J'ai été un peu déçu par la lecture de ce livre que j'ai reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique (merci aux protagonistes). J'attendais un peu plus de virulence due au mot « radicale » dans le titre.
Jem Bendell pose le postulat que l'effondrement sociétal est inévitable car il est désormais impossible d'empêcher un emballement climatique. Dans un premier temps il justifie sa position en s'appuyant sur des études et des rapports plus alarmistes que ceux du GIEC, ces derniers ne prenant pas toujours en compte les « boucles de rétroaction de réchauffement » : quand bien même nous donnerions un coup de frein violent sur les émissions de gaz à effet de serre, et notamment du CO2, cet emballement climatique est dorénavant inexorable, et ses conséquences entraineront des conditions de vie rendant une majeure partie de la planète inhabitable. Celles-ci entraineront, petit à petit ou par à-coups, un chaos social et économique gigantesque, que Bendell prévoit d'ici une dizaine d'années. Bref l'effondrement de la civilisation occidentale telle qu'elle est aujourd'hui est désormais en route. Au vu des inter- connexions mondialisées, il n'y a pas d'échappatoire, et il vaudrait mieux s'y préparer !
Sans rejeter les politiques de « développement durable » préconisées par les états, les gestes citoyens des particuliers, il met en évidence leurs insuffisances, voir leurs mascarades, et souligne l'absence de préparation aux différentes catastrophes qui sont en cours ou qui nous attendent : il convient donc de mettre en place des actions visant à s'adapter aux conditions à venir, de sensibiliser les humains à ce récit pour éviter que l'on s'entretue dans les prochaines années !
Pour cela il préconise de travailler dans quatre directions, - les quatre R- : Résilience, Renoncement, Restauration, Réconciliation. Résilience des sociétés humaines, c'est-à-dire améliorer leurs « capacités à s'adapter à des circonstances changeantes et à survivre tout en sauvegardant des règles conformes à leurs valeurs » (quelles sont les valeurs et les normes que l'on souhaite conserver ?) Renoncement : pas besoin d'expliquer qu'il va nous falloir « abandonner certains avantages, certaines habitudes, certaines convictions ». Restauration : « rendre des paysages à leur condition sauvage… adopter un régime alimentaire aligné sur les saisons (sic), renouer avec des loisirs non électroniques (resic), encourager la productivité et la solidarité à l'échelon local "! (Ce que j'appelle le bon sens, qu'heureusement beaucoup de ruraux de ma génération n'ont pas encore perdu). Et pour finir la Réconciliation : « se réconcilier les uns avec les autres, mais aussi avec l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes … »
Mais
Jem Bendell « n'entend pas détailler davantage ce programme, car il pense que c'est impossible ». Nous voilà bien avancer !
S'ensuit tout un chapitre au discours psycho-spirituel, à la limite du religieux, visant à justifier « un espoir radical de réconciliation », des recommandations pour « vivre l'après déni » etc
La troisième partie du livre relate les échanges entre
Jem Bendell at sa théorie « d'adaptation radicale » à Jeremy Lent, partisan de transformations écologiques et d'une certaine « pensée positive verte » (sic) ; ce débat entre les deux chercheurs, s'il n'est pas inintéressant, n'en demeure pas moins très universitaire ! (Univers si terre ?).
Bref, même si le mouvement « Extinctions Rebellions » a su trouver des lignes de conduite dans les idées de
Jem Bendell, ce livre n'a pas de quoi affoler ou renouveler les sens militants des anticapitalistes, qui ont bien compris depuis longtemps que le problème était surtout du au modèle économique en cours basé sur le profit, et ses rouages de fonctionnement ( démocrature) mis en place par une oligarchie toujours plus avide de richesses et de pouvoir.