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EAN : 9782226021953
460 pages
Albin Michel (26/11/1954)
4/5   27 notes
Résumé :
C'est au destin, vraiment hors série, du premier président de la Turquie kémalienne - celui que l'on a appelé "le loup gris d'Angora" - qu'est consacré ce volume.
Un portrait en pied, qui se détache sur le fond de l'un des phénomènes historiques les plus importants de notre temps : le réveil des peuples du Proche et du Moyen-Orient, vu ici sous l'aspect turc.
Héritier d'un empire cerné par les armées anglaise, française et russe, ramené aux dimensions ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'auteur est Jacques Benoist-Méchin (1901-1983), qui fut condamné à mort en raison de ses activités pendant l'occupation nazie, puis gracié, avant de devenir un historien de grande renommée.
Avant de développer la biographie d'Atatürk, Benoist-Méchin fait l'historique des Turcs, un ensemble de peuplades issues de l'Asie Centrale. Il évoque longuement leur poussée vers l'Ouest, la formation de l'Empire Ottoman, son apogée au temps de Soliman le Magnifique, puis son lent mais inexorable déclin.
Mustapha Kemal (né en 1881) choisit la carrière militaire; tout de suite, il a de grandes ambitions pour son pays et l'arrivée au pouvoir des "Jeunes Turcs" ne satisfait pas à ses attentes. La première guerre mondiale éclate: les Alliés tentent un débarquement sur la presqu'ile de Gallipoli, et c'est Mustapha Kemal qui arrache la victoire turque (1915). Mais, en 1918, l'Empire Ottoman est dans le camp des vaincus - et c'est lui qui sera le plus mal traité par les vainqueurs: il sera démembré par le traité de Sèvres. Mustapha Kemal se dit alors que l'homme malade, ce n'était pas le peuple turc, mais le régime impérial. Il réunit à Angora (Ankara) une "Grande Assemblée Nationale" et affronte avec succès l'armée du Sultan Mehmet VI et ses autres ennemis. Mais la plus grande victoire est obtenue contre les Grecs, qui sont refoulés hors d'Asie Mineure (1922). La nouvelle Turquie a obtenu de haute lutte sa reconnaissance internationale (traité de Lausanne). M. Kemal obtient les pleins pouvoirs, dépose le calife, réprime les révoltes des ethnies minoritaires, fait condamner tous les comploteurs... Il dirige la Turquie d'une main de fer jusqu'à sa mort (1938). Son oeuvre est colossale: autarcie totale, modernisation, réforme de l'enseignement et de la justice, introduction de la laïcité, révolution dans les moeurs, adoption de l'alphabet européen, émancipation des femmes, transfert de la capitale à Ankara, etc, etc… Dictateur pendant une quinzaine d'années, celui qu'on nomme maintenant Atatürk impose des changements inouïs. Absolument intraitable sur son ambition pour la Turquie, il disait: « le glaive de la Justice frappe parfois les innocents, mais le glaive de l'Histoire frappe toujours les faibles. Je ne suis pas de ceux-là ».
Au fond, avec le recul on est obligé de constater que les méthodes et les objectifs de M. Kemal n'étaient pas très différents de ceux des régimes fascistes. Je ne suis donc pas étonné que Benoist-Méchin fasse l'apologie de son héros. Mais ce pouvoir fort (très fort !) agissait pour la bonne cause, de notre point de vue (occidental). D'ailleurs, pendant très longtemps, l'Occident a beaucoup d'indulgence pour la Turquie moderne (qui, il faut aussi le reconnaitre, n'a jamais agressé ses voisins - contrairement aux régimes de Mussolini et consorts). Mais, en 2015, l'héritage d'Atatürk est évidemment en lambeaux et le devenir du pays qu'il a refondé est très incertain, tiraillé entre Occident et Orient.
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Ayant abordé ce livre sans connaître Benoist-Méchin, et son passé sulfureux, par intérêt pour le sujet, j'ai été pour le moins désarçonné par le contenu. C'est peu de dire que je comprends mieux la non-condamnation des différents génocides et déplacements forcés... mais celle du complot judéo-maçonnique de Djavid Pacha (!) une fois renseigné sur ce collabo de la pire espèce. C'est certainement très bien écrit, c'est un tourne-pages, mais je soupçonne que cette hagiographie de Mustapha Kemal n'est pas un ouvrage très objectif. Si vous l'avez lu, comme moi, par inadvertance, profitez de la prose, et précipitez-vous sur une biographie véritablement historique, afin de corriger les distorsions intéressées (et pas à la meilleure des causes).



