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EAN : 9789961768099
175 pages
ANEP (30/11/-1)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Ceux qui se sont intéressés au cas du monde musulman et à sa reconnaissance, après une longue torpeur, ont plutôt évoqué les symptômes, mais nullement la maladie. Chacun, nous dit Malex Bennabi, a vu les choses selon sa propre humeur.

En fait, il s'agit de proposer un diagnostic approfondi. Le monde musulman est-il en train de cogiter sa propre civilisation ou se contente-t-il de prendre ses outils à l'occident industrialisé ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Livre écrit dans des circonstances pénibles par le grand penseur algérien Malek Bennabi, digne d'un grand intérêt visant par cet ouvrage à décortiquer et analyser le sens du progrès sous le prisme de l'islam. Il traite différents thèmes tout en utilisant une terminologie propre à l'auteur. En inscrivant ce livre dans une série de réflexions intitulé "les problèmes de la civilisation" ce livre a eu à juste titre une aura dépassant les frontières du pays de l'auteur. En effectuant une étude comparative des sociétés occidentales et des pays de l'axe Tanger-Djakarta. M.B dresse un bilan de la civilisation musulmane grâce à un graphique qu'il nomme le cycle de la civilisation, comportant trois phases la phase de l'âme, la phase de la raison et la phase de l'instinct primitif...D'autres questions sont incluses et qui ont été cités dans les livres précédents cet ouvrage comme la "colonisablilité" et le sens de l'éthique et de l'esthétique.


Lien : https://nedjma.org/
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On Gagnerait beaucoup à lire et étudier ce livre
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Historiquement, la colonisation est une régression dans l'histoire humaine. C'est un retour à l'âge romain, après l'expansion de l'empire musulman qui fut, cependant, une expérience d'un nouveau genre dans l'histoire. En effet, ni le Sud de la France, ni l'Espagne, ni l'Afrique du Nord n'ont été les ''colonies'' de l'empire musulman, mais ses provinces au même titre que la Syrie ou l'Irak.

Et on ne doit pas rétorquer que l'empire musulman n'avait pas à faire de discrimination politique puisque l'uniformité administrative était la conséquence de l'uniformité religieuse préétablie. Cela serait absolument faux : partout les chrétientés et les juiveries locales ont quand même subsisté librement, même avec toute la latitude pour un moine comme Gerbert de se former à la science musulmane, de devenir le pape Sylvestre Il et le promoteur de la première croisade.

Évidemment, cela n'a pu être possible que pour autant qu'une culture musulmane avait promu dans l'histoire une conception rénovée des rapports entre hommes.(1)

Heureusement pour l'humanité, cette expérience politique est demeurée lettre morte pour la conscience européenne.

Il est vrai qu'on a tout fait pour qu'il en soit ainsi, comme le remarque si justement le Dr Gustave le Bon. Pour être à leur aise, les promoteurs de cette culture néfaste ont découpé le processus de l'histoire humaine en tronçons. Et, pour eux, la civilisation c'est le tronçon qui va de l'Acropole jusqu'au palais de Chaillot ou un tout petit peu plus loin. Et même des intellectuels distingués ne se rendent pas compte que le tronçon en question n'existe pas même dans leur esprit.

Il nous est arrivé de montrer à certains parmi eux qu'entre la civilisation d'Aristote et celle de Descartes, il y a un intervalle de plus d'un millénaire qui correspondrait inévitablement à un vide dans la culture d'un Louis Bertrand mais qui correspond en réalité à la civilisation musulmane, dans le processus de l'histoire générale.

(1) La fameuse apostrophe du khalife Omar au gouverneur de l’Égypte illustre d'une façon frappante l'esprit nouveau. Le khalife rappelait à Amr Ibn El-Ass, son subordonné trop enclin à l'intérêt matériel, que l'Islam ne venait pas dans les pays pour collecter des impôts, mais pour éclairer les âmes. (pp. 152-153)
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Dans un milieu colonisable, il n'est pas possible de voir autre chose qu'une administration colonialiste.

La colonisation n'est pas un caprice politique, quoiqu'elle puisse paraître, cela c'est une fatalité de l'histoire. On ne cesse d'être colonisé qu'en cessant d'être colonisable, c'est une loi immuable.

