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sur 461 notes
Un coup de coeur. Lu et relu, tant de fois.
Antoine, ouvrier d'une quarantaine d'années, voit son usine lui imposer 15 jours de RTT. Forcé de retourner chez Papa-Maman lorsqu'il n'en a pas la moindre envie, il fait malgré lui, morceau par morceau, le bilan de sa vie : études évitées ou manquées, une petite amie partie, vie professionnelle en suspens… Qu'est-ce qui lui manque, ou lui a manqué ? L'épanouissement. Ce que va lui offrir un voisin un peu fantasque en le poussant à partir loin. [à mettre en invisible] Une fois au Brésil, c'est toute la vie qu'Antoine va (re)découvrir : le travail, l'humanité, l'amour… et une vocation qui dormait en lui depuis le début. [fin] Un titre magnifique, qui illustre dès la couverture le souffle incroyable de l'écriture de Jeanne Benameur. Un récit construit à partir de petits moments de rien, ou de peu ; un souvenir, une pensée, une idée, avant de passer à autre chose. Et petit à petit, le roman avance, comme une respiration qui s'augmente à chaque fois, et qui finit en un cri magistral. le livre entier est tendu vers la fin, mais celle-ci ne saurait avoir la même force sans le prélude, long mais nécessaire. Je crois que, jusqu'ici, je n'ai retrouvé cette intensité proprement humaine que dans les textes de Jeanne Benameur.
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Antoine a quarante ans. Après que sa compagne l'ait quitté, il retourne vivre chez ses parents. En même temps, l'usine dans laquelle il travaille le met au chômage technique, avant le chômage tout court, car ils délocalisent au Brésil. C'est un moment de bilan, de réflexion sur sa vie. Pourquoi travaille-t-il dans cette usine comme son père, alors qu'il voulait être architecte. Pourquoi Karima l'a-t-elle quitté. Pourquoi ne réussit-il pas à prendre cette parole qu'il a pourtant au fond de lui. le seul moment où il réussit à s'exprimer, c'est pour militer au syndicat, mais même cela il n'y croit plus. Quel chemin va prendre sa vie, et surtout quel chemin veut-il que sa vie prenne ?


Beaucoup de finesse et d'introspection dans ce très beau livre qui a parfois des accents d'Annie Ernaux avec les relations fils / parents et les questions de différences de classe. le thème du roman initiatique se conjugue avec bonheur avec celui de l'évolution du sens du travail.


Quelques mots très intéressants de l'auteur sur la genèse de ce roman : "D'octobre 2005 à novembre 2006, j'ai rencontré des ouvriers d'Arcelor-Mittal à Montataire et ceux de Godin à Guise ; c'était au cours de "cafés de paroles" initiés par le collectif La Forge. Y était questionné ce qu'est le travail aujourd'hui. A Montataire, j'ai appris que le groupe Mittal investissait massivement au Brésil. Les lignes d'ateliers fermaient en France.

J'ai été touchée par ce qui se disait, par la lucidité terrible de ceux qui voyaient bien que le travail avait perdu toute valeur, que les hommes ne comptaient simplement plus. J'ai été touchée par la détresse et la dignité, par la colère et tout ce qui ne parvenait pas à se dire. A la suite de chacun de ces rendez-vous j'ai écrit un texte qui était remis aux participants la fois suivante. Et ainsi se tissait au fil du temps, entre nous, un lien. Celui des mots. A la dernière rencontre, l'un des participants a dit : "Et maintenant, où on va parler?"

Cette question m'a émue profondément. Je ne sais pas où ces femmes et ces hommes peuvent parler aujourd'hui mais ce que je savais, c'est que j'écrirais, quelque chose. Ma façon à moi de poursuivre."

