AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707312877
414 pages
Editions de Minuit (30/11/-1)
4.7/5   5 notes
Résumé :
Dès son premier recueil de nouvelles (1961), Benet, refusant les principes littéraires de la génération antérieure fondés sur le réalisme - voire sur l'engagement social et la peinture de mœurs –, se tourne vers une autre dimension de la réalité qu'il juge essentielle : son mystère, son irrationalité. Tu reviendras à Région, son premier roman, publié en 1967, marque un tournant décisif dans l'histoire de la littérature espagnole. Benet y construit un espace imaginai... >Voir plus
Que lire après Tu reviendras à RégionVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Publié en 1967, "Tu reviendras à Région" est le premier roman de Juan Benet. Il crée un espace fictif, une région montagneuse et isolée d'Espagne. le récit n'est pas linéaire, ce qui crée une impression de désordre, de foisonnement, de grande violence, autour d'un noyau central : la guerre civile et tous ses bouleversements. Il y a plusieurs personnages dont les destins s'enchevêtrent à différentes époques. le style de Juan Benet est singulier, il utilise des phrases très longues et souvent énigmatiques, un style ardent, très charnel aussi, tragique, lancinant. Une oeuvre difficile mais marquante.
Commenter  J’apprécie          378
Monstrueux roman de 1967, coup d'envoi d'une oeuvre exceptionnelle.

Écrit dans sa première version en 1951, publié en 1967, traduit en 1989 en français aux éditions de Minuit dans une version remaniée intégrant les derniers éléments encore censurés auparavant par le régime franquiste, le premier roman de l'Espagnol Juan Benet, « Tu reviendras à Région », appartient au club pas si fourni que cela des romans contemporains fondamentaux, posant d'emblée, au plus haut niveau d'exigence littéraire, les fondations d'une oeuvre majeure, en seulement 400 pages.

« Région » est un terroir fictif d'Espagne, sauvage et mal dompté, élaboré au fil de l'ensemble des huit romans de l'auteur, à partir du cadre ici initialement tracé. La carte détaillée au 1 :150 000 en sera d'ailleurs fournie en 1983, avec le premier tome des « Lances rouillées ». le lecteur, même lorsqu'il croira avoir acquis quelques repères fugaces, ira toujours de découverte en découverte dans « Région », à la fois immuable et arriérée, engoncée dans son climat si rude, ses montagnes si inhospitalières, ses innombrables secrets fuyant aux limites du fantastique (depuis ses bergers mercenaires offrant contrôle et renseignement… - à quels maîtres ? – jusqu'à Numa, énigmatique gardien d'un maquis sacré, réputé immortel, dont le fusil tonne rapidement et définitivement sur l'audacieux ou l'imprudent), malmenée, rompue et transformée par la Guerre Civile, puis par ses longues séquelles, peinant toujours et encore à se hisser dans une modernité qu'elle ne devine pas nécessairement désirable.

L'écriture est ici d'une rare densité. Les narrateurs multiples, grands maîtres en digressions insensées et emboîtées, virevoltent, personnages ou auteur, ne semblant pas toujours se soucier les uns des autres, pour charger leur discours, leur pensée, ou même leur dialogue apparent, de précisions, de technicités, de réalités épaisses et crues, dont l'ingénieur des Ponts et Chaussées Benet, concepteur et réalisateur de barrages et autres ouvrages hydrauliques pendant trente ans, féru de géologie, de géographie, de biologie, d'histoire et d'art militaire, a le secret, et n ‘hésite jamais à mobiliser pour des effets déroutants, subtils et profondément jouissifs.

Dans « Tu reviendras à Région », la remarquable traductrice et exégète de Benet, Claude Murcia, n'hésite pas à préciser le fil chronologique du roman dans sa préface, tant il est vrai que l'auteur enveloppe les récits de ses principaux personnages, brillant docteur de campagne qui fut amoureux transi et audacieuse jeune femme qui disparut soudainement, jadis, comme par magie, dans des nuages fumigènes que parcourent à loisir et à mystère officiers républicains improvisés, mineurs taciturnes, joueurs de cartes effrénés, batelières charonesques en diable, ou encore militaires rebelles et néanmoins méthodiques…

Une fresque complexe et magnifique, déroutante et précieuse. Et une énorme et belle révélation.
Commenter  J’apprécie          60
Relative déception.

