nous allons traverser cette vue magnifique et cette ambiance (cal)feutrée. le train, ce lieu de passage censé nous emmener, comme Harry Potter, vers des lieux et des êtres fantastiquement magiques. Alors, le chant des sirènes du Transsibérien m'est devenu irrésistible.
Bien que je n'aime pas le froid, comme l'auteur ; ni les voyages, comme l'auteur. « Moi, je serais plutôt du genre train-train quotidien que Transsibérien ». Les coïncidences, ça n'existe pas, pas vrai ? Et puis, avant de s'engouffrer chez Tolstoï, autant bien connaître le terrain ! Alors je décide de faire confiance à ce breton grognon, et je m'enfile ses 500 pages. Comme des bonbons. Sa plume sûre, enlevée, impertinente juste ce qu'il faut, bougonne mais soignée, me séduit immédiatement. Si j'en crois ces premières lignes, c'est propre et ça ne va pas boiter. J'aime ! Un peu comme ces rencontres dans le train, ces inconnus dont on a immédiatement envie d'imaginer les vies.
Le train, c'est ce que lui demande de prendre son éditeur pour ce futur récit de voyage en Russie. Pays qui inspire à Bellec à peu près ce qu'il m'inspire a priori à moi (pardon aux connaisseurs qui déjà s'insurgent) : « les Russkoffs, c'est pas vraiment mon truc. C'est tout mafia et compagnie, ces gens-là. Ils assaisonnent la vodka à coup de polonium, ils envoient des braves gens trimer dans les mines de sel pendant vingt ans pour le vol d'une mobylette, ils prennent les étrangers en otage pour les échanger contre des contrats faramineux d'armement et les journalistes trop bavards, ils les enferment à l'hôpital psychiatrique. C'est bien connu, les pilotes de lignes de l'Aéroflot et les cheminot du Transsibérien sont bourrés du matin au soir. Leur bouffe, n'en parlons pas, soupe aux choux à midi, soupe aux choux le soir. le charme slave ? Des coups à se choper une chtouille carabinée et par ailleurs, ma mère m'a bien mis en garde : je risque de prendre froid, là-bas en plein coeur de la Sibérie, et d'attraper la mort ».


Et pourtant. Bon gré mal gré, le froid mordant de la Russie balaye nos pupilles, irrite nos joues, rougit notre nez, raidit nos lèvres. Il s'immisce dans nos parkas fourrées, engourdit nos doigts chaudement gantés. Rapidement, on prendrait bien, nous aussi, une petite vodka à Moscou avec l'auteur, au gré d'une rencontre sympa, la nuit qui précède le grand départ vers le bout du monde. Subrepticement, on se cale plus douillettement dans les longues banquettes de ce train, dont les rails plus larges que les nôtres ont finalement leurs avantages. On prend plaisir à observer discrètement notre voisine de cabine, Yulia, qui fait son nid en garnissant les tables et accoudoirs de ses napperons. A fumer avec les militaires de la cabine d'à côté. A mater les jambes de Tanya pendant qu'elle berce son enfant ; à baragouiner quelques mots incertains avec le personnel.
L'auteur a beau répéter que « le paysage était d'une monotonie pathologique », il l'anime habilement avec ses histoires du passé, ses anecdotes du présent et les vies imaginaires de ses lectures du moment. « Lire ou relire une histoire sur les lieux mêmes du récit prenait des proportions magiques, l'adoubait d'une nouvelle force ».
J'ai adoré ce mélange des genres et ambiances, l'alternance perpétuelle entre :
- la vie actuelle, chaude et familiale à l'intérieur du train,
- les descriptions du paysage glacial du dehors, agrémentées de précisions géographiques, comme ses villes et forêts poussées en réalité sur de la glace, et qui menacent de s'effondrer de plus en plus rapidement avec le réchauffement climatique,
- le récit des vies et événements historiques qui défilent au rythme du train : ici les camps de travaux forcés de déportés, là quelques batailles,
- ou même les histoires imaginaires de vies crées par d'autres auteurs avant lui, qui nous immergent encore autrement dans cette ambiance soufflant le chaud et le froid (je dois absolument lire "Au temps du fleuve Amour" de Makine !). « Elle était Anna Karénine, l'héroïne du roman de Tolstoï, et j'étais Vronski, l'amant maudit pour qui elle allait mettre fin à ses jours ».
On ressent d'une part le train-train répétitif du paysage, qui n'est qu'immuable blancheur, la vie en communauté dans un espace restreint, où peu d'activités sont envisageables, surtout lorsqu'on ne parle pas la langue ; et d'autre part, la vie grouillante et passionnante des voyages, qui émane principalement de menues routines instaurées par la proximité, de l'imaginaire de l'auteur, de ses lectures et de l'Histoire du pays qu'il nous dévoile. « Le Transsibérien est comme une immense bande dessinée qui raconte sur plus de 9000 kilomètres l'histoire de tous les peuples de Russie et de Sibérie ».
L'alternance dansante de l'ensemble est à la fois instructive et divertissante, dans cette ambiance spécifique aux trains, intimiste et feutrée, celle des vies en petite communauté qui se construit de petits riens agaçants mais inoubliables ; jusqu'au moment où l'on doit déjà se quitter, regrettant alors les hommes et les femmes côtoyés pendant six jours et sept nuits, durant lesquels « le pyjama était l'uniforme du train, ou alors la longue robe de chambre ».


