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Critique de Gataparda


J'aime bien lire les avis publiés avant de me plonger dans un roman : cela peut éviter bien des déconvenues, mais je n'en conserve pas moins mon esprit critique et me méfie des appréciations qui peinent à se dégager d'un ressenti hypersubjectif, du genre : "J'ai aimé ceci, je n'ai pas aimé cela, les phrases sont trop longues, les mots trop compliqués", etc.
En l'occurrence, j'ai bien fait de passer outre, car si Sous le Soleil de Cendres n'est pas un chef- d'oeuvre absolu, c'est en tout cas un roman qui m'a fait passer d'excellents moments et mérite une critique littéraire sérieuse.

L'intrigue
Je ne ferai qu'effleurer l'intrigue que les autres lecteurs ont déjà bien résumée : dans un univers utopique, l'Instance, qui succède à une catastrophe planétaire, une jeune détective mandatée par le gouvernement mondial doit élucider trois meurtres de scientifiques de haut niveau. Son enquête l'amènera à découvrir des réalités aussi effroyables qu'inattendues qui bousculent la foi qu'elle avait dans le système où elle a toujours vécu. le cheminement narratif repose sur une accélération progressive de l'action et des découvertes, émaillée de retournements de situations qui ne manquent pas de piquant. Deux récits sont ainsi menés en parallèle : celui de l'enquête et celui de la dissection psychosociologique du monde « utopique » de l'Instance.

Les personnages
Sans surprise c'est celui de Lyla, l'enquêtrice, qui m'a le plus intéressée. Jeune femme formatée par son éducation et heureuse de l'être, on la voit peu à peu évoluer et perdre ses repères pour se retrouver in fine dans une incertitude totale qui présage mal de sa réinsertion dans l'Instance. C'est en fait cette évolution qui donne son épaisseur au personnage : trop de héros finissent sur leur lit de mort avec la même mentalité qu'à leur sortie de l'utérus.
La galerie des personnages secondaires est également traitée avec relief, voire truculence. Les scènes du bagne où se croisent brutes sans remords, assassins en quête de rédemption, victimes pathétiques et mystiques disgraciés apportant la consolation aux autres bannis est très représentative de cette diversité humaine (qui ne se limite pas là).

Le style
C'est encore une des qualités du roman : comme pour l'héroïne, les auteurs ont su adapter leur écriture aux situations : rapide et nerveuse, voire rugueuse dans les scènes d'action et les passages dramatiques, plus ample et précise à la fois dans les réflexions de Lyla, qui découvre pas à pas comment une utopie peut se nourrir de la pire des dystopies.

La dernière partie du roman
Il semble qu'elle ait déconcerté certains lecteurs, probablement peu familiarisés avec la science-fiction. Pour ma part, ayant dévoré Philip K. Dick tout cru depuis des années, je n'ai guère été dépaysée. La filiation entre les Belmas et cet auteur est évidente : l'idée scientifique d'introduire des univers dont la consistance dépend de la probabilité de l'information qu'ils renferment rappelle Siva, l'une des dernières oeuvres du grand maître.

En somme, voici un roman captivant et bien ciselé, que je conseille à tous ceux qui aiment le mélange des genres (SF, fantastique, thriller, enquêtes…) et les rebondissements inattendus à la John Dickson Carr.
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