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EAN : 9782804166335
192 pages
De Boeck Supérieur (05/03/2012)
2/5   1 notes
Résumé :
Le 17 décembre 2010, le jeune Mohamed Bouazizi s immole par le feu à Sidi Bouzid. Cet acte désespéré, qui concentre des frustrations de longue date liées aux inégalités sociales et régionales, à la corruption, au népotisme et au chômage est le point de départ d un grand mouvement populaire de protestation contre le régime de Ben Ali. Il débouchera, malgré la répression, sur la chute de la dictature et donnera l impulsion à d autres révoltes dans les pays arabes vois... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Hakim Ben Hammouda préfère à l'expression trop exotique de « Révolution de jasmin » celle de « Révolution démocratique ». Quelle que soit la façon dont on les désigne, les événements qui, depuis le suicide du jeune Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010, ont conduit à la fuite du président Ben Ali vers l'Arabie saoudite le 14 janvier 2011, ont révolutionné l'histoire de la Tunisie contemporaine et ouvert la voie du printemps arabe.
Economiste de formation, Hakim Ben Hammouda, déjà auteur de nombreux essais sur la difficile intégration de la Tunisie dans l'économie mondialisée, retrace la genèse de cette révolution qui, 20 ans après la chute du Mur et l'éveil démocratique de l'Europe de l'Est et de l'Afrique, fait mentir les thèses néo-orientalistes d'une exception arabe. Comme l'a montré le printemps arabe, de la Tunisie au Yémen, en passant par la Libye, l'Égypte ou la Syrie, les sociétés arabes ne sont pas hermétiques au message des Lumières. Son ouvrage, dense et concis, a deux qualités. La première est de replacer l'échec du régime tunisien dans une réflexion plus large sur le patrimonialisme et l'autoritarisme. La seconde est de revenir sur la généalogie de cette révolution à travers quatre chapitres historiques.
Hakim Ben Hammouda divise en effet l'histoire de la Tunisie en quatre périodes. La première est celles des années de modernisation autoritaire caractérisées par l'euphorie suscitée par les indépendances et l'espoir placé dans la transformation des structures archaïques de la société. C'est l'époque où le régime de Bourguiba conclut avec le peuple tunisien un pacte tacite : en contrepartie du développement social et de l'intégration dans les modes de consommation et de production modernes, les citoyens se voient refuser l'accès au champ du politique. Mais le hiatus entre une structure politique autoritaire et une économie de plus en plus libéralisée devient vite intenable. Ce sont les années de la contestation marqués par la révolte du 26 janvier 1978 et la « révolte du pain » du 3 janvier 1984. Arrivé au pouvoir grâce à un coup d'état de palais le 7 novembre 1987, Zin el-Abidine Ben Ali ouvre les années de la dictature High-tech. L'idée est de sortir la Tunisie de la crise de la dette en spécialisant son économie sur des niches de hautes technologies, sur le modèle des « dragons asiatiques ». Cette stratégie échoue. C'est la quatrième période : celle de la crise globale. Elles sont marquées par l'essoufflement économique qui induit des revendications sociales grandissantes, notamment de la part d'une jeunesse diplômée et désoeuvrée, et suscite une opposition politique de plus en plus déterminée.
Comme Bénédicte Hibou avant lui , Hakim Ben Hammouda souligne la faiblesse constitutive du pacte originel conclu par les régimes autoritaires. A la différence des régimes totalitaires fondés l'incessante mobilisation idéologique, les régimes autoritaires se caractérisent par la faiblesse de leurs référents idéologiques. Leur source de légitimation n'est pas politique mais économique selon une double logique d'adhésion et de prédation. Ce modèle permet d'enregistrer durant les premières années des taux de croissance importants. Mais il a ses limites. L'exacerbation des logiques de prédation en particulier freinera l'investissement privé, réduira les rentrées fiscales, aggravera l'endettement public et surtout exacerbera le sentiment d'injustice populaire.
le texte de Hakim Ben Hammouda, dont une première mouture avait été mise en ligne sur le blog de l'auteur dès le mois de mars 2011, souffre d'un défaut. Bien que publié en mars 2012, il n'évoque pas les élections de l'automne 2011, la victoire du parti islamiste Ennahda, la nomination de son chef au poste de Premier ministre et l'élection par l'Assemblée constituante de Moncef Marzouki, dirigeant historique de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, au poste de Président de la République.
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