AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,64

sur 650 notes
5
16 avis
4
14 avis
3
16 avis
2
0 avis
1
1 avis
Je ne peux pas être objective en parlant de Tahar Ben Jelloun.
Quoi qu'il raconte, j'ai l'impression que la musique de ses mots parle directement à mon âme.
C'est par Tahar Ben Jelloun par exemple que j'ai découvert que la perception du temps est linéaire en Occident, et spiralée en Orient. Mais jamais il n'a utilisé de mots aussi basiques et creux pour me le faire comprendre.
Tout vient de ce grand bain d'impressions dans lequel vous attire Tahar Ben Jelloun. Vous vous approchez, naïf et objectif, vous vous croyiez rationnel. Vous ouvrez son livre, vous y trempez le bout d'un cil, et voilà. Vous êtes pris. Vous laissez monter la mer autour de vous, et peu de temps après, vous baignez dans son océan, vous respirez par son air, vous sentez les odeurs à sa façon, vous voyez les couleurs par ses yeux, vous ressentez le monde par le filtre de ses perceptions.
Chaque fois que je termine un livre de Tahar Ben jelloun, j'ai l'impression d'avoir gagné en humanité, parce que je me suis laissée entraîner par la sienne.

La Nuit Sacré ne fait pas exception à la règle. Je l'ai lu, je l'ai laissé m'envahir. J'ai été cette femme dont la vie d'enfant a été volée par son père qui voulait un fils. J'ai été son père, qui désirait tellement un fils, et qui a fini par libérer la vie de son enfant en laissant partir la sienne. J'ai été tous ceux que cette femme a croisé dans cette quête d'elle même, suite à cette re-naissance.
Et puis, j'ai repris pied dans ma vie. J'y ai posé un regard neuf, j'ai souri, et j'ai choisi ce que je voulais vivre. La joie avec la douleur, la liberté avec la solitude. Et au milieu, Moi.
Commenter  J’apprécie          742
La nuit sacrée est la suite de l'enfant des sables.
Ici, le narrateur est l'enfant né fille mais élevé comme un garçon, et qui reprend sa propre vie après la mort de son père.
Nous avons donc l'occasion de connaître l'histoire de cette femme à travers son regard.
Reste une part de mystère, de mysticisme, de poésie orientale...
Souvenirs, affabulations, histoire améliorée ou rêvée ?
Tahar Ben Jelloun nous emmène encore dans un conte d'orient, et ce, pour notre plus grand plaisir...
Commenter  J’apprécie          640
« Ni un corps de femme plein et avide, ni un corps d'homme serein et fort ; j'étais entre les deux, c'est-à-dire en enfer. »

Une rencontre.

Celle d'un homme, le « consul dans une ville imaginaire d'un pays fantôme » et d'une femme qui naît à la vie, un « de ces êtres exceptionnels issus d'une solitude absolue. »

Celle des mots de Tahar Ben Jelloun qui sait les doter de pouvoirs mystérieux, suspendant l'espoir dans un embrasement du temps où le soleil dévore la vie. L'humidité noire de la terre dont les odeurs assaillent la nuit dans ces lieux de morts alternait avec la vision de cet éclat aride de l'astre du jour qui pousse tout autant à l'anéantissement des êtres espérant une ultime résurrection ...enfin radieuse. « Enfin, vous voilà ! »

J'ai un peu honte. J'essaie de mettre des mots sur des odeurs, des couleurs que j'ai ressenties et vues tout au long de ma lecture et ne suis pas certaine qu'ils soient compréhensibles.

« J'avais peur de briser quelque chose de fragile et que je ne pouvais ni nommer ni oublier. »

