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EAN : 9782330016067
336 pages
Actes Sud (02/03/2013)
3.46/5   37 notes
Résumé :
Cet "assez gros fabliau", proprement savoureux, intelligent et drôle, s'inspire de la vie et de l'oeuvre de Hans Holbien (alias Jean Jambecreuse), peintre et graveur allemand du XVIe siècle, qui s'installe à Bâle en 1515 au moment où François Ier vient de remporter l'éclatante victoire de Marignan. Rigoureusement documenté et souvent teinté de grivoiserie et d'humour, ce texte nous entraîne au cœur de ce XVIe siècle en mutation qui annonce la Réforme. Si les "extrav... >Voir plus
Que lire après Les aventures extravagantes de Jean Jambecreuse, artiste et bourgeois de BâleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Il ne faut pas prendre ce livre au premier degré. du moins, pas tout à fait. Et pourtant… S'il est écrit comme une farce, une de ces farces médiévales grinçantes et brutales, il propose aussi, en sous-texte, une réflexion bien moins burlesque sur cette société européenne qui se construit autour de contradictions terribles. La violence, l'assujettissement et la mort sont à tous les coins de rue. La religion est prêt à tout pour effacer ses traces, surtout lorsque celles-ci sont sales. Tout est permis à ceux qui ont le pouvoir.

La première scène marquante, et qui donne le ton à ce roman, c'est lorsque Jean, partant d'Augsbourg, entend des cris – clairement féminins – en traversant une forêt. Il s'approche et découvre un lansquenet tentant d'abuser une jeune bergère. Bien qu'il ne soit pas un expert, il tue le lansquenet… avant de violer à son tour la jeune fille, puis de l'abandonner, inanimée, non sans lui avoir laissé quelques pièces. Quelques pages plus loin, ayant maille à partir avec un prêtre qui vend des indulgences, il demande ce que lui coûterait une indulgence pour se blanchir de sa mauvaise action, mais non sans négocier. Survient alors ce dialogue édifiant (p. 66) :

« – C'est un péché de stupre que de porgésir une pucelle. Une bergère, vraiment ?

– Oui-da, une toute petite toutefois. Et je lui ai laissé de l'argent.

– Alors cela en fait une prostituée : ton crime devient un péché véniel, je pense. »

Laquelle bergère réapparait plus loin dans le livre, ayant finalement choisi de rejoindre un bordel et de véritablement s'adonner à la prostitution, à la fois parce qu'elle a découvert que, tant qu'à faire, les hommes étant prêts à payer pour profiter de son corps, autant qu'elle en soit la bénéficiaire, plutôt que de se donner « gratuitement » au nom de la religion et des liens sacrés du mariage… mais également pour échapper à son père, notamment, qui, le viol lui ayant fait perdre sa « valeur marchande », n'hésitait plus à essayer de prendre sa part au passage…

On le voit, l'auteur n'hésite pas à enfoncer le clou… si vous me passez l'expression !

Cela donne des passages d'une philosophie de haute volée, comme ici, au sujet des bordels de la ville (p. 77-78) :

« Personnellement, je préfère celui de la mère Hoffmann : les filles y sont plus fraîches que dans les maisons de femmes folles qu'organise la ville et la maquerelle leur enseigne des astuces qui ne sont pas de leur âge. de toute façon la plupart des bourdeaux sont situés dans ce quartier, près de l'abbaye Sainte-Marie-Madeleine, que tu vois là-bas sur la gauche. C'est pratique : quand ces dames ne sont plus assez jeunes pour le bon usage, elles vont se cloîtrer là pour leur pénitence et la paix de leur âme. Elles donnent à Dieu ce dont le diable ne veut plus. Enfin, celles qui ont gardé assez d'argent pour que les soeurs les recueillent. C'est le paradoxe : seules celles qui ont beaucoup péché ont les moyens de leur salut… »

L'un des sujets de ce livre est aussi celui du statut de l'artiste qui est alors en pleine évolution. Les artisans – ici, les ymagiers – observent comment, dans les villes italiennes, des artistes sont en train d'inventer une nouvelle façon de se positionner comme artistes. L'air de ne pas y toucher, et en faisant étalage d'une belle culture, l'auteur illustre cette évolution.