« Soyons honnête, même s'il est heureux qu'il ne soit plus question de convoi de déportés, le Transsibérien n'a aujourd'hui plus rien d'un train de luxe. Contrairement à ce que beaucoup s'imaginent en Occident, ce n'est pas l'Orient-Express ».
Pourtant, ce voyage a tenu les promesses que le titre et la couverture m'avaient évoqué : J'ai immédiatement été happée par son intérieur chaud et douillet aux couleurs du pays, la rudimentarité des sanitaires côtoyant les tables du wagon restaurant dressées avec soin, la glace qui gagne l'intérieur des vitres la nuit, tandis que tous se pressent autour du samovar au petit matin ; les « r » qui roulent tout autour de nous, les rencontres des gens du crus qui vont finalement passer la semaine avec nous. Six jours et sept nuits, oscillant en permanence entre la chaleur du train et la neige recouvrant tout au dehors, entre la chaleur des rencontres, et le froid des morts qui hantent ces rails. Un voyage comme une fresque gigantesque, unique et inoubliable, au rythme d'une locomotive rouge perçant la neige telle une goutte de sang dans l'immaculé paysage, visuellement pur et cristallin, historiquement triste et sanglant.
« Quinze jours à travers la Sibérie au coeur de l'hiver le plus cinglant. A mourir de froid et pourtant, je n'en ai ramené que de la chaleur. » Celle des sirènes croisées sur la route, et demeurées à jamais dans l'océan de glace du bout du monde, dans leurs corsets de neige.
Un récit aussi chaleureux que cristallin, et un enchantement renouvelé pour cette deuxième lecture de l'année. Envie d'un voyage en train jusqu'au bout du monde ? Laissez-vous ensorceler par les sirènes du Transsibérien : « Ça sert à ça, les trains, partir et revenir, rentrer où s'enfuir. Ça ne sert qu'à ça. Et puis imaginer. »
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Les sirènes du Transsibérien est un long voyage de plus de 9300 km en train d'une seule traite avec des arrêts de quelques minutes dans nombreuses petites gares.
Départ la Bretagne cher à notre auteur, via Paris Roissy via Moscou, arrêt le temps de visiter au pas de course les incontournables lieux touristiques, puis embarcation dans le train qui traverse Ouest en Est la Russie. le voyage dure 6 jours et 7 nuits.

Le récit nous apprend beaucoup sur ce train au confort très spartiate, de sa création, ses déconvenues, et bien sûr sa vie à bord qui est bien loin même très loin du fabuleux Orient-Express, mais la richesse ne réside point dans le faste mais plus dans les rapports humains que l'on peut avoir durant 6 jours cloîtrés dans un compartiment étroit, ou long d'un couloir, voire au bar du wagon restaurant.

L'auteur nous épargne en rien l'histoire et la géographie de ce vaste pays, et c'est très intéressant, il ne se contente pas de conter son voyage, il offre tout un panel d'anecdotes sur les personnes qu'il côtoie, celles qu'il croise, sorti du contexte, ça prêterait à rire mais là se promener en nuisette et mules à petits pompons dans les couloirs du Transsibérien semble choquer personne.

