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Citations sur À la machine (36)

Quand les visiteurs découvrent ces symboles qui rendent hommage à Thimonnier, ils ne savent pas que c’est hors du récit institutionnel que s’écrit la version la plus fidèle à la vie de Barthélemy. En face du musée, en contrebas de la rue qui porte son nom, sa maison sommairement meublée accueille aujourd’hui, occasionnellement, discrètement, des personnes sans ressources, sans toit, sans soutien, sans travail ou sans un emploi suffisamment rémunéré, parfois sauvagement privées de tout cela en même temps. On l’appelle « la maison des gens de passage ». Un refuge unique, où l’on peut secrètement espérer, comme Barthélemy en son temps, que demain, malgré tout, la vie sera meilleure.
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Poussé par un élan d'orgueil, Barthélemy se met à penser: il y a eu le chemin de fer, la presse d'imprimerie, l'horloge mécanique, la locomotive à vapeur, la machine à calculer, la machine à écrire, la machine à courir, le métier à filer, le métier à tisser, il y aura le métier à coudre. (p. 27)
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Quand les visiteurs découvrent ces symboles qui rendent hommage à Thimonnier, ils ne savent pas que c’est hors du récit institutionnel que s’écrit la version la plus fidèle à la vie de Barthélemy. En face du musée, en contrebas de la rue qui porte son nom, sa maison sommairement meublée accueille aujourd’hui, occasionnellement, discrètement, des personnes sans ressources, sans toit, sans soutien, sans travail ou sans un emploi suffisamment rémunéré, parfois sauvagement privées de tout cela en même temps. On l’appelle « la maison des gens de passage ». Un refuge unique, où l’on peut secrètement espérer, comme Barthélemy en son temps, que demain, malgré tout, la vie sera meilleure.
Que la maison d’un artisan-inventeur errant, malchanceux et misérable soit devenue un abri temporaire qui protège d’une société du travail impitoyable, c’est une histoire qu’aucune fable ne peut dépasser.(p. 150)
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Avec l'invention ne vient pas nécessairement la richesse. Parce qu'il faut d'abord la protéger avec un brevet qui coûte beaucoup d'argent, Barthélemy n'en a pas. Puis il faut la faire connaître et apprécier, ce qui paraît difficile pour Barthélemy qui vit dans un lieu-dit inconnu des sociétés savantes, ignoré des intellectuels parisiens donc exclu des rapports sociaux et des activités économiques nationales. Enfin il faut qu'elle soit suffisamment exploitée pour être rentable et l'inventeur ignore tout de cette procédure de production.
(p. 33)
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Naissance de l'idée, origine anthropologique

Barthélemy et Madeleine, avant d'être un couple amoureux, sont des Homo sapiens, descendants des chasseurs-cueilleurs. Quand Madeleine brode, elle exécute un geste manuel qui s'est transmis des milliers d'années durant pour faire vivre et survivre des groupes humains dans toutes les régions du monde. Parce qu'il est demeuré intact depuis son origine au paléolithique supérieur, le geste de la main- outil puissante et créatrice peut être converti en un geste mécanique, rapide, pratique au début du XIXe siècle dans l'esprit du tailleur.
Barthélemy regardant Madeleine regarde en fait la main de l'homme créant l'aiguille à chas il y a plus de dix mille ans. (p. 15)
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Quand l'idée naît dans un esprit masculin, il est commun de faire jouer à la femme le rôle de la muse sans laquelle rien n'eût été possible. Ainsi de Barthélémy Thimonnier, on dit que l'idée du métier à coudre lui vint alors qu'il regardait amoureusement sa femme à l'ouvrage, brodeuse parmi les brodeuses des monts du Lyonnais. Admettons. (p. 11)
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Barthélémy observe, veille, accompagne, répare. Il explique aux ouvriers dépassés par le métier capricieux pourquoi le fil craque ou bien comment régler la vitesse de la pédale. Après quoi les travailleurs reprennent la couture mécanique, tous ensemble, concentrés. Quelques secondes, il forment un coeur qui vibre, claque, siffle puis, à nouveau, déraille. À force d' interventions, Barthélémy comprend que ce ne sont pas seulement les bras des ouvriers qui manquent d' entraînement et de dextérité. Son métier doit encore être perfectionné. Il doit l'améliorer jusqu'à ce qu'il se confonde avec le corps de l' ouvrier. Pour une couture parfaite, ce dernier doit porter le métier au bout de son bras comme la bêche prolonge la main du paysan qui retourne la terre.
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Devenir ouvrier c'est accepter de passer dix-sept heures par jour enfermé dans un atelier à respirer les poussières et les vapeurs qui donnent un teint livide et provoquent des hémorragies. C'est occuper un poste où il faut rester courbé, debout, accroupi ou allongé si longtemps qu'on en a les jambes enflées, le dos tordu, les poignets démis, les doigts coupés.
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Il débarque à Folkenstone ...(...) Barthélemy découvre une ville dure, sombre. (...) Les gamins couverts de haillons (...) Il en voit qui s'amusent dans les flaques avec un bâton, en vient à penser que le jeu est la seule douceur, inouïe, qui peut sauver une enfance, même la plus pauvre. Voit-il le rapport entre la ville industrielle et cette misère ? (p. 114)
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Les ouvriers sont ailleurs. Entre le taudis et l'usine (...) C'est un kiosque en bord de Seine, c'est une échoppe à Saint-Etienne, c'est un jardin à Limoges, c'est un parc à Roubaix, c'est une rue à Villeurbanne...C'est la nuit, le plus souvent. (...)
Ils envisagent un machinisme qui bénéficieraient à tous (...) ils se réapproprient leur corps servile, se découvrent d'autres forces que celle du travail régi par des règles déloyales et abusives. Il leur devient possible
de définir leur identité ouvrière,
de nommer le monde,
de penser construire chanter une autre société.
Dans ces marges blanches, ils proposent des ateliers de production autogérés, des élections ouvrières au sein des usines, où la machine est conçue comme un outil d'émancipation et non d'exploitation. (p. 146)
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