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Citations sur Nami (9)

Nami lève les yeux ; le ciel l'aveugle. Au-dessus du désert, à l'ouest, il voit un nuage sombre qui s'agrandit et se rapproche.
"Qu'est-ce que c'est Nikitič ?" Du manche de son râteau, Nami désigne le nuage.
Nikitič s'assied et recule sa casquette sur son occiput.
"Ben ouais, putain, c'est quoi ?"
Nami s'appuie sur son râteau, il est alangui et il a sommeil. Lentement, le nuage se rapproche et s'agrandit. Nikitič se gratte le ventre.
"Mon vieux, c'est pas des sauterelles?"
Nami commence à distinguer des points isolés dans la nuée qui descend sur eux.
"Ah mon couillon ! J'ai jamais vu ça de ma vie! T'as déjà vu ça?" dit Nikitič en haletant comme un gosse. Nami secoue la tête, il n'a encore jamais vu ça, même si sa grand-mère lui a raconté qu'un jour des sauterelles étaient arrivées à Boros et qu'elles avaient dévoré absolument tout ce qui poussait sur leur petit lopin de terre, les provisions dans la réserve, elles avaient même bouffé les casse-croûte des écoliers et les câbles des postes de radio! Nami distingue des corps d'insectes, des ailes et les contours de pattes noires, des sauterelles commencent à descendre sur le sol par milliers et il en a déjà une douzaine sur lui ; il s'en débarrasse à force de secousses hystériques. La plupart d'entre elles se posent sur l'asphalte encore brûlant, où elles collent et, dans des stridulations d'une intensité insupportable, agonisent trop longtemps.
"Connasses ! hurle Nikitič. Allez vous faire foutre ! Vous m'avez encore salopé une chaussée qu'est finie !"
Les corps des sauterelles se dessèchent et se momifient à la chaleur ; leurs vestiges se dresseront dans l'asphalte jusqu'à l'hiver. La route rappelle un tapis de cinq cents mètres conçu par un designer dément : jamais une seule voiture ne passera dessus. Seul Ami s'y promène parfois et trouve plaisir à entendre les corps des insectes morts craquer sous ses semelles et composer une mélodie des plus étranges. (pages 100-101)
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Nami est secoué de sanglots, il y a quelque part en lui une grande réserve de quelque chose qui, fortuitement atteint, déborde à présent par un puits et qu'il est impossible d'arrêter.
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Là où Nami préfère se rendre, c’est au port, où il rencontre parfois des gens de sa région, des marins travaillant sur des pétroliers et des pêcheurs aux rides profondes et imprégnées de sel. Faute de savoir comment parler avec eux, il se contente de s’asseoir à la table voisine, de boire du thé russe dans un grand verre et d’écouter leur conversation. Ces hommes parlent de filets déchirés, d’arbres desséchés, de leurs femmes à l’humeur capricieuse, du nombre de voisins alités pour une tum
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Quand il a faim, il boit beaucoup d’eau pour conjurer cette sensation. Il sent obscurément qu’il devrait au moins une fois par semaine sortir retrouver d’autres gens, qui n’empestent pas le poisson et n’ont pas de crasse sous les ongles. Quelque part entre sa conscience et son inconscient apparaît confusément aussi un personnage qu’il ne connaît certes pas, mais dont il déduit, du fait de ses cheveux longs et de ses seins, qu’il s’agit d’une femme. Il sent confusément qu’il l’aimerait, mais en raison du caractère obscur de l’action qu’il faudrait entreprendre dans ce sens, il écarte toute l’affaire.
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Si Nami devait décrire la ville, il ne saurait par où commencer. Les immeubles sont grands, si bien que Nami se recroqueville d’instinct et que son regard cherche en permanence le ciel entre eux. L’air est saturé de coups de klaxon, de gaz d’échappement et de cris. Une femme gronde d’une voix aiguë un enfant qui pleure. Il flotte ici une odeur d’excréments, de parfums sucrés et de graisse de friture. Des papiers gras et de la poussière volettent dans les airs. Les gens semblent un peu différents, ils ont les yeux plus brillants, plus éclatants et ils se déplacent plus vite.
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Des coups de feu, on en entend quasiment tous les jours : parfois comme exercice, parfois par manque de discipline et parfois, ce ne sont que des soldats qui se soûlent et jouent à la roulette russe. Quelquefois, ils s’entre-tuent, ou bien un nouveau se loge une balle dans la tête pendant le service de nuit. Quand un tir retentit dans la petite ville, cela ne suscite absolument aucun émoi. On ne lève même pas les yeux des plates-bandes qu’on désherbe ni des poissons qu’on vide.
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Les deux idiots attendent parfois Nami sur le chemin de l’école. Ils mesurent une tête de plus que lui, mais Nami est plus rapide. En général, il arrive à leur échapper. Quand il n’y arrive pas, ils l’attrapent, l’un l’immobilise et l’autre lui palpe l’entrejambe.
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« Je sais pas, mais je trouve ça bizarre que l’usine de traitement du poisson soit construite juste à côté du bassin, philosophe Alea, la voisine. Je sais bien que ces poissons, ils ont qu’un petit cerveau, mais tout de même. C’est comme si on te construisait un cimetière juste à côté de la maternité, non ?
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Les ingénieurs russes et leurs femmes, au premier rang, sont vêtus à la mode de la grande ville, ces femmes ont des chaussures à talon, un sac en cuir au bras et les cheveux relevés très haut, les femmes du coin parlent d’elles avec mépris : elles lancent parfois même un crachat. L’un des petits garçons russes fait l’objet d’admiration malgré son air ahuri car, pendant le discours, il traverse la place dans une voiture à pédales qui grince.
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