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EAN : 9782266240062
144 pages
Pocket (03/04/2014)
3.59/5   96 notes
Résumé :
Alfred Vigneux n'a jamais oublié Charlotte et lorsque, à l'occasion de la réfection de son immeuble, il exhume de la cave les documents paternels, son passé lui revient de plein fouet. Le vieillard solitaire, à l'existence jusqu'ici monotone et recluse, décide alors de réécrire l'histoire à sa façon. Adèle, son mari et leur jeune fils, Léo, se voient ainsi proposer un étrange échange: la jouissance d'un appartement dont le vieil homme est propriétaire contre sa prés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,59

sur 96 notes
Alfred Vigneux dispose de plusieurs appartements parisiens, dont l'un se trouve juste en dessous de chez lui. C'est là que vient d'emménager la famille du petit Léo. Tout content de pouvoir vivre dans un grand logement avec sa chambre pour lui tout seul, il se réjouit de la nouvelle vie qui s'offre à lui. Adèle, sa maman, a accepté tout de suite le marché passé avec Alfred, même si Beer, son mari, ne comprenait pas la démarche du vieil homme. Pour seul loyer, le vieil homme vient dîner à leur table. Lorsque Léo le voit pour la première fois, il ne peut s'empêcher de se demander pourquoi eux ? Que cache véritablement ce geste ?
Même si Alfred a toujours vécu dans l'aisance, il a cruellement manqué d'amour, surtout de la part de son père qui l'a sans cesse rejeté. Hors, celui-ci, mort depuis peu, a laissé derrière lui de nombreux documents relatifs à la guerre. Alors qu'aujourd'hui, il tâche de les trier, il découvre de bien étranges choses le concernant ...

Voilà un petit roman sans prétention mais terriblement touchant. L'on fait la connaissance avec Alfred, ce vieil homme rejeté par sa famille et qui n'a presque rien construit dans sa vie mais aussi de Charlotte, sa voisine lorsqu'il était encore adolescent et dont il était tombé amoureux. Une fois la lecture de tous ces papiers achevée, il pourra enfin faire la lumière sur des pans de son passé, envisager son père, alors notaire et administrateur des biens spolié aux juifs, sous un nouveau jour et pourquoi pas racheter par là-même ses erreurs. L'auteur nous plonge au coeur de la seconde guerre mondiale, en 1940, et nous offre une tendre histoire d'amour sur fond d'antisémitisme. L'on se rend compte avec effroi du sort réservé aux demi-juifs qui n'avaient pas d'autres choix que de travailler pour les Allemands, en plein coeur de Paris. Ce roman profond et mélancolique décrit avec justesse et émotion une partie de l'histoire mal connue.

L'ombre d'un homme... mise en lumière...
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Je viens de relire ce petit livre qui m'a chaviré bien d'avantage encore que la 1ère fois. Il y a des livres, je crois, qu'il est nécessaire de relire pour en extraire toute la densité émotionnelle. Celui-ci je l'avais lu trop rapidement et n'avais pas saisi la complexité de l'énigme bouleversante qui nous est distillée grâce à la plume ultrasensible de Bénédicte de Mazery.
Goutte à goutte, chapitre par chapitre, le puzzle de la vie d'Alfred se reconstitue grâce à la découverte des dossiers de son père (notaire) dans la cave de son immeuble. Dans cet immeuble où Alfred a toujours vécu, isolé , dédaigné de son père et couvé par sa mère, et où s'est joué sous l'occupation un drame majeur dont il n'a connaissance que maintenant, vieil homme solitaire à la recherche de ses souvenirs.
En même temps qu'il découvre le rôle ambiguë et glaçant de son père dans l'expropriation des biens juifs, Alfred va aussi pouvoir se réapproprier sa vie.
En faisant resurgir son passé, c'est l'ombre d'un homme qui s'enfuit et la lumière de la vérité qui peut enfin surgir.
Ce roman est un condensé d'émotion, un chef d'oeuvre dont je recommande vivement la lecture.




