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4,09

sur 222 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel choc! Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par l'épilogue de ce terrible roman (dans tous les sens du terme). Sans rien en dévoiler, je vous dirai simplement qu'il vous surprendra et ne pourra vous laisser indifférent. Et si je vous en parle d'emblée, c'est parce qu'il est à l'image de tout le roman, très loin du politiquement correct, se jouant des codes et de la bienséance. S'il n'était signé par une femme, j'imagine même qu'on aurait volontiers taxé l'auteur d'«affreux macho».
Sauf que Bénédicte Belpois a plus d'un tour dans son sac pour torpiller ce jugement à l'emporte-pièce, en particulier une habile construction.
Mais venons-en au récit qui s'ouvre sur une première scène forte en émotions: Tomás vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer et que ses jours sont comptés. de retour dans son exploitation agricole située dans un village de Galice, il choisit de raconter que les médecins lui ont trouvé une pleurésie et de continuer à travailler dans ses champs.
Quand il rejoint ses amis au bistrot, une surprise l'attend. Álvaro s'est adjoint les services d'une jeune femme qui a quitté la Suisse pour partir vers le sud et qui, après quelques pérégrinations va finir chez lui. Une serveuse dont il fait peu de cas : «Elle parle pas espagnol. Tu peux lui dire qu'elle est conne, elle comprend pas. Tu peux l'insulter, elle bouge pas d'un poil. La femme idéale, j'te dis.»
Celle qu'Álvaro a décidé d'appeler Suiza va subjuguer Tomás. Son innocence, son visage, ses cheveux blonds, son odeur vont le rendre fou. «J'étais comme un dingue. Un prédateur. J'avais envie de la mordre, là où les veines battent, et de ne lâcher son cou que lorsqu'elle aurait fini de se débattre. Me revenait en mémoire une scène similaire de renard étouffant une caille, la froideur scintillante de ses yeux patients et déterminés. Je me suis levé, au ralenti, tout doucement, pour la surprendre, la coincer au plus vite. J'avais au moins trois têtes de plus qu'elle, ça allait être facile.»
Comme Álvaro avant lui, il va prendre la jeune femme et l'installer chez lui.
Donnant la parole à Suiza, Bénédicte Belpois va retracer le parcours de la jeune femme et détailler son état d'esprit. Il n'y est nullement question de rancoeur ou de colère mais bien davantage de se construire une nouvelle vie.
À force d'attentions et de persévérance elle va gagner le coeur de Tomás. Lui qui s'est retrouvé très vite marié et qui aura très vite perdu cette épouse décédée d'un cancer bénéficie en quelque sorte d'une seconde chance. Avant de partir à son tour, il veut offrir à Suiza un avenir, lui montre comment gérer la ferme, lui offre des cours d'espagnol, lui fait découvrir la mer, lui offre une garde-robe, encourage ses talents artistiques…
De cette rencontre d'êtres meurtris, Bénédicte Belpois fait une épopée tragique, un opéra en rouge et noir que l'on pourrait fort bien lire sur un air de Carmen:
L'amour est enfant de Bohême,
Il n'a jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime,
Si je t'aime, prends garde à toi.

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Malgré tout, j'ai aimé ce roman.
Mais j'ai besoin de commencer mon avis par une citation (vous qui n'avez pas encore lu le roman, ne la lisez pas au risque de comprendre la fin) de Luc Frémiot, ex-procureur aux assises de Douai : "Dans le langage commun, un crime passionnel est un crime commis par amour... Je dois vous dire que depuis que je viens requérir aux assises, je n'en ai pas encore rencontrés. Des actes criminels réalisés par colère, par désir, par jalousie, oui. Mais pas amour, certainement pas, à moins que cela ne soit pas amour de soi. "
Ce roman est l'éveil d'un homme rustre.
La candeur de Suiza, son abnégation, sa douceur, sa joie de vivre et sa façon de dire merci vont le faire grandir ; pas assez.
Alors oui, Suiza est abusée par les hommes mais je me suis attachée à cette femme lumineuse, à Ramon, à Agustina, à "mon prince" et même à lui.
La fin m'a bouleversée.
La plume simple et limpide m'a embarquée dans cette histoire émouvante et poignante.
Luc Fremiot : "Je crois tout bonnement qu'en dehors de l'euthanasie, on ne tue pas par amour. Cela n'empêche pas mes contradicteurs en robe noire de voir l'amour partout : tous les maris trompés, c'est bien connu, tuent pas amour".


