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Citations sur La fille seule dans le vestiaire des garçons (25)

Si j'avais eu un père, il serait venu rectifier la tronche de ces quatre salopards. Il les aurait chopés un par un ou ensemble pour leur faire payer l'affront fait à sa fille. Ensuite, en quelques mots justes, pour me rassurer, il aurait aussi su me faire croire que je valais mille fois mieux qu'eux et que je restais la plus exceptionnelle du monde. Et j'aurais tout gobé, de la première à la dernière syllabe.
Si j'avais eu un père, je n'aurais pas fait cela. Ou pas ainsi. Seule, je devais me débrouiller seule.
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La vie n'est qu'un grand supermarché dans lequel on se sert, au gré des rayons et à tout-va.Le problème c'est qu'il faut passer à la caisse une fois son chariot plein. Moi, pauvre conne, je vais passer à la caisse et il n'y a rien dans mon caddie.
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La paire de baffes est partie d’abord, et mon pied immédiatement ensuite. Un penalty particulièrement bien placé. Un belle paire de baffes. Une sonnante et trébuchante, surtout pour Enzo. Il s’est affalé par terre, le souffle brusquement coupé. Il a fallu que Bastien et Mounir se précipitent vers lui pour le relever du morceau de trottoir où il venait de se plier comme pour une prière.
Je respirais comme un animal et me sentais prête pour continuer la série de tirs au but, bien au-delà du temps réglementaire C’était disproportionné, Enzo hors-service pour le moment, mais je prenais sur moi pour ne pas lancer à nouveau mon pied au gré de ma colère.
- T’es complètement tarée, Marion ! Il voulait juste te faire un smack sympa ! a plaidé Mounir en avocat de son copain qui peinait toujours à retrouver la respiration.
- Ses smacks, sympas ou pas, il se les ravale et il s’étouffe avec ! j’ai hurlé en reculant d’un pas ou deux pour prévenir toutes représailles d’Enzo, du moins quand il aurait récupéré son souffle et lâché son entrejambe.
Rapidement mais maladroitement, j’ai ramassé mon sac, qui gisait comme un chat mort à leurs pieds. Je me suis dépêchée de fourrer dedans le classeur, les bouquins, la trousse et toutes les babioles qui s’étaient complètement éparpillées jusqu’au caniveau et aux piliers de l’arrêt de bus.
- T’aurais pu le tuer ! C’est fragile les… C’est vachement fragile, les… !
Bastien qui venait de prendre le relais à la barre n’arrivait pas à trouver les mots pour parler de ce que Enzo continuait à masser.
- Moi aussi, je suis fragile ! j’ai craché.
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Mon jeune frère apprenait à compter après avoir appris qu'il ne pouvait plus compter sur son père.
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D'elle, j'aurais sans doute exigé qu'elle me raconte comment s'étaient passés ses premiers baisers. Les vrais, pas les brouillons tentés avec les garçons à la maternelle ou avec quelques copines curieuses et inquiètes en primaire. A qui elle ressemblait à 15 ans et si, par peur de n'avoir jamais d'amoureux, elle aurait pu se jeter sous les roues du premier tank venu - bien carrossé certes, mais tank quand même. D'une femme, j'aurais exigé qu'elle me dise si, elle aussi, était une fille aussi solitaire que moi, quand tous mes camarades n'existaient qu'en bande, et si l'insulte "intello" lui fusait aux oreilles à longueur de journée quand elle avait traversé ses années collèges. avec une femme, autre que ma mère, j'aurais peut-être pu.
p. 95-96
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Mon jeune frère apprenait à compter après avoir appris qu'il ne pouvait plus compter sur son père.
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J'ai repensé à la vidéo sur Internet. Combien étaient-ils à l'avoir vue ce matin? Combien seraient-ils à la fin du week-end ? Cette seule pensée me donnait le vertige et du dégoût.
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'ai tout de même tenté le coup, juste pour voir, comme on demande à voir le jeu de son adversaire au poker. Parce que ce jour-là, après mes déboires avec Enzo, il me semblait que rien ne pouvait être plus précieux que de recevoir l'aide d'une véritable experte en garçons.
- Je voulais te dire... J'ai un problème...
- C'est bien, ma chérie, c'est très bien, elle a murmuré toujours le nez scotché sur son écran, avant d'ajouter : Et le reste de ta journée s'est bien passé ?
- Maman !
- Oui, Marion, je suis d'accord avec toi...
Très hermétique, la bulle.
- Maman, je crois que je suis enceinte !... J'attends un bébé !
J'ai dit ça sans réfléchir.
J'aurais tout aussi bien pu lui annoncer que je m'étais fait racketter mon portable à la sortie du collège ou que je partais continuer ma scolarité en Tasmanie, mais c'est ça qui est venu. Et j'ai lancé cette bouée ridicule un peu plus fort que je ne le voulais. Une sorte d'explosion au milieu du calme de cimetière qui régnait autour de cette table basse faussement chinoise et de ce tapis réellement ouzbeck. Au moins lui ai-je fait lâcher son clavier et lever les yeux sur moi.
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- Moi aussi, je suis fragile ! j’ai craché.
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Je suis sûre qu'ils se vengeront de la honte. Ils ont plus peur de cela que d'une flopée d'heures de colle, d'un redoublement. La honte est leur seul cancer incurable. (p.138)
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