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3,75

sur 399 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
*** Rentrée littéraire #7 ***

C'est l'histoire d'un quartier marseillais ultra populaire, là, juste derrière le Vieux-Port, le Panier avec ses logements insalubres et ses ruelles étroites, porte d'entrée de la population immigrée depuis la seconde moitié du XIXème siècle, italienne, corse, maghrébine, comorienne. C'est une histoire d'amitié née dans les années 90 et qui se délite à mesure de la gentrification du quartier, sa réhabilitation avec le projet Euroméditerranée en chassant les plus pauvres vers les périphéries et les quartiers Nord.

Il n'y a pas vraiment d'intrigue à proprement parler avec un scénario cause / conséquences tout tracé et des actions factuelles. Fait d'une succession de scènes, le récit est une déambulation sentimentale dans le Marseille des années 1990 et d'aujourd'hui vu au travers du regard du narrateur, Stress ,« figure rose » de la bande multiethnique, le seul Blanc atterri au Panier par le militantisme d'une mère puissante ( formidable personnage ). Sa narration alterne passé ( années 90 donc ) et présent où il végète à l'aube de la quarantaine, artiste un peu looser, un peu branlos aussi, tentant de retrouver le parfum de son adolescence aux côtés de Ichem, Kassim, Djamel et Ange.

On s'amuse beaucoup avec Hadrien Bels, mais jamais aux dépens de quelqu'un, sa plume est trempée à la tendresse humaine, jamais au cynisme facile, juste acide ce qu'il faut quand il le faut. Son écriture rafraichit, emplie d'une oralité vive qui explose dans des dialogues savoureux. Souvent hybride, inventive et insolente, la langue sonne vrai, sous influence méditerranéenne, mâtinée de rap et de raï, avec des punchlines réjouissantes qui donnent envie de lire le roman à voix haute.

Le récit avance avec le sourire, avec cependant un petit ventre creux vers le milieu et une sensation de répétitions un peu trop présente parfois. Mais dans le dernier tiers, les mots se font plus nostalgiques, l'auteur a grandi et le difficile passage à l'âge adulte fait ressortir une douce mélancolie.

« La ville s'est couchée, je roule sur son dos avec des odeurs de poulet braisé dans le nez. Boulevard national, des bars pleins de vieux à la cornée abimée qui boivent leur thé en trempant leur nez dedans. (…) de petites comoriennes jouent à la corde à sauter en pyjama et des mecs sortent des salons de coiffure en se croyant beaux. J'ai encore des sentiments pour cette ville. Tout est encore possible entre nous. de nouveau envie de la filmer et de l'écouter me raconter ces histoires de vies, qui, bout à bout, me transportent de l'autre côté de la Méditerranée, dans ces ruelles où l'o, vend des cigarettes et des brochettes de foie à l'unité. Où l'on jette par terre papiers, mégots, canettes de coca. Là où les mouettes, les chats et les rats viennent se battre. Une ville doit dégager nos odeurs de crasse et nos instincts animaux. Elle doit raconter nos vies et nos drives. Une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses. »

Marseille est vraiment la star de ce roman, décrite avec beaucoup de coeur, sans le folklore habituel que la ville suscite. Derrière chaque scène, chaque tableau, c'est tout l'amour de l'auteur pour sa ville et son quartier qui explose de façon très charnelle, sensorielle et organique, de façon très personnelle aussi.

Mieux qu'un reportage, Cinq dans tes yeux décrypte et donne à voir le mécanisme de gentrification et l'arrivée des « Bobos », surnommés les Venants avec leurs gueules d'héritiers, qui effacent en silence, à coup de rénovations, tout un écosystème au centre des villes, écartant les classes populaire vers les périphéries. C'est rare de lire un roman aussi sensible et géographique à la fois, à la fois intime et inscrit dans un territoire collectif qui s'est métamorphosé vitesse grand V. Hadrien Bels n'écrit pas que pour faire sourire mais pousse à réfléchir sur nos modes de vie urbains et de façon générale sur les identités qui fluctuent au cours d'une vie.