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Préciser que ce monsieur fut collaborateur pendant l'occupation, condamné à mort en 1947 puis gracié. Il avait oeuvré à la création d'une « nouvelle Europe » avec le pouvoir nazi et était considéré comme un ultra de la collaboration au sein du Régime de Vichy.
La première partie du livre est consacrée à l'arrivée de peuplades de l'Asie Centrale et la création de l'empire Ottoman, son apogée au temps de Soliman le Magnifique, puis son lent mais inexorable déclin.
Du XIIIème siècle, quand les hordes de Gengis Khan envahissent l'Ouest, jusqu'à la chute de Mehmet VI36ème et dernier sultan1861-1922. le sultanat ayant été aboli par M. Kémal en 1922.
En mars 1881, nait à Salonique Mustapha Kémal. Coléreux, caractériel, il fait l'école militaire. Rebelle au régime du sultan, il crée un groupe d'opposition, envoyé en prison, puis éloigné à Damas. Il revient à Salonique en 1907 et adhère au mouvement « Union et progrès » créé par Enver Pacha (qui est à l'origine de l'alliance avec l'Allemagne lors de la guerre 14-18) et quelques autres opposants qui réalisent la révolution « des jeunes turcs » en 1908. Mais Khémal n'est pas satisfait de ce mouvement et des hommes qui le dirigent.
La première guerre mondiale éclate: les Alliés tentent un débarquement sur la presqu'ile de Gallipoli, et c'est Kemal qui arrache la victoire turque (1915). Mais en 1918, l'Empire Ottoman est dans le camp des vaincus, il sera démembré par le traité de Sèvres 1920. Kemal se dit alors que l'homme malade, ce n'était pas le peuple turc, mais le régime impérial. Héritier d'un empire cerné par les armées anglaise, française et russe, ramené aux dimensions d'un petit pays agricole guetté par la misère, Kémal déclare peu avant sa prise de pouvoir : "Il faut faire plus qu'une révolution ! La Turquie n'existe pas encore, Il faut la mettre au monde".
Il réunit à Angora (Ankara) une "Grande Assemblée Nationale" et affronte avec succès l'armée du Sultan Mehmet VI et ses autres ennemis. La plus grande victoire est obtenue contre les Grecs, qui sont refoulés hors d'Asie Mineure (1922). La nouvelle Turquie a obtenu de haute lutte sa reconnaissance internationale par le traité de Lausanne 1923. Kemal obtient les pleins pouvoirs, dépose le calife, réprime les révoltes des ethnies minoritaires (Kurdes et Arméniens), fait condamner tous les comploteurs. Il dirige la Turquie d'une main de fer jusqu'à sa mort (1938). Son oeuvre est colossale : modernisation des moyens de transports dont le rail et les routes, autarcie totale, réforme de l'enseignement et de la justice, industrialisation, introduction de la laïcité, adoption de l'alphabet européen et mise en place du calendrier grégorien en remplacement de celui de l'an I de l'Hégire (-622ans), émancipation des femmes, interdiction du port du fez, transfert de la capitale à Ankara… Dictateur tout au long de son règne, celui qu'on nomme maintenant Atatürk, impose à son peuple des changements inouïs, car c'était demander à une population quasiment analphabète et soumise à la religion musulmane et ses dogmes ancestraux, de s'adapter à des moeurs occidentales. Absolument intraitable sur son ambition pour la Turquie, il disait : « le glaive de la Justice frappe parfois les innocents, mais le glaive de l'Histoire frappe toujours les faibles. Je ne suis pas de ceux-là ». Les méthodes et les objectifs de Kemal n'étaient pas très différents de ceux des régimes fascistes. Cependant, en seulement 16 années de pouvoir despotique, il a réussi son tour de force, c'est-à- dire conduire la population à un niveau de culture générale, et le pays à une prospérité économique certaine. Aujourd'hui, qu'en est-il de l'héritage d'Atatürk face à la politique belliqueuse et anti-européenne d'Erdogan ? Un despote en remplace un autre !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Un grand personnage, un grand biographe, une magnifique biographie…

Mustapha Kemal est vraiment un personnage hors du commun. Il lui fallait un biographe exceptionnel en langue française: ce fut Jacques Benoist-Méchin. Sûrement l'une de nos plus belles plumes du 20ème siècle en matière de biographie historique.

En trame de fond: ...
.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/m..
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A lire pour comprendre combien il est idiot de refuser à la Turquie le droit de rejoindre l'Europe
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Depuis plus de 500 ans, les règles et les théories d'un vieux sheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle. Elles ont réglé la forme de la constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu'il apprend à l'école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu'à ses pensées les plus intimes. L'islam, cette théologie absurde d'un bédouin immoral, est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies.
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L’État impérial n'est pas une création de la nature, mais uen construction des hommes. C'est une superstructure parfois brillante, mais toujours arbitraire, qui ne peut trouver aucun écho dans la conscience des peuples qui lui sont assujettis. N'ayant sa raison d'être ni dans le consentement des personnes, ni dans la nature des choses, un Empire ne peut se maintenir, à la longue, que par la coercition. Celle-ci s'accroît toujours d'avantage avec le temps et pèse de plus en plus lourdement sur les populations conquises.
Les peuples, au contraire, sont des entités organiques. Comme tous les êtres vivants, ils tendent à s'épanouir, c'est à dire à atteindre la plénitude de leur forme. La contrainte à laquelle ils se heurtent a justement pour objet de les en empêcher. Elle les écrase, mais elle les exaspère. Un instinct irrésistible les pousse alors à s'insurger pour reconquérir leur indépendance.[...]
Une lutte à mort s'engage entre ces deux forces antagonistes, qui se termine tôt ou tard, par l'effondrement de l'état impérial. C'est le sort inéluctable de tous les empires de s'écrouler en cédant la place à un essaim de nations en formation.
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Rien n'est plus accablant, pour une âme qui se sent appelée à un grand destin, que ces moments où tout s'enlise dans la grisaille quotidienne. On croirait patauger dans un marécage bourbeux, où aucune pente ne se dessine, où la vie elle-même cherche en vain sa direction.
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En tant qu'héritage moral, je ne laisse aucun verset, aucun dogme et aucune règle gelés. Mon héritage moral est la science et la raison. Mes successeurs confirmeront que nous n'avons pas entièrement atteint nos objectifs face aux difficultés radicales que nous devons surmonter, mais que nous n'avons jamais donné de concessions et avons pris pour guide la raison et la science.
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Une des meilleures biographies de Mustapha Kemal. La fidélité historique et une plume remarquable.
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