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Dans ce roman Jeanne Benameur raconte l'histoire d'Antoine, jeune sidérurgiste, un peu perdu dans sa vie privée, sa petite amie vient de le quitter, et professionnelle, son entreprise délocalise au Brésil. Depuis toujours il est tiraillé entre ce qu'il vit et le destin qu'il aurait souhaité. Fils d'ouvrier il a commencé la fac sous la pression familiale pour finalement rejoindre l'usine. Quand celle-ci doit être délocalisée il se syndique et essaie de se battre. Finalement il choisit de partir au Brésil rencontrer ceux qui lui « prennent » son boulot. Jeanne Benameur décrit avec talent les relations familiales, les relations amoureuses, les amitiés,... Elle a une très belle écriture qui nous porte et nous entraîne à la suite de son personnage. Un très joli livre !
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Antoine n'a qu'un souhait : être différent. Tout d'abord être différent de ses parents et de leur vie qu'il trouve étriquée car trop remplie de quotidien et de vide. Différent de son frère.
Et pourtant, porté par les hasards de la vie, il suit les traces de son père en entrant comme ouvrier dans la même usine. Là encore, au milieu des travailleurs et des revendications il peine à trouver sa place, jamais totalement sincère, toujours un peu à côté. Un beau matin, pour notre héros, c'est la rupture amoureuse et professionnelle et le départ pour le Brésil avec son lot de questionnements, sa quête identitaire, ses reflexions, ses rencontres... avec au bout du chemin l'équilibre et la découverte de soi. L'écriture est souvent poétique et extrêmement sensible, de nombreux passages très beaux. Pas vraiment emportée par ce roman, mais touchée par la justesse du propos. Pas fan de l'histoire d'amour qui clot ce livre et n'amène rien de plus.
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Bien qu'il ait toujours trouvé la vie de ses parents étriquée, Antoine est devenu ouvrier comme son père. Lorsque son couple vole en éclats, il retourne vivre dans sa chambre d'enfant. A l'usine, ça ne va pas fort non plus : le vent de la délocalisation souffle et le nouvel Eldorado rime pour les patrons avec Brésil. En France, on incite les rats à quitter le navire. le retour à la maison parentale met Antoine face à ses propres errances. Un couple qu'il a tenté de construire avec Karima, un professeur de français, une intellectuelle qui lui reprochait son manque de mots. Pour se sentir à la hauteur, il a bien tenté d'intégrer la lutte ouvrière. Mais même là, Antoine se sent décalé. Comme à huit ans dans la cuisine de ses parents qu'il a tenté de fuir, comme à la fac où il ne savait prendre part aux conversations des autres étudiants. Pourtant depuis toujours, Antoine sent en lui un élan qu'il ne parvient pas expliquer, quelque chose qui lui murmure incidemment que le monde, son monde est ailleurs. C'est en retrouvant Marcel, un vieux bouquiniste, ami de ses parents qu'il va doucement s'ouvrir aux livres, aux mots, à un autre ailleurs. Embarqué avec Marcel au Brésil, il part sur les traces de Jao Monlevade qui a donné son nom à la ville où se trouve aujourd'hui l'usine qui les prive de travail en France. Un départ pour l'autre bout du monde le révèlera à lui-même.
Alors oui, on se dit en lisant Les insurrections régulières, voilà encore un livre qui surfe sur la destruction du travail en France, sur les méchants capitalistes qui délocalisent à tout-va, laissant sur le carreau les bons travailleurs français qui ont donné leur vie à leur entreprise. Et que finalement on n'a peut-être pas envie de retrouver dans les livres les infos plombantes du JT. Mais si Jeanne Benameur part effectivement de cette trame, elle interroge aussi quelque chose de plus profond : les contradictions de la vie ouvrière. le père d'Antoine n'a connu que l'usine et les parents rêvent pour leurs enfants d'une « vie meilleure ». Et Antoine de s'interroger mais « elle vaut quoi alors votre vie à vous ? » Si ces parents ont su s'en contenter, pourquoi pas lui ? Pourquoi le silence du père et déception criante de sa mère lorsqu'il est embauché ? Peut-on rêver toujours mieux en n'agissant pas ?
Les insurrections régulières interrogent aussi en filigrane la lutte des classes : Loïc le frère d'Antoine a réussi, lui, il est instituteur, sa petite amie professeur de lettres. Antoine vit le décalage mais finalement pas celui qu'on croit, pas celui si facile d'être ouvrier en face de gens instruits. Mais le décalage de ceux qui ont vécu dans l'ombre de leurs rêves, de ce qui les prenait aux tripes, de ce qui les anime dans le silence parce qu'ils n'ont jamais oser le dire, parce que ce n'est pas pour eux. Etudiant, Antoine quittait la fac et arpentait, la nuit, les rues, fasciné par l'architecture. Il se noie dans les bouquins d'archi à la bibliothèque et sa rencontre avec le vieux Marcel lui ouvre aussi une nouvelle voie des mots. Ceux qu'il sent bouillir en lui sans jamais pouvoir les exprimer. Lui le taiseux s'entend devenir bavard au fur et à mesure que la distance se creuse entre sa France natale qui lui renvoie ses soi-disant échecs et l'ouverture d'un horizon nouveau, là-bas au Brésil.
La recette est peut-être classique : « je vivote, je lâche tout, je vais loin et hop soudain je me découvre ! » mais elle marche car la langue efficace de Jeanne Benameur empreinte de poésie interroge insidieusement nos choix, les murs que l'on dresse inconsciemment, les carcans dans lesquels on entre plus ou moins confortablement et nos rêves secrets.

