Moha est comme le vent, libre, sans frontières, visitant la maison des plus pauvres, le coeur de la jeune esclave violée par son maître, la solitude d'Aïcha, enfant domestique, la prison où son enfant est torturé, jour après jour.
Moha est peut-être le plus fou de tous, ou alors le plus sage. Son regard est limpide, acéré, rien ne lui échappe. Il raconte tout, le crie sur les places, continue à déclamer même enfoui sous la terre: il raconte le peuple, la pauvreté, le capitalisme, la colonisation, les femmes violées, battues, qui ne portent pas de nom, les hommes torturés.
Il raconte aussi dans un même tourbillon poétique la mer et ses vagues, le bruissement du vent dans les arbres, le jus de fruits savoureux, la douceur d'un sein, la profondeur des yeux noirs d'une enfant.
Texte poétique à souhait qui s'inscrit dans les légendes lyriques, il faut prendre le temps de le lire et surtout se laisser porter par les mots.
Lu une première fois quand j'étais à l'université, ça avait été une forte révélation.
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Le premier chapitre est rude à lire. C'est une scène de torture qui pourrait en rebuter plus d'un. Ne vous arrêtez pas là, car la suite du roman est infiniment plus tendre, même si la violence d'une société subsiste. Moha est le fou qui déverse sans cesse un flot de parole sans sens. Moha est le sage dans le flot de parole duquel on peut entendre la sagesse. Si on y prête attention. L'ensemble est une oeuvre admirable, à lire absolument.
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J'ai lu ce roman au Maroc ou je séjournais, j'ai aimé. J'étais à la fois dans l'ambiance du roman et dans ce livre, c'était fort. C'est surement celui qui m'a fait le plus d'effet de Tahar.
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Ce livre, lu à la sortie de mon adolescence, a beaucoup compté dans mon parcours littéraire et peut-être aussi dans mon parcours de vie.
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