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3,65

sur 77 notes
Après avoir lu l'homme qui s'envola d'Antoine Bello et rencontré l'auteur grâce à Babelio, j'ai entrepris de lire ses autres romans et de faire un quiz sur son oeuvre.
Le roman américain est un livre très bien écrit, très bien documenté, laissant place parfois à l'humour, sur un sujet dont je n'avais aucune idée.
L'action se déroule dans un univers clos, une résidence assez huppée en Floride, l'un des états les plus riches des USA, ce qui n'exclue pas que l'on y vive parfois par obligation et sans les moyens nécessaires pour survivre.
L'idée du roman s'inspire d'un fait réel ou d'événements réels, qui ont conduits dans les années 1990, certains malades du SIDA à spéculer sur leur mort probable en revendant leurs contrats d'assurance vie.
Le dispositif est simple, afin de pouvoir payer un traitement couteux dont la prise en charge n'est pas assurée aux USA, une personne atteinte du SIDA qui a souscrit un contrat d'assurance vie, le vend à un tiers qui s'engage à payer les annuités du contrat et à verser immédiatement un capital au bénéficiaire souscripteur qui lui cède les droits au capital prévu en cas de décès.
Cette transaction, limitée au début attire aussitôt les compagnies d'assurance qui en font un business, illustrant la philosophie du tout se vend ou du tout peut se vendre.
Un journaliste, Vlad Eisinger s'empare du sujet et le dénonce dans un article de presse retentissant, dans le Wal Street Tribune, « La mort et les impôts », sur cette technique ce que l'on appelle aux USA le « Life settlement ».
« Un marché méconnu dont l'essor s'il venait à se confirmer, pourrait avoir des conséquences capitales sur la façon dont les Américains préparent leurs retraite et leur succession… » écrit-il.
Son enquête se déroule à Destin ancien village de pêcheur, entre Pensacola et Panama City, qui a connu un essor sans précédent.
Bruce Webb, l'un des personnages du roman, séropositif, a vendu son contrat vie à Sunset Partners pour 160 000 $ sur la base d'une espérance de vie de 2 années en 1987, mais sélectionné pour un traitement de trithérapie, il est encore là 25 ans après.
Le roman donne la parole aux différents acteurs, interventions qui sont entrecoupés d'article de presse et des échanges d'emails entre Vlad et son ami Dan Silver qui se livre au jeu des anagrammes de noms d'auteurs célèbres. Dan est un écrivain en devenir.
Le roman est une illustration du « struggle for life » aux USA et montre la capacité d'adaptation d'un système économique qui se joue des évolutions et des révolutions. Rien ne l'arrête et il est à même de phagocyter tout ce qui le menace.
Un roman palpitant à découvrir.

Lien : https://camalonga.wordpress...
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A la manière de Steinbeck et Faulkner qui peignaient l'Amérique en se focalisant sur la destinée d'un groupe, Antoine Bello écrit un Roman Américain contemporain, qui réunit audace, nouveauté, dimension littéraire, exploration sociétale et analyse des conséquences de la crise actuelle. Echange épistolaire entre deux comparses qui ont étudié et aimé la littérature, ensemble, la structure narrative excellente permet de comprendre les dégâts des excès de cette Amérique du fric. le thème: l'obligation pour les victimes de la crise des subprimes de brader leurs assurances-vie, ce qui enrichit des vautours. L'un des deux protagonistes écrit une série d'articles dans le Wall Streeet Tribune, l'autre, écrivain raté vit au centre du microcosme choisi pour illustrer cette Amérique des nouveaux laissés pour compte. L'Amérique des ruinés, l'Amérique de ceux qui ne peuvent pas se soigner, l'Amérique des victimes du capitalisme qui fait sombrer les classes moyennes de par son allure de cheval fou qu'on ne peut pas arrêter. Littéraire, puissant, novateur, ce Roman Américain est une splendide réussite.
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Ce livre est une brillante démonstration de ce qu'est le travail de l'écrivain. A partir d'un sujet complexe et pas forcément très attractif, le marché du "life settlement", Antoine Bello construit une fable caustique et drôle, à la fois portrait de l'Amérique capitaliste et réflexion sur les moyens offerts par la littérature pour en rendre compte.