La concision des chapitres me fit l'effet d'éclairs, de visions fulgurantes au détour d'une phrase, des impressions physiques très fortes « il avait parfois une douceur inquiète, quelque chose qui viendrait d'une animalité pure. » Ces sensations, ces émotions restent indélébiles. C'est assez étrange car je ne suis pas certaine de garder la trame en mémoire, elle s'efface déjà. Mon esprit est comme choqué ; je ne garde trace que de pensées, parfois violentes et profondes, dans une écriture somptueuse. Comme ces points sombres qui restent devant les yeux pour avoir trop regarder le soleil. J'avoue avoir été percutée de plein fouet par des réflexions douloureuses, belles et tragiques. Mais peut-être est-ce l'un des effets escomptés par l'auteur ? Je le lis et « je me fie uniquement à mon intuition et à mes émotions ». L'émotion était au rendez-vous, « il m'arrive parfois de vivre par procuration. »
Commenter  J’apprécie          504
L'écriture est belle, ciselée, pourtant ce roman étrange, Prix Goncourt 1987, n'est pas mon oeuvre préférée de Tahar Ben Jelloun. Je me souviens d'ailleurs avoir rencontré quelques difficultés avec "L'enfant de sable" qui était la première partie de ce livre. Livre bien trop "ésotérique" à mon goût; à mon grand regret il ne fera pas partie de mes coups de coeur.
Commenter  J’apprécie          490
Tout commence comme un conte oriental . Il ou plutôt elle a été contraint(e) par son père de vivre en tant que garçon . Dans une telle société patriarcale, tout passe par l'homme l'honneur,le nom, l'héritage. La mort de son père au cours de la 27 ème nuit de Ramadan ou nuit sacrée va lui rendre sa liberté . ...Commence alors pour cette jeune femme enfin redevenue fille une période de reconstruction, de solitude et d'espoir.
Le conte se poursuit, mais le malheur est là qui la guette.
Il m' a semblé que Tahar Ben Jelloun saisissait le prétexte du conte pour nous parler de façon à peine voilée de son pays natal ,Le Maroc, alors sous le règne d'Hassan II.Certaines scènes sont dures , extrêmement dures même mais tellement inspirées par les faits . Alors bien sûr chacun peut y trouver ce qu'il a envie , une merveilleuse histoire d'amour au milieu de la tourmente, ou un cri contre la torture, les sévices subis par la femme ...
Je me suis parfois un peu noyée dans des pages frôlant le merveilleux vite rattrapée par les rêves prémonitoires . Je ne sais au final si cette lecture m'a comblée en tous cas elle m'aura permis de découvrir la très belle plume de Tahar Ben Jelloun n'est-ce pas déjà un très beau présent .?
Commenter  J’apprécie          480
La narratrice, élevée comme un garçon - son père qui considérait un déshonneur de n'avoir que des filles, avait décidé d'engendrer un fils de lumière - retrouve son identité à la mort de ce dernier, lors de la nuit sacrée, ou nuit du destin, qui va la libérer de vingt ans de mensonge...Sa mère, effacée et soumise avait laissé faire. Ses soeurs, sosies de la mère, étaient-elles dupes ou complices ?

Après cette nuit où va mourir son père, elle s'enfuit à la reconquête d'elle-même, enfouissant ses habits et son identité de garçon dans la tombe de l'imposteur, et retrouve son corps de femme au village des enfants.
Reprenant la route, elle se fait violer, puis c'est la rencontre avec l'Assise, tenancière d'un hammam et son frère aveugle, le Consul, qui lui rendra sa féminité. Jusqu'au drame.

A la manière d'un conte, ce récit met en lumière, à travers le personnage principal, les difficultés de la condition féminine, encore bien loin d'être l'égale de l'homme, victime de ce mépris culturel et ancestral encore présent dans de nombreux pays, de manière plus ou moins marquée, qui fait d'elle un être humain de deuxième zone...Un beau texte poétique, qui se lit facilement mais dont le manque de consistance des personnages fait qu'on ne s'y attache pas vraiment. Un peu décevant.
Commenter  J’apprécie          330
Un agréable moment de lecture en compagnie de la nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun, suite de L'enfant de sable, mais sans plus .....

Une écriture aisée et fluide nous entraîne sur les pas de cette femme, élevée comme un garçon, qui retrouve la liberté au décès de son père.

Il est pourtant difficile de s'attacher au personnage principal et de partager ses émotions tout au long de ses aventures.

