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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes "X-Men : battle of the atom" 1 (prologue, scénario de Brian Michael Bendis, dessins et encrage de Frank Cho) et 2 (épilogue, scénario de Jason Aaron, dessins d'Esad Ribic aidé par Giuseppe Camuncoli, encage de d'Andrew Currie et Tom Palmer), ainsi que les épisodes 16 & 17 de la série "All new X-Men" (scénario de Brian Michael Bendis, dessins de Stuart Immonen, encrage de Wade von Grawbadger), 5 & 6 de la série "X-Men" (scénario de Brian Wood, dessins de David Lõpez, encrage de Cam Smith), 12 & 13 de la série "Uncanny X-Men" (scénario de Brian Michael Bendis, dessins de Chris Bachalo, encrage de Tim Townsend, Mark Irwin et Jaime Mendoza), et 36 & 37 de la série "Wolverine and the X-Men" (scénario de Jason Aaron, dessins de Giuseppe Camuncoli, encrage d'Andrew Currie). Tous ces épisodes sont initialement parus en 2013.

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- L'histoire - Cerebro a détecté l'apparition d'un nouveau mutant avec un haut niveau de pouvoir à Phoenix dans l'Arizona. Les tout nouveaux X-Men (Iceman, Beast, Marvel Girl et Cyclops du passé) se rendent sur place, sous la tutelle de Kitty Pryde. Sur place, ils arrivent à calmer Animax (Blake Schiel) qui donnait libre cours à son pouvoir détruisant immeubles et mobilier urbain. Mais leur intervention tourne court avec l'arrivée d'un groupe de Sentinels (des robots géants spécialisés dans la traque de mutants). Au cours de l'échauffourée qui s'en suit, les Uncanny X-Men viennent en renfort (il s'agit de l'équipe menée par Cyclops, avec Magneto, Magik, Emma Frost et quelques autres). L'un de tous ces X-Men manque d'avaler son extrait de naissance. Cela convainc les autres X-Men actuels (Wolverine, Storm, Kitty Pryde, Iceman, Beast) que les X-Men originaux doivent retourner de toute urgence dans leur époque d'origine. Alors qu'ils s'apprêtent à entamer le processus de renvoi, une équipe de X-Men venue du futur apparaît les exhortant à les renvoyer de toute urgence. 2 des X-Men originaux prennent la fuite en volant un Blackbird.

Ce crossover entremêlant les différentes séries mettant en scène des équipes X-Men de 2013 a permis à l'éditeur Marvel de marquer l'anniversaire des 50 ans d'existence des mutants. L'idée de départ est assez alléchante : il s'agit de réunir 3 générations de X-Men dans une même intrigue. Il y a donc les 5 X-Men de 1963 créés par Jack Kirby et Stan Lee (Cyclops, Marvel Girl, Iceman, Beast et Angel). Il y a une ribambelle de X-Men de 2013, une quarantaine en tout, mais une quinzaine qui occupent le devant de la scène. Et il y a une poignée de X-Men en provenance du futur. Ces 7 X-Men proviennent d'un futur qui n'était pas encore répertorié dans les précédentes aventures des X-Men.

Rapidement, le lecteur constate que les scénaristes s'amusent à faire discuter 2 ou 3 générations du même personnage entre eux (les 3 Iceman par exemple), pour faire des bons mots sur la difficulté de dénommer l'un d'entre, les 3 portant le même nom. Par contre, ces dialogues embrouillés apportent peu d'information sur les différences de personnalité de cette même personne à 3 âges différents. Rapidement également, la logique temporelle de cette aventure se délite en paradoxes patents, reconnus et identifiés dans le scénario, mais jamais expliqués. Pour ne citer que le plus gros, les X-Men du futur viennent pour modifier leur passé et empêcher leur présent catastrophique d'advenir. Ils savent à quel moment clef intervenir et pourtant ils n'ont aucun souvenir de leur réaction à cette époque, ou de leur état d'esprit. Ils sont incapables d'anticiper quoi que ce soit. le lecteur reconnaîtra la patte de Bendis, familier de l'utilisation des paradoxes temporels contradictoires, sans logique interne et surtout sans aucune explication (voir Venom bomb).

