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Citations sur L'enfant de sable (103)

Ma vie fut principalement aux livres. J'en ai écrit, publié, détruit, lu, aimé... Cette femme, envoyé par une main bienfaisante, vint, juste la nuit, me donner une dernière image, offrir à mon souvenir son visage entièrement tourné vers un passé que je devais deviner. Je ne suis dit que ce n'était pas un hasard, mais bien le fait d'une bonté anonyme : emporter dans un voyage souterrain l'image d'une beauté émue. J'entrai dans l'obscurité accompagné de ce visage qui allait, plus que les livres, occuper ma vie, ce long couloir du crépuscule.
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J'ai toujours su qui tu es, c'est pour cela, ma soeur, ma cousine, que je suis venue mourir ici, près de toi.Nous sommes toutes les deux nées penchées sur la pierre au fond du puits sec, sur une terre stérile, entourées de regards sans amour. Nous sommes femmes avant d'être infirmes, ou peut-être nous sommes infirmes parce que femmes...
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Mais les mauvaises manières, les gestes vulgaires peuvent avoir parfois un peu de poésie, juste ce qu'il faut pour ne pas se mettre en colère.
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Le conteur est mort de tristesse. On a trouvé son corps près d'une source d'eau tarie. (...) Quant au manuscrit, il brûla avec les habits du vieux conteur. On ne saura jamais la fin de cette histoire. Et pourtant une histoire est faite pour être racontée jusqu'au bout.
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Les rapports entre les deux familles n'ont jamais été bons. Jalousie, rivalité, alimentaient une petite guerre silencieuse. Mais on sauvait souvent les apparences. C'est ce que certains appellent l'hypocrisie. Les deux frères ne s'aimaient pas beaucoup. Les femmes prenaient évidemment chacune le parti de son mari. En fait, les hommes se détestaient en silence. Les femmes se chargeaient de maintenir vive la tension.
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Sachez que je ne vous suis pas pour vous espionner ; je vous suis pour avoir l'illusion d'accéder à l'inaccessible.
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page 94

[...] "15 avril. Je me suis assez donné. A présent je cherche à m'épargner. Ce fut pour moi un pari. Je l'ai presque perdu. Être femme est une infirmité naturelle dont tout le monde s'accommode. Être un homme est une illusion et une violence que tout justifie et privilégie. Être tout simplement est un défi. Je suis las et lasse. S'il n'y avait ce corps à raccommoder, cette étoffe usée à rapiécer, cette voix déjà grave et enrouée, cette poitrine éteinte et ce regard blessé, s'il n'y avait ces âmes bornées, ce livre sacré, cette parole dite dans la grotte et cette araignée qui fait barrage et protège, s'il n'y avait l’asthme qui fatigue le cœur et ce kif qui m'éloigne de cette pièce, s'il n'y avait cette tristesse profonde qui me poursuit ... J'ouvrirais ces fenêtres et escaladerais les murailles les plus hautes pour atteindre les cimes de la solitude, ma seule demeure, mon refuge, mon miroir et le chemin de mes songes." [...]
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La place est propre. Plus de charmeurs de serpents, plus de dresseurs d'ânes ni d'apprentis acrobates, plus de mendiants montés du Sud à la suite de la sécheresse, plus de charlatans, plus d'avaleurs de clous et d'épingles, plus de danseurs ivres ni de funambules unijambistes, plus de djellabas magiques aux quinze poches, plus de gamins simulant l'accident sous un camion, plus d'hommes bleus vendant des herbes et du foie de hyène pour jeter le sort, plus d'anciennes putains reconverties dans la voyance, plus de tentes noires fermées sur le mystère à garder précieusement au fond de la mémoire, plus de joueurs de flûte qui charment les jeunes filles, plus de boutiques où l'on mange des têtes de mouton cuites à la vapeur, plus de chanteurs édentés et aveugles qui n'ont pas de voix mais qui s'entêtent à chanter l'amour fou de Qaiss et Leila, plus de montreurs d'images érotiques aux fils de bonne famille, la place s'est vidée. Elle n'est plus une place tournante. Elle est juste un lieu propre pour une fontaine inutile.

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La porte du samedi se ferme dans un grand silence.
Avec soulagement Ahmed sortit de cette porte. Il comprit que sa vie tenait à présent au maintien de l'apparence. Il n'est plus une volonté du père. Il va devenir sa propre volonté
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Situation étrange ! On aurai dit que j'étais dans un livre, un de ces personnages pittoresques qui apparaissent au milieu d'un récit pour inquiéter le lecteur ; j'étais peut-être un livre parmi les milliers serrés les uns contre les autres dans cette bibliothèque où je venais naguère travailler. Et puis un livre, du moins tel que je le conçois, est un labyrinthe fait à dessein pour confondre les hommes, avec l'intention de les perdre et de les ramener aux dimensions étroites de leurs ambitions.
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