Est-il nécessaire d'en dire davantage ? Si, il faut encore signaler que l'auteur articule également son histoire autour d'une quête, celle d'un document compromettant pour le pape, qu'un courant d'air à fait s'envoler et que l'Église veut récupérer à tout prix… ne serait-ce que pour éviter qu'il ne tombe entre des mains ennemies, qu'il s'agisse de celles de Luther, qui commence à faire parler de lui, ou d'autres ennemis de la chrétienté…

Comme farce, c'est réjouissant. Comme peinture de ce que l'homme est capable d'infliger à ses semblables, c'est saisissant. Comme représentation du basculement qui s'opère à l'occasion de ce que l'on n'appelle pas encore la Renaissance, c'est éclairant. Comme réquisitoire contre l'institution catholique, c'est édifiant. Mais laquelle de ces lectures choisirez-vous ?
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Harry Bellet s'est inspiré de la vie et de l'oeuvre de Hans Holbein (peintre et graveur allemand, né en 1497 et mort en1543) pour nous livrer ici un "assez gros fabliau" (sic), et ce, pour le plus grand bonheur des lecteurs. Loin d'une bio fidèle (puisqu'un bon lecteur croit toujours ce qui est écrit , puissent mes amis historiens de l'art de bien vouloir pardonner ce qui suit...), ce roman enlevé est écrit avec une plume rabelaisienne et paillarde, cultivée et drôle. Même si Harry Bellet prend des libertés avec l'histoire, et s'en excuse dans ses annexes à lire absolument ( les titres en sont drôles : Postface peu pédante, avec errata et précisions, dettes, emprunts, vols, laisser-aller et autres malversations, Liste presque exhaustive des ouvrages pillés ou inspirants), nous apprenons bien des choses. C'est instructif, intelligent sans pédantisme. le terme Aventures est mérité , les courts chapitres apportent de la vivacité dans le récit et les pages se tournent toutes seules. Vient de sortir la suite , quel bonheur et quel ecrivain talentueux que ce Harry !

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Un drôle de roman historique, un récit de voyage grivois, où la Jambecreuse ferait référence à la taille de l'organe mâle de ce Jean, un organe toujours prêt à servir.

L'histoire de Hans Holbein, « ymagier » du XIVe siècle, repose sur une documentation historique et permet de croiser des vedettes de l'époque comme Érasme, de Vinci. Des descriptions d'époque qui ne manquent pas d'intérêt, même si c'est difficile de savoir ce qui relève de la fantaisie de l'auteur qui titre son oeuvre de « fabliau ».

Personnellement, j'ai eu du mal à apprécier l'humour de ces aventures. Je ne trouve pas amusant dut tout de violer une jeune bergère de treize ans… Même si les moeurs du temps étaient bien différentes, cela relève pour moi de la tragédie plutôt que la comédie.
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Jean Jambecreuse, c'est Hans Holbein le Jeune. Comme on connaît peu de choses sur sa vie affirme Harry Bellet, il l'embarque dans une histoire truculente en compagnie de son frère Ambroise.

En ce 15ème siècle, le pape Léon X s'est amusé à écrire et à authentifier de son sceau une phrase qui révèle une totale incroyance : “On sait de temps immémoriaux combien cette fable de Jésus-Christ nous a été profitable.” Et ce papier disparaît. Il faut absolument le retrouver.
Jean lui désire passer du statut d'imagier c'est à dire artisan à celui de peintre donc artiste.
Et au fil des pages nous croisons Erasme, Léonard de Vinci, Soliman…

Pour autant que je puisse m'en rendre compte l'ambiance de l'époque est respectée, c'est tout à fait récréatif mais l'écrivain a largement rempli les “manques”, il faut donc tenir compte des remarques de l'auteur à la fin du livre pour faire la part des choses.

