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EAN : 9782020255837
188 pages
Seuil (02/06/1995)
3.64/5   650 notes
Résumé :
Suite de l'enfant des sables

Rappelez-vous ! J'ai été une enfant à l'identité trouble et vacillante. J'ai été une fille masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué, humilié parce qu'il n'avait pas eu de fils.

Comme vous le savez, j'ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d'entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici ou là. Ceux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne peux pas être objective en parlant de Tahar Ben Jelloun.
Quoi qu'il raconte, j'ai l'impression que la musique de ses mots parle directement à mon âme.
C'est par Tahar Ben Jelloun par exemple que j'ai découvert que la perception du temps est linéaire en Occident, et spiralée en Orient. Mais jamais il n'a utilisé de mots aussi basiques et creux pour me le faire comprendre.
Tout vient de ce grand bain d'impressions dans lequel vous attire Tahar Ben Jelloun. Vous vous approchez, naïf et objectif, vous vous croyiez rationnel. Vous ouvrez son livre, vous y trempez le bout d'un cil, et voilà. Vous êtes pris. Vous laissez monter la mer autour de vous, et peu de temps après, vous baignez dans son océan, vous respirez par son air, vous sentez les odeurs à sa façon, vous voyez les couleurs par ses yeux, vous ressentez le monde par le filtre de ses perceptions.
Chaque fois que je termine un livre de Tahar Ben jelloun, j'ai l'impression d'avoir gagné en humanité, parce que je me suis laissée entraîner par la sienne.

La Nuit Sacré ne fait pas exception à la règle. Je l'ai lu, je l'ai laissé m'envahir. J'ai été cette femme dont la vie d'enfant a été volée par son père qui voulait un fils. J'ai été son père, qui désirait tellement un fils, et qui a fini par libérer la vie de son enfant en laissant partir la sienne. J'ai été tous ceux que cette femme a croisé dans cette quête d'elle même, suite à cette re-naissance.
Et puis, j'ai repris pied dans ma vie. J'y ai posé un regard neuf, j'ai souri, et j'ai choisi ce que je voulais vivre. La joie avec la douleur, la liberté avec la solitude. Et au milieu, Moi.
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La nuit sacrée est la suite de l'enfant des sables.
Ici, le narrateur est l'enfant né fille mais élevé comme un garçon, et qui reprend sa propre vie après la mort de son père.
Nous avons donc l'occasion de connaître l'histoire de cette femme à travers son regard.
Reste une part de mystère, de mysticisme, de poésie orientale...
Souvenirs, affabulations, histoire améliorée ou rêvée ?
Tahar Ben Jelloun nous emmène encore dans un conte d'orient, et ce, pour notre plus grand plaisir...
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« Ni un corps de femme plein et avide, ni un corps d'homme serein et fort ; j'étais entre les deux, c'est-à-dire en enfer. »

Une rencontre.

Celle d'un homme, le « consul dans une ville imaginaire d'un pays fantôme » et d'une femme qui naît à la vie, un « de ces êtres exceptionnels issus d'une solitude absolue. »

Celle des mots de Tahar Ben Jelloun qui sait les doter de pouvoirs mystérieux, suspendant l'espoir dans un embrasement du temps où le soleil dévore la vie. L'humidité noire de la terre dont les odeurs assaillent la nuit dans ces lieux de morts alternait avec la vision de cet éclat aride de l'astre du jour qui pousse tout autant à l'anéantissement des êtres espérant une ultime résurrection ...enfin radieuse. « Enfin, vous voilà ! »

J'ai un peu honte. J'essaie de mettre des mots sur des odeurs, des couleurs que j'ai ressenties et vues tout au long de ma lecture et ne suis pas certaine qu'ils soient compréhensibles.

« J'avais peur de briser quelque chose de fragile et que je ne pouvais ni nommer ni oublier. »

