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Critique de Sachenka


Tout le long de ma lecture du roman le faiseur de pluie, je ne savais de quelle façon l'entreprendre, le comprendre. Était-ce un récit philosophique, ou plutôt comique, voire tragi-comique ? Sans doute un peu de tout cela. Son auteur Saul Bellow le savait-il lui-même ? Cette histoire peu ordinaire commence par un Eugene Henderson un peu lasse. Cet Américain raconte (pas assez rapidement à mon goût) ses années de jeune homme : la mort de son frère, qui en a fait l'héritier principal de son père, le plaçant à la tête d'une fortune considérable, la guerre en Europe, ses premiers mariages désastreux, etc. Il se lance des industries inouïes comme l'élevage du porc puis dans toutes sortes d'expériences (il suit des cours pour apprendre à jouer du violon, entre autres choses). Il dit s'être toujours senti incomplet, vouloir servir son prochain, se rendre utile. Je pense surtout qu'il souffrait d'hyperactivité… Il me semblait surtout antipathique.

Un jour, Henderson abandonne tout pour courir l'Afrique. Il dit vouloir satisfaire un besoin de spiritualité, quitter la civilisation pour trouver un monde plus pur, une nature pas encore entachée par l'action destructrice des hommes. Un but louable, bien sur, mais était-ce réaliste ? Même en ce milieu de XXe siècle ? Malgré son humanité qui transpire de temps à autre, cet homme montre tout de même un brin de complexe de supériorité blanche-américaine. Même s'il essaie fort, il ne pourra jamais comprendre les «sauvages» qu'il coitoie. Pire, malgré ses bonnes intentions, il se retrouve à détériorer leur situation. Par exemple, en voulant en débarrasser un puits des grenouilles qui y pululaient, il détruit le bassin par la même occasion. Son geste provoquera assurément une famine mais il ne prend pas le temps de le découvrir ou d'aider, il se dépêche plutôt à s'enfuir.

Ainsi, Henderson se réfugie plus au nord, à la cour du roi Dahfu. D'autres péripéties encore plus invraisemblables lui arrivent. Entre autres, il se fait sacrer ‘'roi de la pluie'', un titre surtout honorifique (du moins, à première vue). Il s'avère que Dahfu a étudié brièvement la médecine en Occident. Toutefois, ça ne l'empêche pas de porter foi à de nombreuses traditions locales, dont une chasse au lion qui se transforme en cérémonie rituelle pour communiquer avec l'âme d'un défunt, en un rite initiatique. Les deux hommes parlent longuement (en termes de temps mais aussi de pages !), le roi essayant d'expliquer à l'Américain sa vision du monde. J'ai trouvé cette partie longue, très longue. Même si on appréhende toujours une catastrophe (venant de la cour du roi, du lion qui rôde, etc.), elle arrive tardivement.

Finalement, la renaissance spirituelle de Henderson, cet anti-héros improbable, ne se produit pas, le cinquagénaire doit quitter en catastrophe l'Afrique et rentrer chez lui. La fin laisse présager qu'il ira vers d'autres aventures. le Grand Nord ? Après tout, il lui est impossible de rester en place trop longtemps. Mais rendu à ce point, j'avais seulement hâte de terminer la lecture de ce roman. Après plus de 500 pages, je me demande encore quel était le but recherché par Saül Bellow en écrivant et publiant le faiseur de pluie. Surtout que c'est parfois confus, la chronologie est étrange (je me mélangeais entre les différentes ex-femmes de Henderson et les événements qui les concernent) et certaines informations sont racontées dans le désordre, comme si elles avaient été oubliées ou pensées après-coup. Je referme ce bouquin assez perplexe.
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