Juan Benet semble avoir été inspiré par Faulkner, Garcia Marquez ou Onetti, excusez du peu, et aurait lui-même suscité l'admiration d'écrivains comme Javier Marías, Eduardo Mendoza ou Álvaro Pombo par exemple. Il n'en fallait donc pas plus pour que je cherche à découvrir cet auteur.

Ce livre est son premier roman.

Il y crée une ville, Région. Il aime les longues phrases. Il y a de très beaux passages. Jusque là tout va bien.

Mais ne voilà-t-il pas que cet auteur me semble avoir un certain goût pour l'hermétisme. Je m'explique. Arrivée à la moitié du livre, il m'a fallu lire la préface, que je zappe toujours allègrement avant ma lecture, pour m'y retrouver dans les personnages et comprendre l'histoire. Ah bon, trois niveaux emmêlés et un tel est en réalité un tel. L'auteur a choisi de rester volontairement opaque, cela j'avais bien saisi...

Bref, ceci, accompagné de longues descriptions purement géographiques ou botaniques, m'a enlevé une partie de mon plaisir.

Je pense retenter ma chance avec son dernier livre qui serait un chef-d'-oeuvre, un Air de crime, également traduit en français. On verra.
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Et, en haut des montagnes noires qui entourent le village, les fumées isolées qui dénoncent la présence de ces ennemis du paysan, cachés, inconnus et omniprésents – les bergers -, lesquels, très certainement, profitent de leur position stratégique et de leur apparence pacifique pour surveiller nuit et jour l’activité du village et susciter auprès d’une lointaine capitale l’avis d’éviction dès qu’un paysan lève les yeux du sillon de sa charrue. Car ils sont le bras séculaire du propriétaire foncier d’Estrémadure ou de Castille ; montés sur de petits ânes et juchés sur une pyramide de matelas, de paquets et de poêles (aujourd’hui, ils ont même la radio), au milieu d’un troupeau malodorant et poussiéreux – flanqué de ces chiens de berger qui semblent avant tout surveiller la ségrégation des sexes -, ils reviennent chaque année au début du mois de mai, avec cette expression outrée, maligne, endormie, incertaine et énigmatique d’un Tamerlan qui, après avoir parcouru et conquis toutes les steppes asiatiques, entrouvre à peine des yeux malicieux devant les verts paysages des rivages européens.
Commenter  J’apprécie          20
L'homme est une pièce archéologique ; du temps de mon père, on croyait qu'on pouvait racheter sa servitude et le libérer de l'exploitation par ses semblables ; et tout cela a abouti au fait que plus personne n'exploite mais que nous sommes tous exploités, par l'Etat, par la religion, par le bien commun, par n'importe qui, et que personne ne peut lutter contre, de sorte que, loin de supprimer l'exploitation, on l'a rendue invulnérable et sacrée.
Commenter  J’apprécie          50
Je vois que, comme toujours, la religion est l'artifice le plus trompeur et frauduleux que l'homme ait inventé.
Commenter  J’apprécie          80
À un moment ou à un autre, en sentant que chaque pas ne fait que l’éloigner un peu plus de ces montagnes inconnues, il connaîtra le découragement. Et un jour il devra abandonner son projet et retarder la vieille décision d’escalader le sommet le plus haut, ce pic calcaire en forme de masque qui conserve imperturbable, sa légende romantique et son panache de bourrasque neigeuse
Commenter  J’apprécie          11
Il ne faut pas donner trop d’importance aux choses, et surtout pas au mariage. Qu’est-ce que tu dis, que c'est pour toute la vie ? Tout est pour toute la vie, ce n’est pas pour ça qu’on leur donne de l’importance. Ce village et cette maison, c'est aussi pour toute la vie, ce n’est pas pour ça qu’on leur donne de l’importance.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (17) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}