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L'histoire dans son imprononçable.
L'histoire qui tranche l'humain des deux côtés. Naître/ n'être.

On ne peut réparer ce qui est détruit. Et on ne peut l'oublier.
La mémoire est parfois la seule main capable d'apaiser la douleur.
La mémoire n'est pas un marbre avec laquelle on doit construire un temple,
la mémoire est la pierre la plus sûre, la plus solide pour reconstruire la maison d'un homme.

Un morceau de mémoire écrite en lettres brunes au front d'une Capitale.

« 85/87 rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris
A la déclaration de guerre, le 85/87 rue du Faubourg Saint-Martin abrite l'un des magasins de meubles de la marque Lévitan..
A la fin de 1941, le pillage de l'ensemble des propriétés juives. Baptisée "Möbel Aktion" (opération meuble), consiste à vider les appartements que les Juifs n'habitent plus du fait de leur déportation ou de leur entrée dans la clandestinité. Un nouveau service est créé sous le nom de "Dienststelle Westen" (service ouest). Mis en place au printemps 1942, dirigée par Kurt von Behr, cette organisation identifie les logements dont les occupants juifs sont absents. Des entreprises de déménagements, réquisitionnées pour l'occasion, en vident ensuite le contenu.
La Dienststelle Westen ne dispose pas d'effectifs suffisants pour trier meubles et objets et les acheminer aux populations civiles allemandes dans les nouveaux territoires de l'Est conquis par l'Allemagne ou aux officiers et personnalités pour les plus belles pièces.
Durant l'été 1943, la Dienststelle Westen réquisitionne l'immeuble du 85/87 rue du Faubourg Saint-Martin alors qu'il est soumis à une procédure d'aryanisation.
Le magasin Lévitan devient ainsi le Lager-Ost (camp est).
A Drancy, plusieurs catégories de détenus sont temporairement exclues de la déportation. Les femmes de prisonniers de guerre sont en principe protégées par la convention de la Haye et peuvent servir d'otages dans d'éventuelles négociations diplomatiques. le sort des Juifs classés comme "conjoints d'aryens", "demi" ou "quart" de juif n'a lui pas encore été décidé. Les internés qui composent ces trois groupes peuvent donc être loués à la Dienststelle Westen.
120 internés du camp de Drancy sont transférés au Lager-Ost Lévitan le 18 juillet 1943.
La journée, les détenus travaillent dans les étages au tri des objets qui arrivent quotidiennement et en grand nombre. Ils vident les caisses, nettoient leur contenu et rangent méthodiquement l'ensemble du butin provenant des biens juifs spoliés. Certains voient passer les biens de leurs familles ou de proches. le soir, ils dorment et mangent au dernier étage. Parfois ils sont autorisés à se rendre sur la terrasse, seule possibilité pour eux de prendre l'air et de voir la lumière.

L'enfermement des détenus dans l'immeuble a fait l'objet d'une organisation très discrète et les habitants du quartier n'ont pratiquement pas eu connaissance de ce qui se passait à l'intérieur du camp.

Le 12 août 1944, les juifs qui n'ont pas été déportés et demeurent encore au Lager-Ost sont évacués en autobus pour Drancy. Certains détenus s'évadent durant le transport. Les autres seront finalement libérés le 18 août 1944. ». source AJPN, Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie.

Läger- Ost – Paris :
 85/87 rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris
02 rue Bassano 75016 Paris
43 quai de la Gare 75013 Paris
Liste des lieux d'internement dans Paris durant la seconde guerre mondiale :
http://www.ajpn.org/touslieuinternements.html

"Que ceux qui ont tenté de leur venir en aide en soient remerciés"
Zakhor. al Tichkah.
Souviens toi. N'oublie jamais.

