Bon, je l'avoue, en fait je ne sais pas trop comment en parler. Il peut paraître simple, comme ça, de prime abord, quand on se laisse prendre la main pour tourner la page, pour en savoir un peu plus sur le personnage central, et puis un peu plus sur le deuxième personnage central, et puis surtout ce qui les réunit, ce qui va les opposer.
Oui, on peut penser que l'histoire est de bas étage, qu'elle a pour point de départ une expérience scientifique moult fois imaginée, décrite, exploitée… Après tout, quoi de plus classique que de vouloir s'immiscer dans le cerveau d'un autre, de voir, de savoir ce qu'il pense, comment il pense, comment il voit le monde. Oui, c'est banal.
Dites-moi donc pourquoi, malgré cette aspect « niais », cette simplicité extrême, ce vocabulaire peu recherché, je n'ai pu lâcher
le livre qu'au pris d'une lutte acharnée avec Morphée, qui me laissait endormie, tenant encore
le livre, la lumière allumée et les lunettes sur le nez. Dites-moi donc pourquoi je me suis laissée embarquer dans le quotidien d'apparence banal d'une famille dont le patriarche est médecin psychiatre et à ses heures oisives « chercheur » ?
Car tout cela n'est qu'apparence. En effet. Je me suis laissée hypnotiser, tout « simplement ». Tout s'emboîte si simplement, si parfaitement, en somme, que l'intrigue se tisse progressivement, et quand l'univers de nos protagonistes est bouleversé, nous sommes happés par ce tourbillon. On ne peut plus lui échapper.
On passe d'une personnalité à l'autre, sans se perdre, chacune ayant une écriture, un style, un rythme propre. Pourtant la narration est à la troisième personne. On pourrait se demander si elle n'est pas dans la tête d'un des personnages. Si ça n'est pas un personnage à part entière. Allez savoir…
Comme quoi, vouloir être dans un autre esprit, même en partie, n'est peut-être pas souhaitable. Comme quoi, la liberté de l'un commence là où s'arrête la boîte crânienne de l'autre.
(oct 2006)
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