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A lire en prenant du recul bien sûr... Nous ne sommes plus au XVIème siècle ! Quoique!!!!
Le jeune Jean Jambecreuse ( pour Holbein, peintre), peintre talentueux et fieffé coquin, bien pourvu par la nature ( c'est l'un des traits du personnage qui sera souligné tout au long du roman), arrive à Augsbourg pour y poursuivre son apprentissage, il veut aussi apprendre le latin.
Ses pérégrinations le mènent à Erasme, pour lequel il illustre un livre et à Léonard de Vinci, en fin de vie, auquel il dérobe des documents compromettants.
Harry Bellet, nous entraîne dans le sillage de ce jeune peintre arrogant, impétueux, dont les appétits sont indomptables;
C'est superbement documenté, souvent drôle, assez violent mais je n'ai pas toujours su garder l'attention nécessaire car l'ouvrage est dense tout de même!
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critiques presse (1)
LeFigaro
06 mai 2013
C'est un road trip insensé qui se déroule au XVIe siècle entre Augsbourg, Bâle et Amboise. Jean Jambecreuse est un jeune ymagier. Autant dire un artisan. Il se rêve poète, donc artiste, donc peintre.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
... la plupart des bourdeaux sont situés dans ce quartier, près de l'abbaye Sainte-Marie-Madeleine, que tu vois là-bas sur la gauche. C'est pratique : quand ces dames ne sont plus assez jeunes pour le bon usage, elles vont se cloîtrer là pour leur pénitence et la paix de leur âme. Elles donnent à Dieu ce dont le diable ne veut plus. Enfin, celles qui ont gardé assez d'argent pour que les soeurs les recueillent. C'est le paradoxe : seules celles qui ont beaucoup péché ont les moyens de leur salut...
--- Vous n'accordez guère de crédit à l'humanité.
--- Pour ce que j'en ai vu... Dès l'enfance, l'homme est dissolu et la femme déjà pute. A Bâle, les seules vierges qu'on trouve sont au berceau. Il n'y a que les vieillards pour se repentir, parce qu'ils ne peuvent faire autrement. Et en général, c'est trop tard. p 78
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- Nous avons jugé une femme adultère. Elle a été convaincue d'avouterie. Le mari et l'amant seront promenés dimanche en procession dans les rues, assis nus et à rebours sur un âne.
- Tous les deux ? s'étonna Ambroise.
- Dame ! Ils sont aussi coupables l'un que l'autre.
- Et elle ? s'enquit Jean.
- Elle ? Elle est là-dessous.
Les frères comprirent alors le sens de la scène. D'une potence fixée à la chapelle, un cordage pendait dans le Rhin. Un filet y était accroché, à présent totalement immergé dans le courant. Devant l'air réprobateur des deux frères, du cadet surtout, le bourgeois se troubla.
- Attention ! Si elle est innocente, Dieu l'en fera sortir saine et sauve.
- Et combien de temps la tenez-vous sous l'eau ?
- Selon l'importance du crime, entre dix minutes et une heure. Dans son cas, la peine la plus courte.
- Sont-elles nombreuses à en être sorties indemnes ?
- À ce jour, aucune. Ce qui prouve la duplicité de ces femmes et l'excellence de nos juges, conclut l'homme satisfait.
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- Joss Fritz ! Je te croyais mort.
- Il n'est pas mauvais qu'on le pense ainsi.
- Je vois. Tu as sans doute raison. Toutefois ta légende est bien vivante. Des ménestrels la colportent encore, quand les sergents ne sont pas dans les parages. Le héros des petites gens. L'homme qui a su poser la seule question qui vaille.
- J'ai posé de nombreuses questions dans ma vie.
- Celle-ci est inoubliable : "Quand Adam bêchait et Eve filait, où donc étaient le moine et le gentilhomme?' Tu es plus dangereux que moi, Joss Fritz. Moi, je ne réclame que le respect de la coutume.
- Le monde change, mon ami. La coutume est battue en brèche par le droit du plus fort. "Ils" lèvent toujours plus d'impôts, interdisent toujours plus de choses qui étaient pourtant autorisées à nos pères. En Pays souabe, j'ai vu un serf écorché vif parce qu'il avait pêché des écrevisses dans l'étang du seigneur. Au contraire, des fermiers se sont révoltés parce que leur maîtresse exigeait qu'ils aillent lui chercher des escargots au lieu de moissonner leurs champs. Ils ont mis le feu à son château, et à son cul aussi. C'est possible, mon ami, un autre monde est possible. On raconte qu'à Wittenberg, un moine nommé Luther s'est dressé contre la vente des indulgences, pour le respect de la parole des Evangiles. Rien que la justice de Dieu ! (p. 186/187)
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- Pour quel diable te prends-tu de barytonner ainsi du cul ?
(...)
- Laisse donc péter ton frère ! Selon Erasmus, c'est signe de santé . Reprimere sonitum, quem natura fert, ineptorum est, qui plus tribuunt civilitati, quam saluti, a-t-il justement dit. "Retenir un pet produit par la nature est le fait des imbéciles qui accordent plus à la politesse qu'à la santé "
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-Holpenius ?
- Oui. La beauté de la chose, c’est qu’en latin, « penis » désigne le pinceau des peintres, l’instrument que vous nommez brosse, je crois. L’inconvénient, c’est que cela veut dire aussi une « queue », celle des quadrupèdes bien sûr, hélas celle des bipèdes également si vous voyez à quoi je fais allusion. J’espère que vous n’y trouverez pas de désagrément majeur ?
- Aucunement, sourit Jean.
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Vidéo de Harry Bellet
Sylvie Steinberg nous parle de la sexualité pour la revue "Au fait : Huit regards sur le Sexe" de Xavier Delacroix.
Sylvie Steinberg est une historienne. Elle est directrice de recherches à l'EHESS et a dirigé le volume collectif "Une histoire des sexualités" (PUF, 2018).
"Huit Regards sur le Sexe" avec la participation de Sylvie Steinberg, Philippe Combessie, Nathalie Bajos, Harry Bellet, Laurie Laufer, Brigitte Lahaie, Jean-Marc Souvira, Anne Tomiche, Pierre Zoberman et Agnès Giard, disponible aux Editions Cent Mille Milliards.
Photos de Alain Mandel.
Retrouvez l'intégralité des livres édités sur notre site: https://centmillemilliards.com/wp/
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