L'enfant de sable

Ce roman est l'histoire de la quête d'identité d'une jeune fille/jeune homme.
C'est un conte raconté par les uns et par les autres, un conte qui voyage dans l'espace et dans le temps.
Au fil des pages, on ne sait plus où est la vérité, ce qui est vrai, ce qui est enjolivé, ce qui a été déformé...
C'est une histoire violente écrite avec douceur par Tahar Ben Jelloun.
C'est une histoire sans fin, où chacun y rajoute des petites notes, où chacun y trouve sa poésie...

" L' enfant de sable", est un roman de l' écrivain franco-marocain ,Tahar Ben Jelloun .Cette histoire est inspirée d' un fait-divers réel .Le père de famille Si-El-Hadj , est un homme prospère .Mariée depuis quinze années et il a sept filles.Pour les sociétés maghrébines , la venue d' une fille dans un ménage est considéré comme un déshonneur ,une catastrophe ou une calamité !
Lorsque la femme de Si-El-Hadj accouche de sa huitième fille , il déclare à tout le monde qu' il s' agit d' un garçon qu' il prénomme , Ahmed .En réalité ,Ahmed est une fille .Son prénom est Zahra .Pour le père , cet enfant doit se comporter comme un garçon .Elle va grandir ainsi et subir un dédoublement .
Alors , il faut s' imaginer que sera le vécu et la vie de Zahra qui doit se faire violence et taire sa féminité .Un destin tragique .Tout ça est dû aux superstitions et les mentalités rétrogrades .Une douloureuse histoire .

A partir d'un destin hors du commun, Tahar Ben Jelloun se lance dans une étude originale de la perception et de sa retranscription.

On découvre Ahmed, né femme dans un monde tournée vers l'homme, masculinisé de force et de ruse par son père pour tromper l'ennemi, l'autre, la communauté.
Mais vivre un autre que soi n'est évidemment pas si simple.

Pour raconter cette histoire, l'auteur multiplie les styles et les tons à travers plusieurs couches de récits. Il y a sa propre voix, anonyme et détachée ; il y a le conteur virtuose vers qui toute la rue converge. Il y a le héros, qui se révèle dans sa correspondance entretenue avec lui-même. Il y a enfin ces badauds qui écoutent, tentent de comprendre et reformulent avec leurs mots. de proche en proche, le message se propage et s'altère, s'imprègne des sensibilités, force ici ce qui s'efface là, devient un mythe tantôt raillé ou vénéré.
La vérité, elle, attend son heure. de l'être au centre de tout, de ses souffrances et des joies, ses fiertés, ses doutes, il ne reste pas grand-chose. Débarrassée des rêveries des uns et des excès des autres, la plume n'offre plus que traces, impressions, tromperies.

Et c'est dommage. Car dès les premières pages, quand c'est l'absent qui narre, on est happé par ce style que maitrise si bien l'Orient depuis des millénaires, cette approche faite d'aventures, de dépaysement et d'amours qui fait le charme des contes des Mille et une nuit et que préservent encore quelques héritiers, Amin Maalouf par exemple.
On aurait aimé passer plus de temps avec cette atmosphère, s'abandonner au souffle du désert que hante la voix du muezzin, entrer dans les souks et partager le pain de l'habitant. On aurait aimé creuser la souffrance de cet homme-femme respecté pour un autre et rejeté pour ce qu'il est. On aurait aimé disséquer cette société unijambiste qui n'a d'intérêt que pour le sexe fort et méprise le faible comme un ersatz nécessaire.

Mais là n'est pas l'objet du livre.
Ben Jelloun se borne à mimer chaque tonalité, s'amuse avec les genres et s'abandonne dans les songes les plus confus. Et il nous perd. Sans doute ne suis-je pas assez rompu à la poésie mystique pour apprécier, n'empêche que tout cela laisse une impression gênante de vain narcissisme.
Et pourtant il y a quelque chose. Un vrai talent peut-être mal dirigé mais qui promet, une maestria des mots qui laisse la porte ouverte au sceptique et l'invite à retenter la chance par la suite.

Cette suite, elle existe : La nuit sacrée. Rendez-vous dans quelques jours.

2,5/5

A la mort d'Ahmed, ce récit poétique nous fait passer les portes de la ville de Marrakech. Pendant quelques chapitres, c'est une promenade apaisante et puis le conteur principal nous laisse à nous-même, et laisse la place à d'autres conteurs qui continuent.l'histoire. Une mise en abyme un peu compliquée, où plusieurs personnes vont nous parler ici du destin particulier d'Ahmed. Avant sa naissance, son père avait décidé, afin de laver l'honneur de sa famille, que son prochain enfant serait un garçon coûte que coûte. C'est alors que vit le jour Ahmed, enfant sacrifié par le père. Une fille élevée comme un garçon.

La mélancolie d'Ahmed est touchante. Il vit mal sa situation surtout au moment de l'adolescence, quand naît la sexualité. Il infléchira son destin de plusieurs façons, en prenant des décisions sortant de l'ordinaire.

Une certaine mystique se dégage de ce récit. Un beau livre.