Un premier roman très convaincant plein de verve et de sève incontestablement prometteur.
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Quel jongleur de mots cet Hadrien Bels !
Quel talent pour les articuler en métaphores aussi mémorables que déconcertantes !
Quelle musicalité joyeuse et ensoleillée puis grave et parfois mièvre exprime sa plume ou sa voie, car je me suis demandé s'il avait écrit ces pages ou s'il les avait exprimé devant un magnétophone ?
Cette déambulation marseillaise dessine une succession de scènes vécues sans s'inscrire dans un scénario classique … pourquoi pas … Victor Hugo publia « choses vues » après tout.
Les acteurs enchainent les épisodes dans une certaine confusion qui égare parfois le lecteur. L'auteur met l'accent sur la bande et non sur ses membres d'où le ressenti que ces garçons sont plus des caricatures que des originaux.

Une personne survole le récit, à mes yeux, c'est Fred admirable femme engagée, mère et enseignante. Contraste saisissant dans un scénario où les femmes sont parfois des objets de consommation, les pères souvent absents et l'éducation déficiente.

Marseille est l'autre vedette du film, mais je ne partage pas la vision du rédacteur qui confond ville et décharge publique et glorifie ceux qui jettent par terre papiers, mégots et canettes. Comment en notre époque où l'écologie et le développement durable sont d'ardentes priorités peut on tolérer de telles phrases !

C'est pourquoi cet ouvrage m'a finalement déçu car Marseille mérite mieux que la crasse et le désordre et il est appréciable que ses quartiers délabrés soient réhabilités afin que « plus belle soit la vie » comme le promet la série télévisée marseillaise. Mais ce n'est que mon humble avis et j'espère que Hadrien Bels n'en restera pas là car sa langue est aussi originale que sincère.
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Un peu déçue.
Ce qui est réussi dans ce roman c'est le style : original, style oral, inventif, vivant.
Stress est un jeune Marseillais qui est né dans le quartier du Panier où il a de très bons amis et beaucoup de souvenirs. Mais le temps a passé, ses amis sont partis, lui essaie de devenir réalisateur de films et son quartier et sa ville ont changé car des " venants" ( des bobos) sont arrivés.
Il n'y a pas vraiment d'histoire ni d'intrigue.
C'est comme une déambulation dans Marseille. On sent qu'il aime sa ville mais je n'ai pas été touchée plus que cela.
Un livre qui sera vite oublié.
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Ce roman est une déambulation dans un Marseille qui se gentrifie.
On retient une plume originale, des moments de vie dans les années 90, la drogue, le sida, la petite délinquance, une certaine forme de violence et de solidarité aussi.
Et puis, de nos jours, les désillusions, le sexe, l'envie d'être artiste, le m'as-tu-vu, encore un peu de drogue et les copains qu'on ne voit plus.
Tout cela est très nostalgique, un peu ennuyeux aussi.
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"Cinq dans tes yeux", c'est cette expression maghrébine que l'on dit pour conjurer le mauvais oeil. Mais c'est aussi l'histoire de cette bande de cinq potes du quartier du Panier à Marseille. A l'époque, au début des années 1990, ils squattaient place des Moulins : ils aimaient y boire quelques canettes et y fumer des pétards. Puis le destin les a séparés. Depuis, le quartier a bien changé. Tout comme la ville. Avec l'arrivée des "venants" autrement dit les bobos, Marseille s'est gentrifiée... Cette Marseille populaire tant décriée à l'époque est désormais "en place". Mais il lui manque ce quelque chose qui faisait d'elle cette ville tant chérie et honnie à la fois... le temps a passé et c'est avec nostalgie que Stress, le blanc de la bande, entreprend d'écrire un scénario qui raconterait leur histoire...

A suivre les embrouilles de ces 5 "cailleras" dans les rues de la Marseille des années 90, je me suis souvenu de mes propres virées entre copines à l'époque : tout comme Hadrien Bels qui raconte la Marseille de sa jeunesse, je me suis revue à la fête du Soleil du Panier avec les enfants, les familles, les stands de grillades, la musique, l'alcool et les embrouilles de fin de soirée... Et tout comme lui, il me plait de me rappeler ce temps où Marseille était autre, avec ses codes, son langage fleuri, imagé, drôle... ses autochtones, fatigants parfois mais attachants souvent. Avec le temps, la ville change de visage comme toutes les villes. Mais quoiqu'on en dise, Marseille sera toujours Marseille... Voilà donc une authentique visite guidée de la Marseille des années 90 que je vous invite à découvrir...
Lien : https://embuscades-alcapone...
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Nostalgie, quand tu nous tiens...