Le lecteur n'a donc d'autre choix que d'accepter ce salmigondis de voyages temporels sans queue ni tête, et d'apprécier le récit pour l'aventure et les affrontements. En termes de construction narrative, la structure devient vite apparente. Les 2 fuyards sont rattrapés par un groupe de X-Men ou un autre, ça papote, ils s'enfuient profitant de l'intervention d'encore un autre groupe de X-Men avec un point de vue opposé, et donc se battant contre le premier groupe de X-Men. À chaque fois l'artiste concerné dessine chacun des 2 groupes en rang d'oignon, se faisant face. À la première occurrence, le lecteur apprécie ce face à face et compte les points. À la deuxième occurrence, il a compris qu'il ne s'agit que d'une étape supplémentaire sans réelle incidence sur la progression de l'intrigue. À la troisième occurrence, il baille. Seule l'intervention ponctuelle du SHIELD vient le sortir de sa lecture passive (tiens, l'agent Phil Coulson fait même une brève apparition, comme c'est inattendu...).

Mais la force de la série X-Men ne réside pas seulement dans les intrigues ou les personnages, il y a également la métaphore sur le racisme et l'altérité. Côté minorités, Bendis et compagnie se sont coupé l'herbe sous le pied eux-mêmes (pourtant pas facile à faire) en créant un récit centré exclusivement sur les X-Men. du coup, ils ne peuvent plus que s'exclure entre eux. le raccompagnement à la frontière (temporelle) des X-Men originaux ne fournit pas la matière nécessaire à une métaphore convaincante.

Il reste les personnages qui bénéficient régulièrement de scènes touchantes, leurs interactions étant assez complexes. En particulier le tandem Scott Summers (celui de 1963) et Jean Grey (celle de 1963) fait des naître des sentiments fragiles et délicats. de leur côté, les 3 Hank McCoy s'autocongratulent régulièrement, pour un effet comique efficace.

Le lecteur ne peut que s'incliner devant le courage des dessinateurs qui ont accepté de mettre en images une aventure réunissant 3 époques différentes de X-Men, soit une quantité phénoménale de personnages dont il faut maîtriser chaque costume dans le moindre détail, seul point de repère pour que le lecteur ait une chance de les reconnaître. Comme à son habitude, Frank Cho dessine méticuleusement les personnages, avec une forme de douceur dans les rondeurs qui fait de ses dessins l'équivalent d'une pâtisserie légère aux parfums subtils. Par contre, Cho ne s'intéresse toujours pas aux arrières plans de manière flagrante.

Par comparaison, Stuart Immonen et Wade von Grawbadger réalisent des dessins tout aussi succulents et peaufinés, avec une densité d'arrières plans significativement plus importantes; C'est un délice visuel de regarder leur planche, de voir les nuances dans les expressions des visages, plaisir rehaussé par la mise en couleurs substantielle de Marte Garcia. Chris Bachalo réalise des planches toujours aussi craquantes (malgré sa propension à faire bénéficier tous ses personnages de jeunisme), pleine de vitalité et d'énergie, avec des personnages très expressifs. Mais lui aussi finit par éprouver des difficultés à placer tous ces personnages de manière originale, et à rendre les échanges d'opinion visiblement intéressants. Lui aussi finit par s'économiser sur les arrières plans dans le deuxième épisode qu'il dessine. Giuseppe Camuncoli utilise une mise en page beaucoup plus traditionnelle, avec des dessins pas très jolis à regarder. Une part importante de ce résultat est imputable à l'encreur, car sur la série "Superior Spider-Man", il réalise des dessins beaucoup plus vivants et attractifs. David Lopez réalise des dessins esthétiquement plaisants, mais moins sophistiqués que ceux d'Immonen, de bonne facture, mais manquant un peu de personnalité. Esad Ribic commence plutôt bien l'épisode final, mais est vite dépassé par l'ampleur de la tâche, sacrifiant d'abord les arrières plans, puis laissant la place à Camuncoli.

En fonction de ce qu'il attend d'un récit de type "crossover", le lecteur sera plus ou moins contenté par "Battle of the atom". Les scénaristes ont conçu un point de départ original et prometteur, mais ils se contentent de réitérer sans cesse la même situation, en faisant varier quelques paramètres. C'est à qui rattrapera les X-Men originaux, soit pour les renvoyer dans leur passé, soit pour les protéger, eux leur faussant compagnie, et les X-Men se battant entre groupes de convictions opposées. Il y a donc plein de X-Men de tout horizon, plein de combats, plein de bruit et de fureur, servis par plusieurs artistes de très bons niveaux. Il y a quelques rebondissements dans le scénario et quelques variations inattendues dans les versions futures des X-Men. 3 étoiles. Mais rapidement le récit ronronne, patauge dans les paradoxes temporels inexplicables, sortis du chapeau pour raison de commodité vis-à-vis de l'intigue, et semble tourner à vide, menant mécaniquement d'une confrontation à la suivante. Il reste des pages magnifiques, mais un peu vaines faute d'histoire consistante.
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