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Gallimard édite ce premier roman, et à mon humble avis ce ne sera pas le dernier.
La force de ce roman au goût âpre réside dans l'atmosphère créée par l'auteur.
Tout d'abord l'Espagne, la Galice plus précisément, un petit village où les femmes sont discrètes et les hommes rudes, travailleurs, ils ont le sang chaud.
C'est ainsi qu'est Tomas, gitan, propriétaire de nombreux hectares et de pas mal d'argent , il a fait de belles études .
Il a 40 ans et vient d'apprendre qu'un cancer du poumon le condamne à brève échéance.
Dans "le"café du village arrive une nouvelle servante-serveuse, elle serait suisse, d'où Suiza.
Elle semble un peu simplette, menue, la peau très pâle, blonde.
Tomas la veut, il la prend. Il est bestial.
Et c'est ainsi , sur un laps de temps assez court que ces deux là vont , non sans brutalité pour l'un et relative soumission pour elle, apprendre ce qu'est l'amour, eux qui ignoraient ce que ce mot pouvait contenir. La fin du livre rappelle que ce n'est pas un roman rose. La violence, le sexe, la violence aussi des sentiments sont présents dans ce texte d'une rare force. Bénédicte Belpois est sage-femme et il est facile bien sur d'écrire qu'elle a accouché là d'un roman d'une sensualité , d'une désespérance et d'un besoin de vivre sans pareils. En revanche, ce roman n'est pas à conseiller aux féministes radicales! J'imagine bien les cris d'orfraie.
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En me lançant dans « Suiza », je me jetais dans l'inconnu. Je ne connaissais même pas le thème du livre. C'est aussi ça la joie des jurys littéraires : découvrir des nouveautés, à l'aveuglette, sans aprioris.

Le texte est écrit par une femme. Cela pourrait être anecdotique mais c'est important de le préciser parce qu'à sa lecture, vous aurez du mal à penser que ce ne n'est pas un homme qui raconte. En effet, Bénédicte Belpois réalise le tour de force de nous faire entrer dans la tête de Tomas, un homme rustre et macho comme l'étaient souvent ceux de l'époque. Se passant des filtres de la bienséance, l'esprit du paysan déverse ses pensées de manière décomplexée et c'est souvent trivial. Dans ces lieux reculés, les gars n'y vont pas par quatre chemins, surtout lorsqu'il est question de la gente féminine. Ils assouvissent toutes ses envies, même les plus primaires, sans demander la permission. de par ce côté bête et impulsif, le personnage principal peut apparaître antipathique.

La langue de l'auteure peut aussi ne pas plaire à tout le monde. En effet, pour être au plus près de la réalité, le récit à la première personne se met à hauteur du narrateur et de l'environnement qui l'entoure. Il est donc parfois un peu vulgaire et brut de décoffrage, immergé dans le milieu rural.

Mais sous ses airs rudes, ce roman noir est surtout un beau roman d'amour. La petite Suiza, jeune fille simplette et torturée, qui était au départ un objet de convoitise, va devenir au fil de l'histoire une bouée de sauvetage pour Tomas. Il va se redécouvrir en mari aimant et développer des sentiments nouveaux. Les deux amoureux vont se sauver mutuellement jusqu'à ce que le destin en décide autrement.