Le style est jovial, dynamique et le fait d'intercaler le côté historique de ce pays, de nous parler aussi de certains auteurs russes ou ceux qui ont contés la Russie comme Cendrars, le climat bien sûr, et la vie au quotidien dans ce train des passagers et aussi du personnel, a fait que l'ennui n'était pas invité. J'ai vraiment eu l'impression d'être à bord de ce train.

Un très long et intéressant voyage, j'ai eu un petit coup de tristesse quand le train est entré en gare de Vladivostok. Terminus tout le monde descend, la fin du voyage, la fin du livre qui fut une très belle et intéressante lecture enrichissante, m'ouvrant des portes vers d'autres lectures comme « Au temps du fleur Amour » de Makine.
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C'est la deuxième fois que j'effectue un voyage en Sibérie, à chaque fois en compagnie d'un homme. Sylvain Tesson m'a invitée dans sa cabane près du Lac Baïkal, Hervé Bellec m'embarque à bord du mythique Transsibérien.
Ce dernier écrivain, d'une plume parfois désinvolte sinon relâchėe, nous fait partager de façon trės vivante et authentique sa déception en même temps qu'une certaine angoisse liėe à ce voyage, qui est en grande partie un voyage porté par ses connaissances (il est prof d'histoire_géo) et son imaginaire irrigué par lesdites connaissances. Moscou Vladivostok n'est donc pas un voyage de rêve mais plutôt un parcours évocateur de souffrance et de mort. Il parvient pourtant à nous faire sourire et même rire à la russe, de cette micro société qu"il côtoie durant six jours, et il sait aussi rire de lui_même. Pour cela aussi, et pour ce voyage vers l'enfer qu'il sait évoquer à travers son récit ferroviaire, pour son rėcit du bagne de Dostoievski, je lui décerne une fraternelle accolade et trois belles étoiles.
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Suggéré par son éditeur (et ami ?...) ce projet de traverser l'Eurasie jusqu'à Vladivostok prend corps via Moscou enneigée.
Une longue semaine à passer dans le Transsibérien pour un Breton, marin , « C'est pas la mer à boire ! »
Ne pas comprendre la langue de Pouchkine est certes un handicap mais le plus lourd sera, en février (Non mais quelle
Idée d'éditeur !)la confrontation avec le froid.
Dans ces wagons « à l'ancienne » dotés de compartiments traditionnels, la vie confinée* peut être une épreuve de chaque instant pour peu que les « colocs » ne fassent pas d'efforts. Par chance, Yulia est polie et distante mais bientôt se montrera sympathique (la scène des photos de famille est un modèle du genre) « surmontant sa réserve compulsionnelle »**
Le contournement du Baïkal marque le tournant de ce récit (oui, normal, ça tourne …)
Qu'eût-il subi si cette cohabitation l'avait amené à partager avec ce militaire sportif « limite exhib' » et grand buveur de bière … ?
Ou à l'inverse avec cette jeune mère russe aux interminables jambes de mannequin, tellement sensible au regard d'autrui…
Et ultime motif d'interrogation : cette fameuse cheffe de wagon s'est-elle contentée de clins d'oeil complices et de vannes humoristiques ou, nuitamment a-t 'elle franchi la ligne ,trompant sa morne solitude par quelque incartade sensuelle ??!!
Nous ne le saurons pas et c'est bien ainsi …
Je ne manquerai pas d'investiguer auprès d'Hervé Bellec la prochaine fois que nous nous croiserons au Bar de la marine du côté de Recouvrance ***


**C'est de moi , je lis les commentaires sur Boris Cyrulnik
*aujourd'hui ce terme est chargé un masque (euh un max !!)
*** Pieds à terre des marins , à Recouvrance :ça tangue tard dans la nuit brestoise…

