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EAN : 9782330032074
275 pages
Actes Sud (04/06/2014)
3.71/5   17 notes
Résumé :
Un professeur d'âge mûr, poète et misanthrope, rencontre une jeune femme qui affole son coeur. Un roman où se mêlent légendes, chansons, poèmes, pour faire chanter toutes les couleurs de la palette et nous entraîner dans une valse folle, pleine d'humour et d'espoir. Martin est un professeur retraité, affecté d'une sciatique et tenté par d'improbables expériences culinaires. Il a choisi de se retirer loin du monde, dans un village des Apennins qui porte le doux nom d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La trame se réduit à peu de choses, et est peu originale, mais ce premier contact avec un livre de Stefano Benni m'a séduit !
Un mélange de prose et de poésie, de cynisme et de douceur, de magie et d'une réalité cruelle, de personnages irréels et de personnages trop réalistes .
Martin parle aux animaux (qui lui répondent) et parle tout seul, Martin s'est retiré du monde pour vivre en paix avec la nature et dont la quiétude va être chamboulée par l'arrivée de nouveaux voisins, l'homme lui est antipathique, violent, buveur mais il lui rappelle en même temps ce que lui était dans sa jeunesse, et Elle, Michele, qui va colorer sa vie jusqu.alors grise. Ils vont se découvrir, danser une valse ensemble, s'échanger mutuellement leurs secrets. Pas de miracle toutefois, ils n'iront pas plus loin, elle partira et il comprendra que son exil volontaire est terminé.
Ce livre m'a fait sourire souvent, il est léger, il parle de la vie à travers de manifestations irréelles (les dialogues avec les animaux, les rencontres avec Béatrice, la sorcière du village), il alterne narration et poésie, peu d'actions mais beaucoup de réflexions. Sur la vieillesse, la sagesse et l'amour qui n'a pas d'âge.
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Le héros de Toutes les richesses, bientôt 70 ans, vit dans l'isolement d'une maison au pied des Apennins. Sa solitude, souvent pesante, il l'a choisie cependant. Misanthrope, il ne se passionne plus guère que pour la poésie et les légendes locales. Et il converse bien plus souvent avec les animaux, et notamment son chien, fidèle "écuyer", qu'avec ses frères humains. le roman de Stefano Benni n'est toutefois pas qu'une méditation sur la vieillesse ou la nostalgie du passé. L'écrivain italien, comme à son habitude, use d'une ironie cinglante pour épingler les travers et turpitudes de notre société. Son humour est décapant quoique jamais cynique mais plutôt férocement tendre. Autre aspect des livres de Benni que l'on retrouve ici magnifié : l'onirisme et le fantastique léger. Autant de couches stylistiques qui évitent au livre de tomber dans le sentimentalisme. Car au fond, c'est bien (aussi) des derniers feux amoureux dont nous parle de toutes les richesses. Même quand le corps trahit peu à peu, le coeur, lui, continue de battre et de s'enflammer. Il suffit d'une créature céleste, vague réminiscence d'une passion passée, dont la présence est un baume autant qu'une douleur. Ce roman est magnifique. Au diable les clichés mais il est vrai qu'il fait passer du rire aux larmes, du rêve à la réalité, du beau au bizarre, du trivial au sublime. Chef d'oeuvre est un mot galvaudé mais de toutes les richesses en est un. A sa manière, modeste et grandiose.



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Martin , un professeur d'âge avancé , est retraité dans un village des Apennins .Il y vit , pas à tout à fait seul car il s'entoure aussi à l'occasion d'animaux qui lui parlent , tel son chien .Il n'est pas un ermite intégral car il est resté en contact avec Remorus, artiste quelque peu cynique , assoiffé de gloire , de reconnaissance , et avec Voudstok , cultivateur de cannabis , nostalgique des années 60 , dont l'auteur trace le portrait : « Virgile, alias Voudstok , habite dans une maison rutilante de tags , à un kilomètre et demi d'ici. Pour lui, le temps s'est arrêté à l'époque du paléo-rock et de Woodstock .Il a le même âge que moi, mais il porte des jeans pattes d'éléphant ornés de dessin, des gilets en cuir , une longue queue de cheval de cheveux blanchâtres , et touche finale, un bandana sur le front . »