Ce livre est une découverte pour moi, découverte d'un auteur que je ne connaissais pas et découverte d'une manière d'écrire, très poétique. La base de l'histoire est celle d'une famille musulmane, au Maroc, qui a déjà sept filles, ce qui désespère le patriarche, au point de demander à sa femme, à la sage-femme et à la vieille servante de mentir sur le sexe de l'enfant à venir.
Le jour de la naissance arrive … et c'est encore une fille ! On l'élèvera alors comme un garçon, destiné à hériter, à régner, à décider !
Son histoire est racontée par des conteurs, mais rien n'est certain. Plusieurs versions de sa vie coexistent et hélas dans toutes dominent la douleur, l'isolement, le silence pour cette femme qui se rend bien compte d'être en sorte privilégiée par rapport à ses soeurs, obligées de se taire et d'obéir mais dans le même temps, elle est aussi réduite au silence car incapable de révéler qui elle est vraiment.
Une lecture touchante, pleine d'émotions qui renvoie à la construction de l'identité et au rejet/non acceptation de la part des parents.
J'ai découvert ce livre en lisant Kiffe Kiffe Demain de Faïza Guène.

A la fois le récit m'a passionné mais le type de narration m'a dérangée et même totalement perdue sur la deuxième moitié.
Ahmed est un garçon par décision de son père qui n'a que des filles. La supercherie débute d'ailleurs avant même sa naissance.
Le choix de narration à travers les yeux d'un conteur est assez déroutant. le lecteur passe du conteur qui introduit chaque soir une nouvelle partie du récit à des extraits de cahier intime en passant par quelques interventions d'auditeurs mais aussi une correspondance et, sur la fin du bouquin par plusieurs conteur. C'est vraiment trop de tiroir pour moi.
Passer des idées du conteur aux pensées intimes d'Ahmed est très particulier, dérangeant même. Ou alors, ce sont les pensées d'Ahmed lui-même qui sont dérangeantes. Enfin, passer aux idées des auditeurs sur la fin possible d'Ahmed a fini de me déranger.
En bref, j'ai eu quelques déboires, quelques difficultés avec le cours du récit.

+ Challenge ABC 2016-2017
+ Challenge Multi Défis 2017 : 33. Un livre d'un auteur du pourtour méditerranéen

Sur le thème du travestissemnt (d'une fille). Beau, mais filandreux.

Naître une fille est une calamité !
Une calamité, une tragédie pour ce marocain qui en a déjà sept !
Dans le livre de Tahar Ben Jelloun, on va à la rencontre de ce narrateur qui nous conte l'histoire d'Ahmed né fille, "métamorphosé" homme.
Reécrire un destin, une vie, jusqu'à la morphologie parce qu'un père n'a trouvé d'autres issues que cette alternative pour sauver l'honneur. Travestir, changer, transformer sa fille en garçon !
Ça commence bien, ça se lit facilement. J'ai été outrée par la décision du patriarche & le consentement de la mère, davantage !
Au fil des chapitres, les portes s'ouvrent, et on suit l'enfance, l'adolescence & la vie d'adulte d'Ahmed.
Il est question dans ce livre de la différence entre être femme ou être homme, de la valeur qu'on accorde a ça, à l'importance du sexe qui défini la vie et ce qui suivra ..
Ça parle du genre, d'identité !
Progressivement, ça devient confus, ça tourne à l'introspection, ça devient plus philosophique, plus mystique, plus onirique ! Une quête identitaire pour le protagoniste qui ne sait plus vraiment où se situer !
J'ai eu peine à terminer le livre, je me suis forcée parce que ça partait dans tous les sens ! Différents conteurs prendrons le relais !

"La nuit sacrée" du même auteur, et une suite que j'ai hâte de lire, de découvrir. J'y reviendrai une fois fini !

J'ai eu envie de me plonger dans un roman de Tahar Ben Jelloun après avoir assisté à une conférence sur la littérature marocaine et j'ai donc choisi la duologie de l'enfant de sable qui est suivi de la nuit sacrée.

Ce roman est inspiré d'un fait divers authentique, il raconte l'histoire d'Ahmed, en fait 8éme fille d'un couple sans garçons que son père décide d'élever comme un garçon en lui donnant le prénom d'Ahmed.
C'est tout l'histoire de cette fille devenue garçon et qui choisit de jouer le jeu allant même jusqu'à épouser une de ses cousines jeune fille délaissée que l'auteur nous raconte.

De l'enfance aux troubles de l'adolescence et à la maturité c'est avec une plume très agréable que Tahar Ben Jelloun nous raconte la vie d'Ahmed donnant la parole à plusieurs narrateurs différents et c'est là que le bât blesse car je me suis perdue entre les différents conteurs au point parfois de ne plus savoir qui parlait de qui.

Histoire poignante d'une enfant obligée de composer avec le désir d'un fils de son père, vivant comme un garçon tout en composant avec le fait qu'elle est en fait une fille, c'est troublant, émouvant et même agaçant.

Je lirai la suite (qui n'en est pas vraiment une) dès que possible surtout pour ne pas rester sur cette impression mitigée concernant la trame et le mode de narration de cette histoire

Lien : http://delcyfaro.blogspot.fr..

Un livre qui n'est pas facile à lire, au point que certains lecteurs ont commenté n'y avoir rien compris.
Il est vrai que le fil conducteur est très difficile à suivre, mais j'en ai surtout retenu les idées principales qui s'en détachent : problèmes d'identité dans une société soumise aux règles religieuses, condition de la femme dans le monde musulman, le tout renforcé par la culpabilité de ne pas pouvoir être qui on veut, sous les critiques des autres. Quelques remarques politiques en fin du livre viennent étoffer les idées soulevées.
Le style est très poétique, avec de nombreuses références à la culture du monde arabe, surtout à la fin de l'ouvrage.
Ni une excellente lecture, ni une déception, loin ne s'en faut…
Une façon intelligente néanmoins de l'auteur de faire partager ses points de vue sur la société d'où il est originaire et où tout n'est pas toujours bon à dire !