Lien : http://lencreuse.over-blog.com
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Antoine chavire de désillusion en désillusion. Karima l'a quitté, il a dû retourner chez ses parents, dans sa chambre d'enfant, l'usine de métallurgie délocalise au Brésil, là où les profits sont plus conséquents, laissant une région meurtrie, un tas de famille en plein désarroi, quelques ouvriers combatifs et d'autres résignés.
Et puis une étincelle, un sursaut et un voyage à l'autre bout du monde, un électrochoc qui redonne un sens à l'insensé.
Très belle découverte que la plume de Jeanne Benameur !
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Jeanne Benameur nous narre l'histoire d'Antoine, ouvrier d'une entreprise sidérurgique française, âgé d'une quarantaine d'années. En RTT forcées, il est dans l'attente d'un éventuel plan de délocalisation de son entreprise au Brésil. Antoine cherche sa place dans la société : il est animé d'un désir de fuite depuis son enfance, malgré de nombreux efforts et de lutte ouvrière pour rentrer dans le moule dans lequel se sont fondus ses parents, son frère, et sa fiancée Karima (qui a fini par l'abandonner).
Il faudra finalement une rencontre avec Marcel, un ami bouquiniste de ses parents pour qu'Antoine parvienne enfin à se libérer. Celui-ci lui fera prendre conscience que la révolution est avant tout intérieure et singulière. Cette rencontre marquera le début de la prise en main de son destin, et l'emmènera au Brésil. Ce pays où Jean de Monlevade partit créer au XIXè siècle la première usine sidérurgique, et destination de délocalisation de l'entreprise qui l'emploie actuellement, se révèle un lieu d'ouverture, de liberté, d'épanouissement personnel, alors qu'il était synonyme avant son départ de délocalisation, recherche de rentabilité, et perte d'emplois.
Au final, le roman, qui avait débuté en nous décrivant une vie sans issue ni espoir, s'achève sur une note de liberté et de résurrection : une note finale bienvenue car il est vrai que la première partie du livre m'avait semblée particulièrement sombre.
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Je découvre Jeanne Benameur , et je pense que mon histoire avec elle ne va pas s'arrêter ici! Les phrases sont courtes , mais tellement justes! Je suis entrée dans ce roman lentement, à tâtons , me demandant si Antoine le protagoniste allait réussir à m'emmener dans son périple, d'abord intérieur,et puis , je ne sais à quel moment il a réussi à me capter, sans concession, cet insoumis qui s'ignorait. Il parle de lutte, de ces familles d'ouvriers dont il fait partie sans le vouloir, sans le désirer, sans le comprendre surtout.Il se découvre, et avec lui nous découvrons ce Brésil capiteux, haut en couleurs et en voix perchées, et puis Thaïs, merveille hors du temps et le vieux Marcel et ses livres rares... ça suffit maintenant il ne faut pas en dire plus ...
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Antoine est ouvrier dans une usine bientôt délocalisée au Brésil.
Il vient de se séparer de son amie, une intellectuelle, professeur de lettres qui lui reproche son mutisme. A quarante ans, il retourne vivre chez ses parents très déçus de sa situation et inquiets pour son avenir. Il frôle la dépression, regrette les études qu'il n'a pas réussies, la relation ratée avec Karima qui lui manque, les enfants qu'il n'a pas eus. Il revit des épisodes de son passé, se remet en question, entre finalement à l'usine de son père, participe aux réunions syndicales mais s'y trouve vite en porte- à faux. Il regarde vivre ses parents et admire leur entente et leur sagesse, les aide sur leur stand au marché dominical, y rencontre finalement Marcel, un ami de ses parents, qui lui fera découvrir la biographie du Français, parti seul au Brésil au siècle précédent et qui fut à l'origine de l'usine où a lieu la délocalisation. Antoine décide alors d'accepter le travail proposé là-bas.

Avec Marcel, l'ancien bouquiniste, qui,malgré son grand âge, quitte tout, lui aussi, pour l'accompagner, il commence alors une vie nouvelle et un avenir tout neuf qui le transforme en le rendant heureux.
Les révolutions les plus réussies sont aussi les plus singulières et les plus intérieures.
Le style est bref, fait de phrases courtes avec de nombreux retours à la ligne comme dans une poésie
Le message est optimiste.
L'accent est mis sur l'espoir: même dans les situations désespérées, on peut réagir, avec un peu de rage et la volonté de tout quitter pour mieux recommencer ailleurs.
Un livre agréable. Une petite musique bien gentille mais pour une histoire pareille, ça manque malgré tout de souffle.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Premier livre de J. Bénameur que je lis. J'ai apprécié le style d'écriture : mots mis à l'endroit même où ils doivent être.
Quant à l'histoire, j'ai surtout aimé la première partie où l'on rentre dans la vie d'Antoine, dans son désir absolu de connaître le pourquoi de la fermeture de l'usine. Ses tourments face à sa séparation avec son amie, son incompréhension face à ses parents, ses chimères face à son frère, son copain le syndicaliste...
La seconde partie est pour moi, moins "terre à terre" mais tout aussi intéressante puisqu'il part au Brésil pour trouver les clés de nombre de ses questions et se laisser aller finalement à la vie au travers de sa rencontre avec Thaïs.
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