Désireux de prendre ses distances avec le milieu universitaire dont il est issu et dont il connaît tous les codes, Martin apprend par Voudstok , qu'un jeune couple s'installe près de chez lui .Le compagnon , que Martin surnomme le Torve , ne provoque guère de sympathie chez lui ;il n'en est pas de même pour Michelle qui réveille en lui des sentiments , des sensations, des désirs qu'il croyait ensevelis, classés dans ses archives affectives .Il revit , redécouvre , par l'échange et la conversation avec Michelle des nouvelles potentialités .Ainsi précise t-il à Michelle le sens de l'attente dans l'amour : « Nous ne pouvons pas toujours attendre avec patience. C'est comme l'amour .Nous tombons amoureux d'une personne , et aussitôt le temps s'accélère, nous venons de la quitter et nous voulons la revoir tout de suite (…) vous, Michelle, vous êtes pressée parce que vous êtes amoureuse de votre avenir, de votre métier , du désir de retrouver les lumières du théâtre auprès de votre Tamino ou de votre Hamlet . »

Ces échanges avec Michelle font aussi redéfinir à Martin le sens de la solitude, élément s'il en est, de la condition humaine : « Ma solitude est digne, je l'affronte tête haute, mais si je la regarde en face elle me raille, me blesse, elle fait revenir toutes les solitudes du passé. C'est ainsi : chaque solitude contient toutes les solitudes déjà vécues. »
Le récit de Stefano Benni est très plaisamment organisé : chaque chapitre s'ouvre sur un poème, éclairant l'esprit et l'orientation des lignes à venir .L'auteur fait d'autre part une référence explicite aux Nuits Blanches de Dostoïevski, dont il s'inspire dans l'articulation du roman .Ce roman nous séduit, il pastiche sans dénigrer, il manie l'ironie sans une utilisation abusive de la dérision. C'est un éloge de la création littéraire, de son imprévisibilité : « Borges, le grand lettré, rêve en fait de se battre au couteau dans les bas-fonds de Buenos Aires. (…) Oscar Wilde fait l'éloge du mensonge et semble railler les gens ordinaires, et pourtant il nous donnera la Ballade de la geôle de Reading. »
Comment ne pas approuver cet éloge de la surprise ?

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C'est l'histoire d'un vieux professeur,Martin,un loup solitaire retiré à la campagne par son propre choix,où il écrit des essais et étudie sur un certain poète de la région,"mort suicidé"(?),dit La Catena.Il vit avec son chien Ombra,philosophe à ses heures et dialogue avec divers animaux de la forêt,proche de sa maison(des dialogues truculents avec une chèvre cultivée ,citant Borges,Poe,Wilde,une vache qui écoute Freddy Mercury,un hibou qui lui donne des conseils,des sangliers illuminés...).L'arrivée d'un couple plus jeune dans la maison voisine ,dont la femme lui rappelle une autre qu'il a aimé dans le temps,va bousculer son quotidien et raviver son coeur.Un livre sur la solitude,sur les divers problèmes de la vie,mais toujours optimiste,quoiqu'il arrive la Vie vaut la peine de la vivre.Le narrateur(pas difficile d'y reconnaître Benni)parle de lui-même et de son entourage avec une ironie magnifique,légère et tendre,et ne rate pas la satire sociale(description des gros bonnets du pays,du monde universitaire,des hommes italiens,du monde de l'art...).J'ai lu avec grand plaisir et me suis beaucoup divertit,avec ce premier roman qu'il a publié après sa longue absence dû à sa maladie.
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N°885– Mars 2015

DE TOUTES LES RICHESSESStefano Benni – Actes sud
Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli.

La vieillesse est un naufrage avec son lot de douleurs, d'abandon et de solitude. Enfin pas pour ceux qui savent nager surtout quand ils ont soin de pratiquer la natation avec une bouée. C'est un peu le cas de Martin, vieux misanthrope, ancien universitaire, philosophe et poète par vocation, la septantaine, retiré dans un village perdu dans les Apenins. Ses soutiens sont efficaces : Il mène une étude sur un poète oublié baptisé « l'Enchaîné » qui habitait une maison voisine, écrit lui-même des poèmes, parle aux animaux du bois derrière chez lui qui lui répondent volontiers et a avec son chien des rapports quasi-humains. Ainsi s'engagent entre eux un dialogue un peu surréaliste, souvent cultivé, mais à chaque fois aussi savoureux que les mondes parallèles dont il tisse les contours pour lui seul et qu'il habille de légendes. Et d'ailleurs il n'est pas seul, ses amis eux aussi sont originaux. C'est Virgile alias Voudstok, son voisin, « un hippy un peu flapi », Remorus, qu'il ne prise pourtant pas tellement, une sorte d'épouvantail sur le retour, infâme lèche-cul et capable de tout pour un peu de notoriété. Apparemment, rien ne pouvait bouleverser cet ordre établi sauf qu'un jeune couple vient s'établir en face de chez Martin. Lui, qu'il surnomme le Torve, peintre raté, alcoolique et propriétaire d'une galerie qui peine à décoller, ne lui fait pas beaucoup d'effet. En revanche elle, Michelle, qu'il baptise « La princesse des Blés » à cause de sa longue chevelure dorée l'inspire davantage, d'autant qu'il rapproche son image de celle de la légendaire jeune fille du lac tout proche mais surtout parce qu'elle lui rappelle quelqu'un qu'il a bien connu, même si cela fait longtemps. Lui comme elle sont un peu déçus par la vie et c'est sans doute ce qui les rapproche. Alors Martin oublie la vieillesse, la solitude et c'est reparti pour les sentiments et pourquoi pas pour l'amour !