La concision des chapitres me fit l'effet d'éclairs, de visions fulgurantes au détour d'une phrase, des impressions physiques très fortes « il avait parfois une douceur inquiète, quelque chose qui viendrait d'une animalité pure. » Ces sensations, ces émotions restent indélébiles. C'est assez étrange car je ne suis pas certaine de garder la trame en mémoire, elle s'efface déjà. Mon esprit est comme choqué ; je ne garde trace que de pensées, parfois violentes et profondes, dans une écriture somptueuse. Comme ces points sombres qui restent devant les yeux pour avoir trop regarder le soleil. J'avoue avoir été percutée de plein fouet par des réflexions douloureuses, belles et tragiques. Mais peut-être est-ce l'un des effets escomptés par l'auteur ? Je le lis et « je me fie uniquement à mon intuition et à mes émotions ». L'émotion était au rendez-vous, « il m'arrive parfois de vivre par procuration. »
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Tout commence comme un conte oriental . Il ou plutôt elle a été contraint(e) par son père de vivre en tant que garçon . Dans une telle société patriarcale, tout passe par l'homme l'honneur,le nom, l'héritage. La mort de son père au cours de la 27 ème nuit de Ramadan ou nuit sacrée va lui rendre sa liberté . ...Commence alors pour cette jeune femme enfin redevenue fille une période de reconstruction, de solitude et d'espoir.
Le conte se poursuit, mais le malheur est là qui la guette.
Il m' a semblé que Tahar Ben Jelloun saisissait le prétexte du conte pour nous parler de façon à peine voilée de son pays natal ,Le Maroc, alors sous le règne d'Hassan II.Certaines scènes sont dures , extrêmement dures même mais tellement inspirées par les faits . Alors bien sûr chacun peut y trouver ce qu'il a envie , une merveilleuse histoire d'amour au milieu de la tourmente, ou un cri contre la torture, les sévices subis par la femme ...
Je me suis parfois un peu noyée dans des pages frôlant le merveilleux vite rattrapée par les rêves prémonitoires . Je ne sais au final si cette lecture m'a comblée en tous cas elle m'aura permis de découvrir la très belle plume de Tahar Ben Jelloun n'est-ce pas déjà un très beau présent .?
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L'écriture est belle, ciselée, pourtant ce roman étrange, Prix Goncourt 1987, n'est pas mon oeuvre préférée de Tahar Ben Jelloun. Je me souviens d'ailleurs avoir rencontré quelques difficultés avec "L'enfant de sable" qui était la première partie de ce livre. Livre bien trop "ésotérique" à mon goût; à mon grand regret il ne fera pas partie de mes coups de coeur.
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Citations et extraits (170) Voir plus Ajouter une citation
Après le thé, il se leva :
- Il faut que j'y aille; les gosses sont terribles. J'essaie de leur faire apprendre le Coran comme je l'aurais fait avec une belle poésie, mais ils posent des questions embarrassantes, du genre : "C'est vrai que les chrétiens iront tous en enfer?" ou alors : "Puisque l'islam est la meilleure des religions, pourquoi Dieu a attendu si longtemps pour la faire répandre?" Pour toute réponse je répète la question en levant les yeux au plafond : "Pourquoi l'islam est arrivé si tard?"... Peut-être que vous, vous connaissez la réponse?
- J'y ai déjà pensé. Mais voyez-vous, je suis comme vous, j'aime le Coran comme une poésie superbe, et j'ai horreur de ceux qui l'exploitent en parasites et qui limitent la liberté de la pensée. Ce sont des hypocrites. D'ailleurs le Coran en parle...
- Oui, je vois...je vois...
Après un silence il cita le verset 2 de la sourate "Les impies" :
- "Ils se font un voile de leurs serments. Ils écartent les hommes des voies du salut. Leurs actions sont marquées au coin de l'iniquité"... Des croyants fanatiques ou des impies. Qu'importe, ils se ressemblent et je n'ai aucune envie de les fréquenter.
- Moi je les connais bien. J'ai eu affaire à eux avant. Ils invoquent la religion pour écraser et dominer. Et moi, j'invoque à présent le droit à la liberté de penser, de croire ou de ne pas croire. Cela ne regarde que ma conscience. J'ai déjà négocié ma liberté avec la nuit et ses fantômes.
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La place était déserte. Comme une scène de théâtre elle allait petit à petit se remplir. Les premiers à s'y installer furent les Saharaouis, marchands de toutes les poudres : épices, henné, menthe sauvage, chaux, sable et autres produits magiques moulus et raffinés. Ils furent suivis par les bouquinistes. Ils étalèrent leurs manuscrits jaunes et brûlèrent de l'encens.
Et puis il y avait ceux qui ne vendaient rien. Ils s'asseyaient par terre en croisant les jambes et attendaient. Les conteurs s'installaient en dernier. Chacun avait son rituel.
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Brune, forte, avec un fessier impressionnant - d'où son nom, l'Assise -, elle n'avait pas d'âge. Un visage à la peau lisse, mate. Sa corpulence n'était pas un handicap mais un atout pour le métier qu'elle exerçait. L'Assise au hammam occupe un poste stratégique envié par les Renseignements généraux. Elle sait tout, connait toutes les familles du quartier, intervient parfois dans les intrigues des uns et des autres, favorise des mariages, arrange des rencontres... Elle est le registre et la mémoire du quartier, la femme du secret et de la confidence, la crainte et la tendresse. Elle filtre les entrées, garde les affaires et maintient par ses interventions le feu au four adjacent au hammam. Elle a de gros seins qui font peur aux enfants mais sont recherchés par les adolescents qui rêvent de fourrer leur tête sous leur poids. Rarement mariée, veuve ou divorcée, l'Assise n'a pas vraiment une vie de famille. Elle est à part dans la société et personne ne se soucie de savoir comment ni avec quel fantôme elle passe ses nuits. On lui prête alors une vie imaginaire où elle serait incestueuse et homosexuelle, tireuse de cartes et jeteuse de sorts, perverse et monstrueuse.
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Je touchai mes seins. Ils émergaient lentement. J'ouvris mon chemisier pour les offrir au vent du matin, un petit vent bénéfique qui les caressait. J'avais la chair de poule et les pointes durcissaient. Le vent traversait mon corps de haut en bas. Mon chemisier gonflait, je lâchai mes cheveux. Ils n'étaient pas très longs mais le vent leur faisait du bien. Je marchai pieds nus, orteils en éventail sans savoir où j'allais. Une envie folle m'envahit : j'ai retiré mon saroual puis ma culotte pour faire plaisir au vent, pour me faire plaisir et sentir la main légère et froide de cette brise matinale passer sur mon ventre et réveiller mes sens.
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Ce qui importe, c'est la vérité.
A présent que je suis vieille, j'ai toute la sérénité pour vivre. Je vais parler, déposer les mots et le temps. Je me sens un peu lourde. Ce ne sont pas les années qui pèsent le plus, mais tout ce qui n'a pas été dit, tout ce que j'ai tu et dissimulé. Je ne savais pas qu'une mémoire remplie de silences et de regards arrêtés pouvait devenir un sac de sable rendant la marche difficile.
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