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Critique de de


D'abord écouter le Cd, les morceaux choisis pour illustrer/compléter le texte, les commentaires de Sim Copans. Vous découvrirez probablement Michel Warlop et particulièrement « Swing concerto ». Puis réécouter, si vous ne le faites pas déjà régulièrement « Koko » et « Salt Peanuts ».

Histoire et passé recomposé, histoire et et mémoire, récits et légendes, « Se replonger sans l'atmosphère d'une époque suppose dans le même temps de l'imagination ». En temps de commémoration dépolitisée, il importe de revenir sur ce débarquement, sur la seconde guerre mondiale, sur le rôle de l'inique Traité de Versailles de 1919, celui de la crise de 1929 ou celui du pacte germano-soviétique et plus généralement du stalinisme.

L'objet de ce livre est plus modeste. Nicolas Beniès parle du souffle de la liberté, de la révolution bebob. Un livre donc sur le jazz mais aussi de son inscription dans l'histoire.

Je souligne donc une première remarque sur Lester Young, les trois minutes de « The Foolish Things », la mémoire des survivant-e-s des camps, « Ils seront d'ailleurs, d'un endroit où ils sont déjà morts ».

Seconde guerre mondiale, camps d'extermination, « violence barbare de l'explosion de deux bombes atomiques , à Hiroshima et Nagasaki ». Un nouveau monde naît. Et le jazz y a une place particulière. Des musiques qui influencent, entre autres, Boris Vian, Jack Kerouac, Matisse, Piet Mondrian, Jean Dubuffet, etc. « Loin de toute commémoration, de toute cérémonie, je vous invite à débarquer dans cette période de notre histoire pour vivre le moment où tout a basculé ».

Plus qu'une lecture, je propose une promenade subjective dans le temps et la musique. le titre est emprunté à Julio Cortazar cité par Nicolas Beniès.

L'auteur revient sur les soldats afro-américains, l'intégration paradoxale des Noirs dans l'armée au temps de la ségrégation et coté musique sur les « V-Discs » et le rôle de la radio. le temps du jazz de Glenn Miller présent déjà dépassé, les émissions de Sim Copans, la place de Charles Delaunay, la revue Jazz Hot, Dizzy Gillepsie et cette révolution be-bop qui balaye le paysage musical.

Nicolas Beniès déploie son récit, en aller et retour, entre passé et présent, entre situation sociale et politique et rencontres musicales, entre Europe et États-Unis. Il parle aussi des débats autour des musiciens, des regards nostalgiques, de la place de certains musiciens blancs, « aux États-Unis, … il faut différencier le Blanc du Blanc », cependant je ne partage pas sa formule sur le racisme anti-blanc.

L'auteur s'attaque à bien des clichés. « le passé est souvent réécrit en fonction des besoins politiques du présent. C'est la raison pour laquelle il faut prendre les commémorations avec beaucoup de de distance et s'éloigner de tous les mythes », jazz sous l'occupation, « zazous », Django, Michel Warlop, Stéphane Grapelli, Paris, Londres, New-York, Hot Club de France, « le refus de se cantonner au déjà-vu, au passé, pour reconnaître la révolution », déjà-vu / déjà entendu… il en fut de même des années plus tard avec le free jazz. Les conservateurs déclarent toujours que les nouvelles formes ne sont pas de la musique…

Jazz et « Great Black Music », Nicolas Beniès a raison de rappeler que « les Blancs qui la joueront… feront partie du même univers ». Il en sera de même dès années plus tard avec le free et ses développements/prolongements particuliers comme, par exemple, en Grande-Bretagne ou en Allemagne.

Aller retour vers les États-Unis, Charlie Parker, Charlie Christian, Thelonious Monk, etc. « Les grandes compagnies de disques n'aimaient pas prendre de risque », il en est de même aujourd'hui. L'auteur souligne l'histoire des labels indépendants.

Libération, chansons françaises, Sidney Bechet, « les feuilles mortes », programme du Conseil National de la Résistance et « Une seule armée, une seule police, une seule administration » de Maurice Thorez, la nouvelle génération, le deuxième festival international de Jazz…

Puis, le souffle révolutionnaire brisé…

« La mémoire de ces temps de débarquement et de Libération s'effiloche, se rabougrit. Ne reste que des pas sur le sable que la mer efface – pour citer Prévert – que des souvenirs d'un temps ancien aujourd'hui révolu. Les commémorations ont tendance à rendre compte du présent et non pas revenir vers le passé. Elles recomposent le passé pour le revêtir de l'héroïsme ou des vêtements de l'éden ».

Restent des disques. Une nouvelle fois, écoutons « Koko » et « Salt Peanuts ».

En attendant un prochain livre, j'espère sur la révolution free, je rappelle le précédent ouvrage de l'auteur chez le même éditeur : le souffle bleu. 1959 : le jazz bascule, C&F Editions 2011
Lien : https://entreleslignesentrel..
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