J'ai bien aimé l'architecture de ce livre pris au hasard sur les rayonnages d'une bibliothèque où chaque chapitre s'ouvre sur un poème ludique, j'ai bien aimé le style (la traduction?) alerte, humoristique, poétique et aussi la façon dont il règle ses comptes en passant avec le monde universitaire, celui de la politique et de l'art, sans oublier la société des hommes. J'ai surtout bien aimé ce professeur retiré du monde, un vieux fou qui fait semblant de croire une dernière fois à l'amour, qui combat comme il peut la vieillesse et tente d'apprivoiser la mort. Pour compenser ce qui est un manque définitif, il se refait un monde imaginaire et y entre de plain-pied. C'est vrai que ce qu'on imagine est forcément plus beau que ce qu'on voit et cela ne coûte d'y mettre des êtres bien différents de ceux du quotidien. Il y invite à sa guise tous ceux du monde extérieur, leur prête un rôle qui les étonnerait eux-mêmes dans ses histoires, leur fait dire des choses qu'ils ne diront jamais, leur fait faire des gestes qu'eux-mêmes ne distribueraient pas autour d'eux, mais qu'importe. Cette démarche est celle d'un rêveur solitaire qui combat à sa manière son manque d'être. Je suis de tout coeur avec lui ! Il dépare pas dans ce décor même si, à son âge tomber amoureux est un peu anachronique et si Michelle ne peut que lui échapper. Cette fable sur la fin de vie, avec son cortège de regrets, de remords, de renoncements, de souvenirs qui resurgissent, avec au bout la mort est finalement une réalité à laquelle nul n'échappe.

©Hervé GAUTIER – Mars 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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critiques presse (1)
LesEchos
05 août 2014
Stefano Benni dépeint une Italie des terres. A la fois incarnée et illuminée. Eloignée des bas-fonds politiques comme de la Toscane des cartes postales. Une autre Italie. Tout aussi singulière et envoûtante.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
LE DODECALOGUE DU BON CHIEN

1. Aime ton maître comme toi-même.
2. Renifle ton père, ta mère et tout le reste.
3. Fais toujours tes crottes là où quelqu'un risque de marcher.
4. Si on t'abandonne, c'est qu'on ne te méritait pas.
5. La puce est toujours là où tu ne peux la gratter : résigne-toi.
6. Ne convoite pas la gamelle d'autrui, mais si tu tombes dessus...
7. Si quelqu'un est plus petit que toi, aboie, s'il est plus gros, couche-toi sur le dos, ventre en l'air.
8. Ce qui pour les autres pue doit être pour toi un objet de curiosité.
9. Hulule, on croira que tu veux dire quelque chose.
10. Si ton maître se met à table, regarde-le comme si tu n'avais pas mangé depuis un an.
11. Quand tu manifestes ta joie, qu'elle soit proportionnelle à ton poids.
12. Ton maître n'est pas bizarre, il est humain : résigne-toi.
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Bienheureuse vieillesse, pensa le professeur, qui vous permet de désirer sans prendre, d'admirer sans abîmer, de souffrir sans faire mal à autrui.
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Dans les alentours et dans le bourg qui se trouve entre ma maison et la petite ville aux supermarkets, on me considère comme un bizarre et silencieux extraterrestre. Le village s'appelle Bourgcornu. Pour certains, ce nom provient des cornouillers qui abondent dans le bois. Pour d'autres, de ses chèvres très belles et irascibles. Mais j'ai également eu connaissance d'une version plus malveillante. C’est un village de chasseurs endurcis, et pendant les longues battues, les femmes tentent de se distraire en testant leurs matelas avec des bénévoles.
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Michelle avançait en tête, évitant les branches enchevêtrées et enjambant les racines. Le professeur admirait sa démarche souple, la grâce et l'agilité des muscles sous la crête iliaque, en particulier le trochanter et le piriforme.
Bref, il regardait son cul.
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Celui qui me tient lieu de compagnon et d'écuyer est Ombra, un gros chien noir, un croisement entre un terre-neuve et un train de marchandises lorsqu'il se jette sur vous pour vous faire fête.
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