Quand je repense à l'année 1928, l'année où j'ai fait mes premières aquarelles, il me semble que si je n'avais pas découvert cet exutoire, je serais devenu fou. Mon oeuvre écrite ne me menait nulle part, ma vie domestique était des plus désordonnées et mes capacités à mendier réduites à zéro. Quand je découvrais les ressources de ma main gauche, ("la main gauche est la main du rêve"), je fus d'une activité débordante. Je me mis à peindre le matin, le midi, et le soir, et quand j'étais à court de peinture, j'utilisais des crayons, du fusain ou des morceaux de charbon. (Le papier de boucherie tâché de sang donne toujours des effets surprenants avec du charbon.) Mon esprit était toujours actif, car je voyais tout sous un jour nouveau, mais j'avais l'impression de peindre avec une partie cachée de mon être. Mon esprit ne cessait pas de bourdonner, comme une roue qui continue à tourner quand on la lâche, mais il n'était plus ivre et épuisé comme après quelques heures d'écriture. En jouant, (cela n'a jamais été pour moi un vrai travail), je sifflais, je fredonnais, je dansais d'un pied sur l'autre, et je me parlais à moi-même.
Peindre, c'est se remettre à aimer. Pour voir comme le peintre voit, il faut regarder avec les yeux de l'amour. Son amour à lui n'a rien de possessif : le peintre est obligé de partager ce qu'il voit. Le plus souvent il nous fait voir et sentir ce que nous ignorons ou ce contre quoi nous sommes immunisés. Sa manière d'approcher le monde vise à nous dire que rien n'est vil ou hideux, que rien n'est banal, plat ou indigeste si ce n'est notre propre puissance de vision. Voir n'est pas seulement regarder ; ce qu'il faut c'est regarder-voir ; c'est pénétrer du regard et observer.
Peindre, c'est se remettre à aimer. Pour voir comme le peintre voit, il faut regarder avec les yeux de l'amour. Son amour à lui n'a rien de possessif: le peintre est obligé de partager ce qu'il voit. Le plus souvent, il nous fait voir et sentir ce que nous ignorons ou ce contre quoi nous sommes immunisés. Sa manière d'approcher le monde vise à nous dire que rien n'est vil ou hideux, que rien n'est banal, plat ou indigeste si ce n'est notre propre puissance de vision. Voir n'est pas seulement regarder; ce qu'il faut, c'est regarder-voir; c'est pénétrer du regard et observer.
La pratique de tout art exige plus qu'un simple savoir-faire. Il ne suffit pas seulement d'aimer ce que l'on fait, il faut encore savoir comment faire l'amour. Dans l'amour, la personne est effacée. Seule compte la personne aimée. Que ce qu'on aime soit une coupe de fruits, une scène pastorale ou l'intérieur d'un bordel importe peu. On doit y être et y être complètement. Avant qu'un sujet puisse être transformé esthétiquement il faut le dévorer et l'absorber. Et si c'est une peinture elle doit exhaler l'extase.
Chez les peintres comme chez les écrivains, on trouve ceux qui s'accrochent à leurs armes et qui suivent la trace comme de bons limiers et ceux qui s'installent comme des oiseaux de proie sur une corniche ou sur un surplomb imaginaires prêts à fondre sur l'incident heureux qui les amènera à un port inconnu dont ils n'avaient jamais rêvé. Et chacun dans la mesure où il suit la pente de sa nature, parle une langue différente des autres.
Un roman envoûtant sur celle qui fût la muse de l'écrivain Henry Miller.
Au fin fond de l'Arizona, une femme affaiblie s'est réfugiée dans le ranch de son frère. À ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre dans un dancing de Broadway, elle l'a encouragé à écrire, a été son épouse et l'a entretenu pour qu'il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s'appelle June Mansfield.
Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n'a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l'auteur de Tropique du Cancer et d'Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n'a jamais livré sa vérité.
Emmanuelle de Boysson nous entraîne dans le New York de la Prohibition et le Paris des années 1930. Elle fait revivre cette personnalité fantasque, ô combien attachante, et recompose le puzzle d'une existence aux nombreuses zones d'ombre.
https://calmann-levy.fr/livre/june-9782702185117
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