Bénédicte Belpois offre avec « Suiza » un premier roman âpre, avec quelques petits dérapages, mais dont j'ai aimé l'ambiance parfaitement maîtrisée et la puissance des émotions.
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Suiza est le premier roman de Bénédicte Belpois et elle se glisse avec beaucoup de savoir faire dans la peau de son héros, Tomas, un agriculteur espagnol plutôt taiseux, renfermé. L'intrigue se situe en Galice, le soleil et la chaleur irradient les pages de ce livre mais ce ne sont pas les seuls éléments qui font monter la température. L'arrivée d'une mystérieuse jeune femme, qui ne parle pas et semble un peu arriérée ne laisse aucun homme indifférent. Suiza transpire la sensualité, la vie. de son côté, Tomas semble éteint. Veuf depuis qu'un cancer a emporté sa toute jeune femme des années auparavant, c'est à son tour d'être frappé par la maladie. Ils sont le jour et la nuit. L'obscurité et la lumière. Elle n'a croisé que des hommes qui ont profité de sa naïveté, il pensait que sa vie était déjà terminée. Leur dialogue commence par le mélange des peaux, ils vont s'apprivoiser, se découvrir, entrevoir la possibilité d'une vie plus lumineuse... peut-être.
Un roman d'amour, solaire, charnel, qui dégage une belle sensualité, fait la part belle à la simplicité des sentiments, à l'amitié et invite à savourer la vie par le bon bout.
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En préambule je voudrais signaler que je déconseillerai la lecture de ce billet aux personnes qui souhaiteraient lire ce livre.
Un livre qui au vu des critiques ne laisse pas indifférent et à juste titre.
Pour la quasi totalité du récit je suis assez d'accord avec la majorité des critiques plutôt positives:
histoire d'amour passionnée, dense, crue, un roman terrien, ultra réaliste écrit dans un style tout aussi brut et incisif. Seule la fin, la dernière page, m'a laissé dubitatif et c'est bien peu de le dire.
Pendant toute l'histoire, Suiza par sa seule présence naturelle et spontanée, à la fois pleine de candeur et de sensualité fait sortir de son état de reptilien Tomas (le narrateur), un paysan de Galice tout ce qu'il y a de plus primaire, violent et macho. Et l'alchimie entre les deux personnages fonctionne, au fil des pages même si le sort de Tomas est déjà scellé, on le voit s'ouvrir, s'améliorer, devenir meilleur. Alors on se plait à croire, à espérer à une fin pour le moins rédemptrice.
Et bien non, Tomas décide d'emporter avec lui dans la mort l'unique lumière qui pouvait le sauver.
"Je n'aurais pas de remords, juste une tristesse infinie" dit-il.
Dénouement terrible et désespérant et de surcroit incompréhensible pour le pauvre lecteur que je suis, j'aurais tant aimé une autre fin.
J'en conviens, j'en conviens l'auteur a tous les droits et puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient.
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Une histoire d'amour, de maladie et qui se passe en Galice. Tomàs apprend qu'il a un cancer, et cela fera partie intégrante du roman, ainsi que l'amour cru.
Tomàs est agriculteur, radin et veuf, dont la femme est morte d'un cancer. Il travaille dûrement, son seul divertissement est d'aller boire un coup au bar du village, jusqu'au jour où il croise le regard de Suiza, celle-ci est native de la Suisse d'où son prénom.
Elle ne parle pas espagnol et paraît simplette et idiote aux yeux de tout le village.
Tomàs fera d'elle sa femme. Elle apprendra l'espagnol, fera de la peinture et aidera Tomàs à traverser cette période difficile.
Pour un premier roman, c'est une réussite. Les personnages sont attachants et très bien décrit. Un roman âpre et sensuel pour une fin inattendue.
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Le thème de la fille sensuelle avec un léger grain qui fout le bordel dans un petit pays n'est pas nouvelle. Il suffit de se souvenir de « Elle » (Adjani) dans l'été meurtrier (Sébastien Japrisot), de « Lilas » dans l'été en pente douce (Pierre Pelot) ou même de « Betty » dans 37,2° le matin (Philippe Djian). Une fille qui baise comme on moissonne (c'est la nature), un type qui en pince pour elle et un village qui s'en trouve totalement bouleversé. Suiza ressemble plus à la fille rousse « Therèse H. » du film de Walerian Borowczyk (cité par l'auteur) qu'à la gracile Adjani mais pour le reste, il y a beaucoup de similitudes. Ajoutons-y la sensualité de « Jamon, Jamon » (Bigas Luna) et la boucle est bouclée. D'ailleurs, dans les références hispaniques, ce serait plutôt du côté de « Lucia y el sexo » qu'il faudrait aller pour la confrontation permanente entre éros (Suiza) et Thanatos (le cancer de Tomas). Dans ce village de Galice, le bonheur est fugace et la mort attend son heure. Malgré ce petit manque d'originalité, Suiza est un roman jouissif qu'on ne lâche pas facilement. L'auteur a construit des personnages forts, cohérents, qu'on regrette d'abandonner à la fin du livre. L'évocation du désir et de ses contingences, est remarquable. En lisant les scènes de sexe, brute et sensuelle, on se dit que les écrivaines sont souvent plus douées que les hommes pour écrire des scènes de cul qui nous émoustillent. Sans doute parce que la sexualité masculine ne leur fait plus mystère et que, venant d'elles, la grossièreté assumée passe plus facilement. À ce propos, je déplore juste les chutes de ton de la sodomie dans les roseaux ou les références à Stallone (inutiles). Et puis Suiza peintre, ça fait carte postale. Il faut se rappeler que c'est un premier roman. Il en a toutes les qualités (verve, candeur) et presqu'aucun défaut (naïveté). Une belle découverte.
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Que Tomas soit veuf, égoïste, brutal et mal dans sa peau ( j'aurais dû commencer pas là) n'explique pas la violence avec laquelle il fait de Suiza sa femme.
Elle , Suiza, on la croit suisse et ici dans ce village de Galice on la prend pour une demeurée. Simplette mais attirante au possible. les hommes au bar de Ramon la reluquent et font de lourds commentaires.
C'est un roman étrange, fait de sensualité parfois brutale et très crue et d'une poésie remarquable.
Bénédicte Belpois pour ce premier roman signe un texte de qualité, que je n'oublierai pas de sitôt.
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Un vrai choc ! Un roman qui commence comme un truc de cul bien torride et… bien en peine avec les nouvelles masculinités…

Et, petit à petit, Bénédicte Belpois m'a emmené là où elle voulait, et je l'ai suivie… Bon gré, mal gré… Un premier roman d'une magnifique construction, d'une grande ampleur et tout en délicatesse.

L'histoire d'un paysan de Galice, tout malade qui tombe raide dingue amoureux de Suiza, une fille un peu paumée.

Mais merde ! Quelle fin ! Pourquoi ?

Et, s'il vous plaît, les mecs violents et les femmes qui ne sauraient que faire sans eux (à part le ménage et la cuisine) … on en a un peu soupé, non ? Pourquoi construire un personnage sympathique avec ce qui ressemble quand même bien à un gros connard… Avec ça, je suis très moyen fan.
Lien : https://www.noid.ch/suiza/
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