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Je note pour dans quelques mois : "il tient parfaitement dans la paume. Sa texture est à peine rugueuse et son grain est très fin. Les couleurs virent du gris à l'ocre rouge. de la face externe, on distingue assez nettement quelques éclats de quartz."
Je chercherai dans le golfe de l'Amour, dans le golfe du Japon, dans l'océan pacifique ... ce petit caillou venu de la plage de Ruscumunoc, près de la pointe de Corsen, distance énoncée 12 867 kilomètres à l'est.
Je suis prévenue, "dans l'introduction d'un guide que je venais de lire il y a peu, une phrase à la con, sentencieuse à souhait, me revenait en mémoire. L'auteur prétendait à propos de la Sibérie qu'on n'y partait jamais impunément et qu'on en revenait jamais indemne." ... j'ai juste envie de tenter l'aventure.
Il faudra que je me rappelle que chaque jour qui passe dans ce drôle de train, ne dure que 23h .....
J'essayerai de ne pas oublier le kilomètre 1777 avec sa stèle de granit, les poteaux des larmes..... frontière mythique entre l'Europe et l'Asie.

Je ne savais pas que Vladivostok a été interdit aux étrangers pendant toute la période de l'Union Soviétique, il est judicieux qu'un prof d'histoire et de géographie nous fasse partager ses connaissances sur cette traversée.
Le grand intérêt de ce livre est de se remémorer, l'histoire de ce pays, au travers des personnages qui émaillent le récit, la géographie en découvrant les descriptions des paysages et des villes traversées avec leurs spécificités, la littérature avec ces romanciers qui nous font approcher l'âme russe que ce soit Jules Verne, Dostoïevski, Andreï Makine ....(il m'a donné envie de découvrir de cet auteur "le testament français" prix Goncourt en 1995).