Astrid Shriqui Garain
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Alfred Vigneux est un vieil homme solitaire qui propose à la famille Duilly un étrange marché : il leur loue un appartement à prix modique contre sa présence tous les soirs au dîner. Léo, le jeune fils, s'interroge sur le vieillard et les raisons véritables de cet échange. Parallèlement, Alfred Vigneux remonte le temps jusqu'à l'âge où il était adolescent sous l'Occupation. Ses voisins en dessous, les Wiesenberg ont disparu brutalement, il n'y a que la jeune maman Charlotte, qu'il a revue un jour. Quel rôle effectif a joué le père d'Alfred qui était administrateur provisoire des biens juifs confisqués par les Nazis ?
Ce court roman de 145 pages est assez bouleversant. Jusqu'à une bonne moitié du livre, je n'aurais pas imaginé le drame qui était en train de se tramer. D'ailleurs je trouvais l'histoire assez compliquée à suivre, notamment en raison des alternances entre le présent et le passé. Quand on commence à comprendre le poids du secret détenu par le vieil homme, on ne peut plus lâcher le livre. Encore un roman qui parle d'épisodes sombres de notre histoire de France et qui donne à réfléchir sur l'implication de certains Français et la culpabilité léguée à leurs descendants. J'ai aussi appris l'existence des camps de travail gérés par les Nazis au coeur même de Paris.
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Léo, 13 ans, est heureux. Avec ses parents, d'origine modeste, il emménage dans un grand et bel appartement. Il n'avait jusqu'à présent jamais eu sa chambre à lui. En guise de loyer, le propriétaire Alfred Vigneux, un vieil homme, exige juste de dîner avec la famille chaque soir. Quel étrange marché… Léo se pose des questions sur cet inconnu, alors que sa mère lui rétorque que Monsieur Vigneux, solitaire, a surtout besoin de compagnie. Mais le jeune garçon sent imperceptiblement qu'on lui cache quelque chose.

Ce court roman est un petit bijou et nous offre en quelques pages un concentré d'émotions. Evoquant la période sombre de l'Occupation, il met en scène des personnages extrêmement touchants et une histoire poignante. A travers la destinée de Charlotte, Simon et Jo ; à travers le portrait de la famille Vigneux, l'auteur nous révèle un pan de l'époque vichyssoise où la spoliation des biens juifs – tout comme leur extermination – a fait l'objet d'une véritable industrialisation. Au coeur même de Paris, des prisonniers juifs, dits "non-déportables", travaillaient comme des esclaves pour l'enrichissement du troisième Reich.

Au-delà de l'intérêt historique de ce roman, l'auteure nous dépeint, dans une écriture simple et avec une extrême sensibilité, les remords d'un vieil homme qui, à la veille de sa mort, souhaite par-dessus tout racheter les fautes du passé.

Un très beau roman qui nous bouleverse en quelques pages.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Que reste-t-il d'une vie? Des moments, juste des moments qui reviennent comme des flash et que l'on peine à relier les uns aux autres.
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« Je crois qu'on entend encore dans les entrées d'immeubles l'écho des pas de ceux qui avaient l'habitude de les traverser. Et qui, depuis, ont disparu .Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l'on capte si l'on est attentif. » Patrick Modiano. Rue des boutiques obscures.
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Alfred s'adosse à sa chaise. Sa lâcheté passée lui répugne. Mais était-ce vraiment de la lâcheté … Peut-être s'agissait-il juste de paresse ? Ou bien de cette mélancolie qui ne l'a jamais quitté et qu'il porte depuis sa naissance comme une marque au front, un imprimatur indélébile ?
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Maintenant, le regard de sa mère ressemble à celui de Marne ; il est tourné vers l'intérieur, à la rencontre de pensées formulées dans le secret, pas encore dites mais imminentes. Voilà ce qu'il devine confusément et, malgré son jeune âge, il sent qu'il doit se taire, qu'il lui faut attendre en silence.
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La peur ne la quittait pas : peur de commettre une erreur, peur de tomber malade, peur d'être désignée pour compléter un convoi, peur de mourir asphyxiée lors des exercices de contrôle des masques.
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