J'ai hésité à lire ce livre. Marseillaise (une Venant de longue date), je n'aime pas lire tout ces livres clichés sur ma ville.
Mais ce n'est pas le cas dans ce récit où il n'y a pas vraiment d'histoire, l'auteur racontant sa jeunesse dans le quartier populaire du Panier.
Le thème de ce livre n'est donc pas Marseille, mais la nostalgie. Celle que nous pouvons éprouver lorsque la jeunesse est passée et que tous les repères de cette époque un peu folle ont changé.
J'ai trouvé ce livre emprunt de tristesse. Ce qui est passé ne reviendra pas, l'auteur en fait l'amère expérience.
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C'est brut de pomme, sans concession, et réaliste que cette enfance vécue au panier à Marseille, quartier populaire et mélangeant toutes ethnies. L'auteur se raconte dans cette jeunesse et nous émeut par ce rappel aux souvenirs. En parallèle, il scrute ce quartier aimé et qui n'est plus le même, où ses potes ne sont plus là. Un récit fort, drôle et émouvant.
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CINQ DANS TES YEUX de Hadrien Bels

Au fil des pages, le lecteur visite le quartier du Panier au centre de Marseille dans les années 90, il découvre la ville et sa mentalité avec Stress et ses potes du quartier, Kassim, Nordine et les autres. Et puis les touristes envahissant leur quartier et l'installation progressive des "venants", ces personnes qui viennent d'ailleurs, change la donne.

Un premier roman sensible sur un sujet lui-même sensible.
Un roman nostalgique sur le temps qui passe et les amitiés de jeunesse qui se délitent et le deuil à en faire...
Un beau portrait d'une ville magnifique aux multiples facettes dont les problématiques sont complexes.
Pas mal
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Il s'agit d'une plongée dans le quartier du panier. de l'enfance du personnage principal à sa maturité. de la gentrification de ce quartier historiquement populaire et multiculturel. du trafic, des larçins, de la drogue. du langage parlé.
Les constants allers-retours m'ont un parfois un peu perdue. J'ai eu du mal à comprendre qui était ce personnage, et où il en était.
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Stress, comme tout le monde l'appelle, a passé sa jeunesse dans le quartier du Panier à Marseille. Dans les années 90 il passe son temps à traîner avec sa bande, Ichem, Djamel, Kassim et Ange. C'est dans les quartiers de Marseille qu'il a tout appris de la vie et, devenu adulte, c'est sur cette adolescence qu'il veut faire un film, sur ce quartier populaire de l'époque désormais envahi par les bobos et les touristes.

Dans ce premier roman Hadrien Bels écrit sur sa ville et lui offre un très bel hommage, parlant de ses quartiers populaires, de ses beaux côtés comme de ses plus sombres. La narration alterne entre passé et présent, suivant une bande d'adolescents tous issus de cultures différentes et vivant leurs premières expériences.

Au delà du regard nostalgique et presque mélancolique de l'auteur, il amène le lecteur à une réflexion sur les changements profonds de cette ville qui a vu de nouveaux venus, appelés les Venants par ce groupe de jeunes, plus aisés, s'installer dans ce quartier multiculturel pour repousser ses habitants un peu plus loin et réhabiliter ces quartiers. Seulement cette transformation semble avoir également fait perdre l'âme de ce qui faisait ces rues, en tout cas c'est le point de vue que défend l'auteur.

Malgré l'engouement que ce roman a connu a sa sortie je dois avouer que je suis passée à côté de ma lecture et que je n'ai pas été touchée comme je l'avais imaginé. C'est en tout cas une belle occasion de faire découvrir Marseille, sous le regard bienveillant d'un auteur amoureux de sa ville.
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