Et ce grave problème ne peut pas se résoudre par de simples aphorismes, ni par des tirades plus ou moins grossières, mais par de profondes transformations de notre être : chacun devant être réadapté, peu à peu, à ses fonctions sociales et à sa dignité spirituelle.
(...)
Qui n'a pas compris cela, n'aura rien compris au verset qui fut l'étendard doctrinal de l'Islahisme : ''Dieu ne change pas l'état d'un peuple que celui-ci n'ait changé le comportement de son âme..."
(...)
Un aphorisme que nous devons à l’Égypte, à laquelle nous devons aussi pas mal de mauvais discours et de mauvais films, devint la devise du néo-maraboutisme à savoir ''les droits ne se donnent pas, mais s'arrachent''.

On oublia que le droit n'est ni un cadeau qui se donne ni une proie qui s'arrache, mais le simple corollaire du devoir ; qu'un peuple crée sa charte, en modifiant son milieu social lié au ''comportement de son âme.''

Loi sublime : transforme ton âme et tu transformes ton histoire. (pp. 33-35)
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Une laideur ne peut inspirer de belles, ni de grandes idées.

Le laid ne peut qu'engendrer de laides idées, et partant, de laides actions, de laids comportements.

Aussi, tous les grands moralistes, comme Ghazali, n'ont jamais manqué de poser le problème de l'esthétique. Leur pensée peut se résumer ainsi: on ne peut concevoir le bien sans le beau.

On pourrait la traduire en langage sociologique: les idées sont naturellement le canevas subjectif des actions. Mais les idées sont liées à des générateurs concrets, à une ambiance faite de couleurs, de formes, de mouvements, de sons, de visages.

En fait, il s'agit bien d'une esthétique quand on considère la source des idées, donc des actions.

Même l'activité la plus insignifiante est liée à une certaine esthétique, car il y a la belle manière de penser et d'agir et même de faire la politique ou de porter seulement un paquet.
(...)
Toute l'ambiance d'une civilisation: c'est là le problème de l'esthétique.

Il faudrait que dans nos rues, dans nos cafés, on trouve la même note esthétique qu'un metteur en scène doit mettre dans un tableau de cinéma ou de théâtre.

Il faudrait que la moindre dissonance de son, d'odeur ou de couleur, nous choque comme on peut être choqué devant une scène théâtrale mal agencée.

L'esthétique, c'est ''la face'', d'un pays dans le monde. Il faut sauver notre face pour sauver notre dignité et imposer notre respect au prochain à qui nous devons nous-mêmes le respect. (pp. 99-101)
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Quand l'homo-natura se met en marche pour atteindre l'homo-sapiens, il n'a pour viatique que le sol qui lui fournit le moyen d'atteindre son but et le temps nécessaire pour y parvenir. Le reste est accessoire: le building, l'université, l'avion tout cela est de l'acquis.

La société humaine peut se passer un certain temps de l'acquis, mais elle ne peut renoncer aux trois richesses. primordiales sans renoncer, par cela, à son existence elle-même. Cela est si vrai que durant la dernière guerre, les belligérants n'évaluèrent pas leurs pertes en or, en argent, mais en heures de travail, c'est-à-dire en valeur de temps, d'efforts humains et de produits du sol.

Et aussi chaque fois que l'acquis devient insuffisant ou inaccessible, chaque fois qu'il s'agit dans les heures graves de revenir aux valeurs fondamentales, l'humanité retrouve, en même temps que son génie, le sens des choses simples qui ont fait sa grandeur.

Ce sont ces richesses permanentes que l'on retrouve chaque fois qu'on applique le principe de la ''Table rase'', c'est-à-dire en réalité, chaque fois que l'homo-natura se met en marche et qu'une civilisation se met en mouvement avec lui. (p. 65)
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Quand Kemal imposa à la Turquie le port du chapeau,
beaucoup de gens simples se gaussèrent de ''son esprit simpliste''.
Mais Atatürk ne se laissa pas impressionner par le gros rire que le
chapeau turc souleva dans le monde. Il savait que le fez était une
parcelle de l'esprit du vieux turc: l'esprit des désenchantés
masculins, de fumeurs de narguilé, des chercheurs d'oubli.
Il fallait rompre le statisme d'une société pétrifiée dans le
songe séculaire sur les bords du Bosphore.

Le chapeau a été la bombe qui a rompu cet équilibre
traditionnel: la bombe qui a pulvérisé le songe, disloqué
l'horizon fascinateur dissipé les bouffées de narguilé, replié les
tapis tentateurs, dispersé les idées mortes ou mortelles.
C'était cela la pensée profonde de Kemal. Dans le problème
vestimentaire, il y a aussi des considérations d'ordre protocolaire,
non négligeables
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Videos de Malek Bennabi (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Malek Bennabi
Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Que sais-je de l'Islam" de Malek Bennabi aux Editions Héritage.
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