Celui qui veut gouverner le pays doit d'abord le divertir.
Il se trouve que mon enquête informelle montre que neuf personnes sur dix s’attendent à voir leurs parents dans l’au-delà. Mais suis-je prêt à passer l’éternité avec eux?
(Gallimard, p. 162)
Vos jours filent plus vite que la navette du tisserand. Ou qu’une pierre lancée en l’air […] et retombant vers le sol sous l’effet d’une accélération de dix mètres par secondes carrées — une métaphore de la vitesse terrifiante de l’approche de la mort. Vous aimeriez que le temps soit aussi lent qu’il était lorsque vous étiez enfant — chaque jour une vie entière.
(Gallimard, p. 131)
Les écrivains ne font pas de bons maris. Ils réservent leur Éros à leur art.
Autrefois, il y avait encore une considérable communauté de lettrés dans notre pays, et la médecine et le droit n'avaient pas encore divorcé d'avec les humanités, mais dans une ville américaine d'aujourd'hui vous ne pouvez plus compter sur les médecins, les avocats, les hommes d'affaires, les journalistes, les hommes politiques, les architectes ou les négociants pour discuter des romans de Stendhal ou des poèmes de Thomas Hardy.
Ravelstein soutenait cependant qu’on rencontrait peu de grandes personnalités parmi les scientifiques. De grands philosophes, peintres, hommes d’État, juristes, oui. Mais les hommes ou les femmes de sciences à l’âme supérieures étaient extrêmement rares. « C’est leur science qui est supérieure, pas la personne. ».
Pourquoi faut-il toujours que ce soient les choses les pires qui te paraissent réelles ?
Les écrivains sont censés nous faire rire et pleurer. C'est ce que demande l'humanité.
En l'occurrence, l'idée était que la bonne conduite en toutes circonstances était un très mauvais signe.
L'atmosphère solennelle, façon 'derniers jours de Socrate" n'était pas son style. Ce n'était pas le moment d'être quelqu'un d'autre - même pour Socrate. Vous vouliez plus que jamais être ce que vous aviez toujours été. Il n'allait pas gâcher ses derniers moments à être un autre.
Rares sont ceux qui ne se rendent pas compte que si l'on ne s'applique pas à guérir, on est un mort vivant, en sursis.
Je fais ce que je peux des faits. il vivait selon ses idées.
son savoir était bien réel, et il pouvait l'étayer par des réfé-
rences précises. Il était là pour aider, pour éclairer et
remuer, pour faire en sorte, s'il le pouvait, que les grandeurs
de l'humanité ne s'évaporent pas entièrement en bien-
être bourgeois, etc. Il n'avait rien de moyen dans la vie de
Ravelstein. Il n'acceptait ni la lourdeur d'esprit ni l'ennui.
La dépression non plus n'était pas tolérée. Il me supportait
pas les humeurs cafardeuses. les maux, quand il en avait,
étaient physiques.
Gallimard, Paris, 2002, p. 69
[ ...] Je ne cesse de plaider pour la cause des Français.
Dans n'importe quelle rue, il était possible d'acheter
une baguette,un caleçon taille grand patron*, de la bière,
du cognac, du café ou de la charcuterie*, Ravelstein était
un athée, mais il n'y avait aucune raison pour qu'un athée
ne soit pas influencé par la Sainte-Chapelle, ne lise pas
Pascal.
Gallimard, Paris, 2002, pp. 59-60