De la déception, dois-je avouer.
Commenter  J’apprécie          300
La nuit sacrée qui le fera sortir définitivement de l'anonymat.
Ce roman mystérieux, écrit avec un style lyrique propre à l'auteur, reste l'un des plus beaux romans maghrébins. Il se lit comme un long poème. Toutefois, il s'agit d'un roman dont la trame peut tenir en haleine le lecteur jusqu'à la dernière phrase. L'imagination fertile de cet écrivain, né à Fès en 1944, fait de la nuit sacrée un texte plein de rebondissements et de surprises. le lecteur va jusqu'à oublier si le personnage principal est un homme ou bien une femme.
C'est sans doute cette capacité rare de Benjelloun à entretenir la confusion, qui a attiré l'attention de l'Académie . La nuit sacrée a été précédé de L'Enfant de sable. Ce roman n'est que la première partie de l'oeuvre qui lui a valu le prix Goncour 87t. Ces deux tomes narrent l'histoire d'un père marocain dont l'épouse n'enfante que des filles. A la huitième grossesse, il décide que le bébé sera un garçon «même s'il est une fille». Il travestit donc son huitième enfant en mijotant tous les épisodes qui suivent une naissance d'un enfant mâle. C'est un véritable tour de magie littéraire que réussit Benjelloun. La consécration est bien méritée. Pourtant, comme tout homme qui réussit, Benjelloun essuie les foudres de quelques détracteurs. Y compris dans son pays d'origine.
Des observateurs ont dit et écrit que Benjelloun a eu les faveurs de l'Académie française parce qu'il a donné une image négative de sa patrie. Il s'en est trouvé même qui ont tenté de semer la zizanie en citant d'autres romanciers marocains dont le talent est à classer à la même enseigne que celui de Benjelloun et qui mériteraient plus un tel prix, d'après ceux qui ont la prétention de contester l'Académie Goncourt. On peut citer Mohamed Kheireddine et Dris Chraibi. Pourtant, le fait que Benjelloun soit récompensé n'enlève rien à la stature des deux autres écrivains. Ce genre de polémique, dont a été victime Benjelloun, ne s'est pas arrêté avec l'obtention du Goncourt puisqu'à la publication de son pathétique roman, Cette aveuglante absence de lumière, Benjelloun s'est encore retrouvé au banc des accusés. Ce livre est tiré des témoignages d'un ancien prisonnier de Tazmamart condamné à l'époque du Roi
Commenter  J’apprécie          240
"Ce fut au cours de cette nuit sacrée,la vingt-septième du mois de ramadan,nuit de la "descente" du 'Livre' de la communauté musulmane,où les destins des êtres sont scellés,que mon père alors mourant,me convoqua à son chevet et me libéra".
La nuit sacrée, prix Goncourt 1987,extraordinairement bien écrit, conte la suite des L'enfant des sables,Ahmed, cette fille considérée fils dés sa naissance, bafouée dans son identité, toujours en danseuse sur le fil du rasoir de la vie.
Le père est mort. Entre rage silencieuse,honte amère pour son géniteur et pitié pour la mère complice qui sombre dans la folie, elle se considère comme un monstre, vue la haine qui l'assaille, et se débarasse de tout les objets de son passé dans la tombe fraiche.
"Adieu gloire factice,à nous deux la vie,l'âme nue,blanche,vierge,le corps neuf même si la parole est ancienne".
Acte symbolique pour un nouveau départ.
Mais peut-on se débarrasser complètement du passé lorsque l'on a vécu le joug de la domination?
La soumission ne s'inscrit-elle pas sur le front des esclaves comme une marque indélébile?
Ce sont ces errances là que nous conte Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain de langue française, philosophe, dont les romans et essais traduits en plusieurs langues,expriment le déracinement des émigrés.
Nouveau départ pour d'autres gouffres incommensurables, ceux d'un viol consenti au détour d'une ruelle par un homme sans visage qui marmonne des prières,ceux d'une étrange maison transformée en enfer par l'Assise possessive et incestueuse à l'égard de son frère, Consul infantile et sadique dont elle fait les quatre volonté.
Inventer des histoires,écouter les confidences,faire la lecture,le ménage et tout le reste. C'est facile lorsque l'on "a négocié sa liberté avec la nuit et les fantômes", mais c'est douloureux aussi parfois et peut mener aux portes de la prison,de l'enfermement ou de la folie.
Liberté, libre arbitre?Mysticisme,spiritualité?Quels chemins emprunter pour trouver sa véritable identité? La loi du plus fort est-elle toujours la meilleure?
Tahar Ben Jelloun, conteur impénitent s'est surpassé pour enfanter un chef d'oeuvre!
Commenter  J’apprécie          220
Prix Goncourt 1987 amplement mérité pour ce livre de Tahar Ben Jelloun.
Première rencontre avec cet auteur et j'ai été enivré par cette plume. Même si "la nuit sacré" est la suite de "l'enfant des sables", le fait de ne pas l'avoir lu ne gêne aucunement la compréhension de l'histoire.
L'auteur nous perd entre songes, rêves, réalité, délires. Un conte qui nous emmène aux confins du Maghreb avec toute la poésie de la langue de Tahar Ben Jelloun.
Des personnages ordinaires et pourtant hors du commun à l'image de l'Assise, femme autoritaire, débordante de haine mais néanmoins attendrissante.
Beaucoup de haine, en effet, de choses noires dans lesquelles se débattent les personnages mais on trouve également de l'amour qui subsiste.
Dépaysement garanti dans un univers très riche et particulier.
Commenter  J’apprécie          192




Lecteurs (1813) Voir plus



Quiz Voir plus

Tahar Ben Jelloun

De quelle nationalité est Tahar Ben Jelloun?

Tunisienne
Marocaine
Algérienne
Egyptienne

10 questions
138 lecteurs ont répondu
Thème : Tahar Ben JellounCréer un quiz sur ce livre

{* *}