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Citations sur La Commedia des ratés (0)

L’exil est une sale manie de l’Italien.

Vous savez ce qu’on dit de l’Italie ? Que c’est le pays des sculpteurs, des peintres, des architectes, des oncles, des neveux et des cousins...
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[Les pâtes] C'est le royaume suprême de la forme. C'est de la forme que naîtra le goût. [...] C'est là qu'on s'aperçoit que l'arrondi a un goût, le long et le court ont un goût, le lisse et les stries aussi. [...] C'est parce que la vie elle-même est si diverse et si compliquée qu'il y a autant de formes de pâtes. Chacune d'elles renvoie à un concept. Chacune va raconter une histoire. Manger un plat de spaghettis, c'est comme imaginer le désarroi d'un être plongé dans un labyrinthe, dans une entropie inextricable de sens, dans un sac de noeud. Il lui faudra de la patience et un peu de dextérité pour en venir à bout. Regardez comment est fait un plat de lasagnes, vous n'y verrez que la couche apparente, le gratin qu'on veut bien vous montrer. Mais notre individu veut voir les strates inférieures, parce qu'il est sûr qu'on lui cache des choses profondément enfouies. Pour s'apercevoir petu-être qu'il n'y a rien de plus qu'en surface. [...] Il n'y a rien de plus creux, de plus vide, et de plus mystérieux que dans un simple macaroni. En revanche, le ravioli, lui, renferme quelque chose, on ne sait jamais vraiment quoi, c'est une énigme dans un coffre qu'on n'ouvre jamais, une boîte qui va intriguer notre sujet par ce qu'elle recèle. Vous savez, on prétend qu'à l'origine ces raviolis étaient destinés aux navigateurs. On enveloppait des restes de viandes et de bas morceaux hachés dans une fine couche de pâte, en espérant que le marins ne chercheraient pas à savoir ce qu'il mangeaient.
-Vraiment ? Et le tortellini, ça peut rappeler quoi? L'anneau, la bague ?
-Pourquoi pas le cercle, tout simplement. L'histoire sans fin. La boucle. Partir. Pour retourner forcément là d'où l'on vient.

(fin)
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Un vrai bonheur, ce tabac. Le seul réconfort qu'on avait. La nuit, en cachette des patrons je faisais cuire les feuilles, mais le problème, c'était le papier. Un jour j'ai trouvé un livre écrit en grec, j'aurais bien aimé savoir de quoi il parlait, et je l'ai découpé en lamelles pour rouler les cigarettes, le bouquin m'a fait quinze mois. Le seul livre que j'aie eu en main de toute ma vie je l'ai fumé.
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Tu fais de la peine, banlieue. Tu n’as rien pour toi. Tes yeux regardent Paris et ton cul la campagne. Tu ne seras jamais qu’un compromis. T’es comme le chiendent. Mais ce que je te reproche le plus, c’est que tu pues le travail. Tu ne connais que le matin et tu déclares le couvre-feu à la sortie des usines. On se repère à tes cheminées. Je n’ai jamais entendu personne te regretter. Tu n’as pas eu le temps de t’imaginer un bien-être. Tu n’es pas vieille mais tu n’as pas de patience, il t’en faut toujours plus, et plus gros, t’as toute la place qu’il faut pour les maxi et les super. La seule chose qui bouge, chez toi, c’est la folie des architectes. Ce sont eux qui te font vivre, avec toutes ces maquettes qu’ils te destinent. Ta mosaïque infernale. Ils se régalent, chez toi, c’est la bacchanale, l’orgie, le ténia. Ils se goinfrent d’espace, une cité futuriste ici, tout près de la Z.U.P., à côté d’un gymnase bariolé, entre un petit quartier plutôt quelconque des années cinquante qui attend l’expropriation, et un centre commercial qui a changé de nom vingt fois. Si d’aventure un embranchement sauvage d’autoroute n’est pas venu surplomber le tout. T’as raison de te foutre de l’harmonie parce que tu n’en as jamais eu et que tu n’en auras jamais. Alors laisse-les faire, tous ces avant-gardistes, tous ces illuminés du parpaing, ils te donnent l’impression de renaître, quand, en fait, tu ne mourras jamais. T’iras chercher plus loin ,tu boufferas un peu plus autour, mais tu ne crèveras pas. C’est ça, ta seule réalité. Il est impossible de te défigurer, tu n’as jamais eu de visage.
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Les Napolitains ne connaissent qu'une version très expurgée du code de la route, elle se résume à une seule règle d'or : "N'arrête jamais de rouler, des fois qu'on te vole un pneu".
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- Je les fais bouillir à peine, c’est comme ça qu’il faut les manger. Vous savez pourquoi les Italiens mangent les pâtes al dente ? Parce que c’est un plat de pauvre, et dans les temps difficiles ils les mangeaient presque crues pour qu’elles continuent de gonfler dans l’estomac, ça tient au ventre bien plus longtemps.
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[..] je suis du genre, où que je sois, à avoir le mal du pays dès que je sens la nuit s’installer. Il m’en faut peu. Quand je pense à tous les déracinés du monde.
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- Quand ils donnent le résultat du tirage au sort, vous pouvez tourner un peu la sauce et rajouter une petite boîte de concentré de tomates, juste pour donner un peu de couleur, deux petits piments, pas plus, laissez le feu bien fort, évitez de couvrir, ça va gicler partout mais on dit qu'une sauce all'arrabbiata est réussie quand la cuisine est constellée de rouge. Passez sur la deux.
Un feuilleton brésilien tourné en vidéo, deux amants compassés qui s'engueulent dans un living.
- A la fin de l'épisode ce sera le journal télévisé, et on pourra passer à table. La sauce et les pâtes seront prêtes exactement en même temps. Quinze minutes. Vous avez retenu ?(...)
- Pas mal votre recette, mais je n'ai pas la télé.
- Alors, mangez des pois chiches.
Les pâtes brulantes sont arrivés dans mon assiette. Un délice qui enflamme le palais. Je me suis toujours méfié des filles qui savaient faire la cuisine.
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A croire que les feignants ont du génie quand il s’agit de faire travailler les autres, et pas seulement des humains.
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Mes parents m'ont conçu en italien, mais dans un autre Sud, celui de Paris. Et trente ans plus tard, ils n'ont toujours pas appris la langue.
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