Il est vraisemblable que j'ai encore le temps de faire ce même voyage mais contrairement à Hervé Bellec je ne supporterai pas de ne pas découvrir un minimum le visage de ces villes et de ces vies traversées.
Ce sera une autre expérience et je n'oublierai pas de rechercher ce petit caillou venu de la pointe de Corsen sur la plage de Vladivostok et tout comme lui je ramènerai quelques grains de sable chez moi où un petit bocal retrouvera des compagnons venus d'autres endroits du globe !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
La neige était tassée, le sable était lui-même gelé et, me croirez-vous ou non, une sirène enfoncée dans le sol jusqu'à la taille m'offrait sans façon ses deux beaux seins mûrs. Je me suis approché doucement. Ses lèvres dessinaient un sourire qui ne voulait pas dire son nom. Je lui ai demandé comment elle s'appelait. Elle a répondu Yulia, ou Tanya, ou encore Ludmilla, je ne sais plus trop. Tout au long de ce voyage, je n'avais rencontré que des sirènes, alors une de plus ou de moins...
Exceptées des silhouettes trop lointaines pour être menaçantes, j'étais seul sur cette plage. Personne ne pouvait m'empêcher de m'agenouiller au pied de cette sirène pour y boire à ses tétons la sève chaude qui coulait de la pierre. Personne ne pouvait m'empêcher de creuser le corset de neige qui lui enserrait la taille. Le froid ne m'effrayait plus et je n'avais nul besoin de gants.
(...) Puis j'abandonnais la sirène sur la plage de Vladivostok et, de plus en plus confiant et léger, j'avançais à grands pas sur l'océan de glace.
(...) Le chant des sirène se mêlait désormais à celui des baleines qui filaient sous la banquise.
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Le 31 mai 1891, le tsarévitch Nicolas, futur Nicolas II, de retour d'une mission diplomatique au japon, pose le premier rail devant une baraque en bois de Vladivostok. C'est parti pour dix ans de galères, de travaux forcés, de privations de froid, de typhus et de choléra. les déportés du rail travaillent par tout temps les fers aux pieds. La condition des ouvriers libres est tout aussi lamentable. Les épidémies déciment les chantiers. les moustiques, la première plaie sibérienne avant le froid, disent les bagnards, attaquent les yeux. on compte des aveugles par milliers. La Croix-Rouge, qui vient d'être récemment créée, ne parvient pas à contrôler la situation et pour couronner le tout, les rapports entre les Sibériens de souche - les Sibiriakis - et les autres, les nouveaux colons et les déportés, ne cessent de s'envenimer. la violence est extrême. Vols, assassinats, viols sont le quotidien de ceux qui vivent autour du Transsibérien. cependant, le Japon menace, les richesses de la Chine attirent et les rails doivent avancer coûte que coûte à la vitesse de deux kilomètres par jour. Qu'importe si le mercure descend sous la barre des 50 °, qu'importe si les marais se brisent à la fonte des glaces emportant ces malheureux et qu'importent les nuées de moustiques assassins, le chantier répond aux objectifs définis par le tsar Alexandre et son ministre des finances, Sergueï Witte, à la tête de cette entreprise qui se transforme en gouffre financier dès les premiers kilomètres. L'empire russe lance un emprunt pour sa modernisation. Les fameux emprunts russes dont nombre de petits épargnants anglais et surtout français se verront plus tard dépossédés par Lénine au motif que ceux-ci étaient les créanciers du Tsar et non du peuple russe.
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Le train semble maintenant glisser plus qu'il ne roule. On n'entend plus le tchak, tchak familier des roues qui rencontrent les interstices des rails ni même le moindre choc d'aiguillage. Seule une rumeur sourde résonne comme une mélopée lointaine ne faisant qu'amplifier la torpeur générale du convoi. Le transsibérien est un traineau tiré au petit trot par un couple de rennes qui traversent les steppes de l'Ichim sur des chaussons de velours pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Un train passe, non ce n'est qu'un rêve, un mirage.
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(Juste une petite blague :)
Le Transsibérien roule plein gaz à travers les vastes plaines de l'URSS lorsque soudain, les cheminots freinent à mort. La voie à été sabotée par des contre révolutionnaires. Lénine, qui conduit le train, exhorte tous les passagers à retrousser leurs manches pour remettre au plus vite la voie en état. Comme un seul homme, tout le monde se lève aussitôt pour se mettre au travail avec enthousiasme et en chantant d'une même voix tous les couplets de l'Internationale. En moins d'une heure, la voie est à nouveau libre et le Transsibérien se remet en route vers de nouvelles conquêtes. Hélas, on déplore un autre sabotage quelques milliers de kilomètres plus loin. Cette fois, c'est Staline qui est aux commandes du train. Sans sourciller, il ordonne de fusiller la moitié des passagers, innocents ou non, histoire de démasquer les traitres. Quant aux autres, ils sont condamnés à construire une usine de rails et remettre en état la voie malgré les 50° C en dessous de zéro. Aussitôt dit, aussitôt fait, le train repart à travers la taïga. Nouveau sabotage entre Omsk et Irkoutsk. Le camarade Khrouchtchev, nouveau pilote, malin comme un singe, ordonne alors d'utiliser les rails qui se trouvent derrière pour les reposer devant et ainsi de suite jusqu'à Vladivostok. Cahin caha, notre Transsibérien avance malgré tout à petits pas mais dans la steppe bouriate, plus question d'avancer, un quatrième sabotage bloque toute progression. "Ce n'est rien, dit Brejnev, il suffit de baisser les stores de tous les compartiments et de secouer de temps en temps les wagons. Ainsi, tout le monde aura l'impression que nous continuons à avancer".
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Depuis 1896, les Russes avaient déjà construit le Transmandchourien, d'Irkoutsk à Vladivostok, pour raccourcir la ligne de presque mille kilomètres. Les Japonais redoutaient cette intrusion russe qui depuis l'écrasement de la révolte chinoise des Boxers exerçait un protectorat de fait sur la Mandchourie. Mais à la surprise générale, la guerre fut gagnée par les Japonais, voilà pourquoi le Transsibérien passait depuis le long de la rive gauche du fleuve Amour, le mal nommé car en réalité, Amour est un mot bouriate qui signifie « sale ou boueux ». Pour les Chinois, il s'agit du Dragon noir.
L'Amour est le premier fleuve qui se jette dans le Pacifique. Nous venions de franchir la ligne de partage du monde.
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Videos de Hervé Bellec (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hervé Bellec
https://www.editions-dialogues.fr/livre/K-B/ Rencontre avec Hervé Bellec et Alain Goutal qui nous présentent leur livre "K.B. Kreiz-Breizh, voyage au c?ur de la Bretagne" aux éditions Dialogues. Questions posées par Élise le Fourn. Réalisation : Ronan Loup.
Dans la catégorie : URSSVoir plus
>Géographie générale>Géographie de l'Europe>URSS (45)
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