Pour cela, il s'appuie sur une construction originale qui mêle trois ingrédients et niveaux de lecture : les articles du Wall Street Tribune publiés par le journaliste économique Vlad Eisinger, les extraits du journal de Dan Siver, un écrivain sans réel succès et les échanges de mail entre ces deux narrateurs, présentés comme des amis de longue date. Vlad s'intéresse au marché du "life settlement", c'est à dire le commerce qui s'est développé aux Etats Unis ces dernières années autour des polices d'assurance vie. Pour essayer d'expliquer ça de la manière la plus simple, disons que c'est le même principe que le viager ; des souscripteurs de polices d'assurance les revendent afin de récupérer des liquidités à des investisseurs qui parient sur leur espérance de vie. Au travers des articles très pédagogiques de Vlad, tout le cynisme de la société américaine capitaliste apparaît. le journaliste appuie sa démonstration en prenant en exemple une résidence de Floride où cohabitent des personnes ayant vendu ou ayant l'intention de vendre et des investisseurs ayant bâti leur fortune sur ce marché juteux. Les articles de Vlad sont des petits bijoux de fausse naïveté dont le lecteur savoure l'humour. Mais ils créent également au sein de la petite communauté un tas de réactions que Dan Siver, l'ami de Vlad mais également résident s'amuse à collecter et à décortiquer dans son journal, avec son oeil de romancier.Et c'est là que réside l'intérêt du livre. Au travers des échanges entre Dan et Vlad s'affrontent les points de vue du journaliste (les faits, rien que les faits) et du romancier (la sensibilité, le prisme par lequel il fait passer son point de vue...) sur la façon de traiter cette matière à la fois terriblement réelle et incroyablement romanesque. Les deux hommes ne s'épargnent pas et le lecteur, pris à témoin s'interroge, tour à tour choqué et amusé.

Bref, un roman instructif, intelligent et qui n'oublie pas d'être drôle... Voilà quelques raisons de le lire. Et lorsque ce sera fait, n'oubliez pas de me dire à quel moment vous aurez compris quel lien unit Dan et Vlad.
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Roman majeur, drôle et profond, questionnant le contemporain à travers une industrie insolite.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/26/note-de-lecture-roman-americain-antoine-bello/
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Heureusement qu'Attila a lancé une discussion Facebook sur ce roman (et sur l'avis d'ODL au Masque, avis qui d'ailleurs ne m'avait pas dissuadée de l'emprunter en bibli, Bello faisant partie des auteurs dont je veux découvrir systématiquement les romans). Heureusement en effet car le premier chapitre est bien aride; un conseil, faites confiance à l'auteur pour vous offrir un roman original, intelligent ... et drôle.

Le life settlement doit être dans le top 10 des sujets de romans les moins glamours : imaginez, c'est "la pratique consistant à racheter une police d'assurance-vie à son souscripteur en pariant sur le décès de celui-ci." Une sorte de viager plus plus plus, ai-je imaginé. Avec tous les travers et les dérives imaginables. le journaliste Vlad Eisinger n'hésite pas à enquêter à Destin Terrace, résidence de Floride où vit d'ailleurs un de ses amis, écrivain sans succès, Dan Siver. le roman propose donc des articles du Wall Street Tribune écrits par Vlad, ainsi que des mails échangés entre Vlad et Dan, et des extraits du journal de Dan, alternance permettant au lecteur d'avaler sans encombres les détails sérieux.

Sérieux? Quoique. Vlad fait montre d'un humour pince sans rire, par exemple cette déclaration du président d'un fonds ayant racheté des polices d'assurance-vie : "Nous enregistrons chaque semaine 4 ou 5 maturités [décès], parfois plus pendant l'hiver. Même les mois un peu creux, je me console en me disant que mes assurés ont vieilli et sont un peu plus proches de la mort."
Les articles finissent par créer des répercussions dans le microcosme de Destin Terrace, sous l'oeil attentif de Dan. Les assureurs y sévissant se livrent à une concurrence acharnée. "Sans se démonter, Patterson nous a servi un couplet abracadabrant, d'où il ressortait qu'actuaire arrivait, dans la liste des professions les plus dangereuses du monde, juste après dresseur d'alligators et réparateur de téléphériques."

