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Critique de NMTB


NMTB
20 décembre 2014
Peut-être, pour commencer, est-il préférable de rappeler que cet opuscule a été écrit en 1936 et que Walter Benjamin était un juif allemand en exil. Il est donc pénétré par la situation politique de l'époque et même par l'actualité, puisqu'il y est plusieurs fois fait référence aux jeux olympiques qui allaient avoir lieu, cette même année, à Berlin. D'ailleurs, c'est très intéressant de mettre en relation les théories de Benjamin sur l'art, le sacré, l'aura, l'esthétique, avec le fameux film commandé par Hitler : Les Dieux du stade. Cependant, le sujet est plus large, puisqu'il s'agit de l'émergence de la culture populaire dans l'art.
L'histoire de l'Art pour Walter Benjamin se résume assez simplement. L'art, de son invention préhistorique jusqu'à l'apparition des techniques de reproductions mécanisées (la photographie notamment) a toujours été lié au magique, au culte, au sacré, à ce qu'il nomme l'aura de l'oeuvre d'art. Cet aura se caractérise par son hic et nunc, c'est-à-dire son unicité et son inscription dans une durée historique, une tradition. Les techniques de reproductions mécanisées ont mis à mal, évidemment, cette sorte d'unité de l'espace et de perception traditionnelle du temps. de l'unique on passe à la multiplicité, de l'individuel au collectif ; la photographie c'est l'introduction du socialisme dans l'art, en quelque sorte. Et donc, les oeuvres d'art à l'époque de la reproduction mécanisée ont été désacralisées. Ce qui, entre autre, a eu pour conséquence de leur faire perdre leur caractère sérieux et éternel. Ephémère et pas sérieux… on pourrait difficilement mieux décrire l'art contemporain ! N'est-ce pas ?
Après cela, Benjamin fait une analyse de ces perceptions modifiées et des rapports qu'entretiennent les masses avec la nouvelle technique moderne, en particulier le cinéma. Il y aurait beaucoup à dire sur cette analyse, car elle est vraiment intéressante et je ne peux que conseiller la lecture de ce tout petit livre, plutôt accessible si on veut bien condescendre à y porter un peu son attention. C'est certainement l'un des premiers textes important écrit sur la culture de masse.
Je ne partage pas totalement les avis de Benjamin ; sa vision sur l'art, dans son ensemble, est plongée dans l'actualité et manque d'ampleur. Il a certainement mis trop vite au rebus l'aura de l'art, pas suffisamment pris en compte la nouvelle aura des stars de cinéma, par exemple. le culte, est loin d'avoir disparu avec les nouvelles techniques artistiques. de plus, Benjamin a trop facilement abandonné l'art pour l'art, parce que Marinetti, artiste futuriste et fasciste notoire, avait trouvé de la beauté à la guerre. « Voilà où en est l'esthétisation de la politique perpétrée par les doctrines totalitaires. Les forces constructives de l'humanité y répondent par la politisation de l'art », assène-t-il. Bien… Mais, moi, ce que je vois, c'est que Marinetti comme Benjamin avaient le cerveau ramolli par leurs doctrines politiques, et qu'ils se sont, chacun à leur manière, fourvoyés sur l'idée de l'art symbolique.
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