Mais il n'y a pas que cela dans ce chouette roman. Dan et Vlad se livrent à un jeu des anagrammes sur les noms d'auteurs américains et français (je suis nulle à ce jeu-là, tant pis), Dan s'amuse à réécrire certains passages journalistiques, offre trois versions de sa nécrologie (censément écrites par le logiciel NecroLogos), bidouille un article de Wikipedia (conséquences hilarantes), et , plus sérieusement, ces deux-là donnent au lecteur leurs opinions sur l'art du romancier, "est romancier, celui qui possède à la fois une sensibilité originale - un prisme unique à travers lequel il regarde le monde - et la capacité à faire partager cette expérience à travers les mots" versus "un observateur qui, à travers la description d'un milieu ou d'une époque, revisite les questions universelles : la condition humaine, l'amour, la mort, etc."

Il semblerait qu'un deuxième volet suivra (oh oui, j'aimerais!) et sans vouloir dévoiler quoique ce soit, je suis d'accord avec Attila et les participantes à la discussion Facebook, Bello a encore une fois joué avec son lecteur (attentif)

Amateurs d'humour noir et de critique sociétale, ce roman est pour vous!

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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La revente des assurances-vie en cours est un sport très américain dont les arcanes sont parfois aussi incompréhensibles que les règles du baseball. Roman américain de Antoine Bello est entièrement consacré à ce sujet plutôt mal connu en France et ses vertus pédagogiques sont indéniables. Maintenant, si l'économie et ce thème en particulier ne passionnent pas, la lecture du livre peut sembler assez souvent ennuyeuse. Certes, Bello élargit la perspective en imaginant un dialogue par mails entre les deux personnages principaux et en profite pour comparer journalisme et fiction. Il y a même un aspect ludique qui vient briser quelque peu le côté didactique du livre. Bien entendu, c'est un portrait de l'Amérique qui se dessine derrière ces pratiques de "Life Settlements" dont on ne sait au final, comme les protagonistes du roman, ce qu'il en faut en penser. Malgré quelques touches humanistes, Roman américain est un livre froid, pas désagréable à lire mais dont certains passages semblent bien fastidieux.
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Vlad Eisinger est journaliste au Wall Street Tribune. Il publie une série d'articles sur la pratique du « life settlement », usuelle aux Etats-Unis. le « life settlement » consiste, pour un assuré généralement sur la fin de sa vie, à revendre à un tiers son assurance vie/santé, délégant ainsi le paiement des primes mensuelles ou annuelles et perdant du coup tout droit sur le futur capital versé par la compagnie d'assurance. Cette série d'articles trouve ses racines dans une résidence de Floride, Destin Terrace, dans laquelle vit, outre bon nombre de protagonistes du marché (assurés, agents, intermédiaires, assureurs…), un de ses amis d'université, Dan Siver, écrivain sans succès.

Le livre s'articule autour de trois temps qui s'enchaînent par chapitres découpés en semaines : un article de Vlad, un échange de mails entre Dan et Vlad puis le journal intime de Dan.

Le premier temps est celui de l'information : Vlad accumule les éléments d'explication du processus du « life settlement », des « premium finance ». le tout présenté sous la forme de vrais articles de journaux, avec graphiques, schémas,…

Le deuxième temps est celui de l'échange de mails entre Vlad et Dan : Vlad écrit sur Destin Terrace où vit Dan mais les échanges portent plus sur quinze ans d'acrimonie et de rancoeur entre un journaliste reconnu ayant bradé ses grandes idées d'écrivain et un écrivain qui n'a pas connu le succès mais en restant fidèle à ses principes.

Le troisième temps est celui du témoignage livré de l'intérieur par Dan sur ce qui se passe dans le petit monde de la résidence, sorte de microcosme représentatif de la société américaine.

Antoine Bello dit (à juste titre) de son livre qu' « on y retrouve de nombreuses caractéristiques de la société américaine : une foi quasi-inconditionnelle dans le marché ; un individualisme forcené ; le primat de la loi sur l'éthique, du légal sur le moral. » J'y ajouterai l'hypocrisie, toute de façade, des spéculateurs sur la mort. Certes nous connaissons le viager… mais il y a dans les « life settlement » quelque chose de plus pervers dans la mesure où le tiers rachète du vent (i.e. une potentialité de rentrée d'argent cash) quand dans le viager on vise à détenir un bien matériel palpable. Au-delà de cet aspect purement théorique, la pratique est bassement matérielle. Les assureurs ont tout fait pour interdire la pratique, obtenant un délai de deux ans pendant lequel un souscripteur ne peut pas revendre pour éviter les abus du style « achat-revente immédiate » ce qui n'a pas empêché les fonds de démarcher les futurs assurés pour qu'ils souscrivent des contrats financés par un prêt accordé par le même fond qui s'engageait à les racheter au bout de deux ans.

Ces méthodes sont dignes du capitalisme le plus échevelé, le plus infernal qui soit, dans toute sa perversité et son cynisme. Il ne faut toutefois pas être dupe et avoir conscience que les assurés, sans être forcément de mèche, n'en sont pas moins volontaires pour participer à cette dérégulation.

Les deux protagonistes se livrent une féroce bataille sur le rôle de l'écrivain (est-il étranger à son oeuvre ou au contraire partie prenante ?), sur le rôle d'un roman (est-il de rendre compte ou, par le style, d'aller au-delà d'une narration objective ?)… à coup de jeu d‘anagramme sur les noms des écrivains célèbres (Carmella Pong pour Marcel Pagnol, pour n'en citer qu'un facilement trouvable). A tel point que je n'ose imaginer – j'en serai plus que déçu – que Vlad Eisinger et Dan Siver (de son vrai nom Daniel Gerry Siver) ne soient pas eux-mêmes des anagrammes – que je suis au regret de ne point parvenir à démêler ! – d'écrivains, à tout le moins Vlad Eisinger, qui ne pourraient être alors que représentatifs de cette antinomie qui sépare Vlad et Dan. de Vlad Eisinger j'ai réussi à tirer Salinger mais je me trouve avec un VIDE sur les bras dont je ne sais que faire…

Dan Siver se livre à la falsification d'une fiche Wikipedia qui peut apparaitre subalterne à l'histoire mais qui est finalement assez symptomatique du monde dans lequel nous vivons, soumis à la loi de l'information immédiate, difficilement vérifiable et rarement vérifiée parce que l'instantanéité a pris le pas sur tout le reste et qu'on a tendance à prendre tout pour argent comptant… y compris ce que nous raconte Antoine Bello ?

En plus de cette histoire d'anagrammes (quoi de mieux pour tromper son monde) et de falsification (poussée assez loin et avec maestria par Dan), l'auteur nous donne lui-même plusieurs pistes vers la fin du livre dont je vous livre la première la plus évidente où Dan s'adresse à Vlad : « Je réfléchissais tout à l'heure à la façon dont j'aurais traité du life settlement dans un roman. J'imagine que j'aurais dû me livrer à de longues et barbantes digressions techniques, assommer mes lecteurs de chiffres et de pourcentages, convoquer des experts plous ou moins bidons. Peut-être sur un sujet comme celui-ci, la forme journalistique est-elle la plus appropriée. » Bello avoue ainsi plus qu'à demis mots le pourquoi de la structure choisie de son roman pour allier la présentation factuelle au récit romanesque sans trahir l'un ou l'autre de ce qui font l'essence de son être d'écrivain.

Enfin, mention spéciale aux pages 266 à 270 portant sur l'utilisation d'un logiciel de gestion de budget dans lesquelles Kafka rejoint Marx.

Cet opus d'Antoine Bello renoue avec la créativité et l'ingéniosité de l'auteur que l'on avait pu grandement apprécier dans « Les falsificateurs », par exemple. Un excellent livre à la fois divertissant (le journal intime de Dan recèle d'excellents passages, souvent drôles) et qui questionne sur la direction, dangereuse pour certains et inévitable pour d'autres, prise par notre société capitaliste, qu'elle soit américaine ou non. C'est enlevé, drôle, dramatique, réaliste, instructif.

Lien : http://garoupe.wordpress.com..
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Ce roman solidement documenté sur les avantages et les travers du capitalisme moderne, habilement construit et très érudit, est avant tout un brillant hommage à la littérature et à son pouvoir.
L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur…
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Croque-morts
ROMAN AMERICAINAntoine BELLO (Gallimard)

Roman américain d'Antoine Bello n'est pas un roman cynique. C'est un roman sur le cynisme de notre époque.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir, sans oser l'étudier sur la nouvelle génération d'assurances-vie (plutôt assurances viagères), qui sont indexées sur la très probable mort d'une personne âgée ou malade (surtout du sida ou du cancer) dans un délai donné, vous est grandement expliqué dans cette oeuvre littéraire. Comment ne pas penser à « Mort à Crédit » de Céline à qui l'auteur fait référence dès la première page de ce roman ? Eh oui, ce mélange des genres rondement construit propose aussi une discussion sur la littérature comparée. Quand il parle de Hermann Broch et son « Les Somnambules », comment ne pas penser au premier livre à être publié d'Antoine Bello lui-même « Les Funambules » et puis un livre d'histoire récemment publié « Les Somnambules - Eté 1914 : Comment l'Europe a marché vers la guerre » : « Sleepwalkers : How Europe Went to War in 1914 » de Christopher Clark ?

Étant une inconditionnelle de cet auteur, j'attendais impatiemment son dernier livre avec un plaisir mélangé de curiosité : Quels pièges allait-il nous tendre cette fois-ci ? Car il y a un thème cher à A . Bello qui revient régulièrement dans ses oeuvres : Qu'est-ce que la vérité ? Qui, comment et où il le dit ? Comment la modifie-t-on ? Pourquoi ? Pour le plaisir ? Pour pouvoir nuire ? Ou bien tout simplement pour nous aider à mieux vivre le présent avec un passé modifié ? Aujourd'hui avec Wikipédia, Facebook, etc. la tentation pour tordre le cou à la vérité devient presque un jeu d'enfant.
Dans ce livre, il est surtout question du Commerce de la Mort. Les nouveaux commerçants, statistiques à l'appui, calculent la probabilité sur le temps restant à vivre des personnes malades. Ils gagnent plutôt malhonnêtement leur vie tout en créant des emplois ici et là ! (Ne doit-on pas autoriser l'extraction du gaz de schiste pour créer des emplois tout en sachant que c'est du poison qui coule des robinets, surtout pour des pauvres gens ?). Il est aussi question de la bataille que les assureurs classiques livrent à ces nouveaux commerçants de la mort. Encore une fois A. Bello observe et analyse son temps et le restitue sous une forme littéraire comme le faisait les grands écrivains, Balzac par exemple. Il nous donne également quelques leçons de journalisme avec beaucoup d'élégance. Sans oublier une petite leçon sur les failles de nos démocraties actuelles.

Comment écrire et comprendre son époque si nos ignorons les mécanismes économiques qui sévissent en souterrain ? Comment parler du capitalisme aujourd'hui sans passer par un manuel d'économie, sans parler de ces croque-morts ? Pour eux, créer des conditions dans lesquelles un salarié rapporte plus à son employeur mort que vivant rabaisse la personne humaine à l'état de simple objet. La valeur de l'employé ne réside plus dans son savoir-faire mais dans son espérance de vie…

A bon Entendeur, Bonne Lecture !



PS Tomber sur des mots rares comme « souquer», «en loucedé » dans le texte nous donne encore une autre raison d'apprécier ce livre. Sans oublier un nouveau mot « lapser » que nous vous laissons découvrir lors de votre lecture. Nous vous laissons également découvrir les démêlés d'un homme avec un logiciel !!!

http://www.antoinebello.com/

le 9 juin 2014 
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"plus connus sous le nom d' "assurance de la femme de ménage" ou encore "assurance du paysan mort" […] Créer des conditions dans lesquelles un salarié rapporte plus à son employeur mort que vivant objectifie la personne humaine. La valeur de l'employé ne réside plus dans son savoir-faire mais dans son espérance de vie." Cette citation me fait furieusement penser au roman russe "Les Âmes mortes" de Gogol. Pas vous ?
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