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fr (30/11/-1)
3.7/5   5 notes
Résumé :
Grand voyageur, reporter passionné, Pierre Benoit (1886-1962) a fait rêver des générations de lectrices, et de lecteurs, avec ses romans flamboyants où un érotisme sous-jacent le dispute à un exotisme assumé. Aurore, Antinéa, Athelstane, Axelle... , les troublantes héroïnes de ce séducteur impénitent sont autant de femmes fatales qui inspirèrent les plus grands cinéastes. Pierre Benoit, l'un des piliers de la la vie littéraire foisonnante du Paris de l'entre-deux-gu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La spécialité de Pierre Benoit, on le sait, est de surprendre le lecteur. A moins que ce soit évident dans le titre, on ne sait pas au départ où l'auteur va nous mener : en France ? ou dans un pays lointain ? de nos jours où il y a longtemps ? Pierre Benoit se garde le droit de la surprise. Parfois même il nous déconcerte, parce que la surprise dépasse le cadre spatio-temporel et concerne plutôt un domaine culturel, ou politique ou religieux. Parfois teinté de fantastique ou même d'un érotisme diffus.
« Fort-de-France » (1933) est un roman surprenant et déconcertant. L'histoire se passe en Martinique, donc a priori à la fois en territoire français et en pays exotique. Une région où les croyances primitives avoisinent avec la vie du XXème siècle. L'auteur semble-t-il n'a jamais mis les pieds en Martinique. Ce qui ne l'empêche pas de donner de belles descriptions de l'île, afin de donner un ton couleur locale, semble-t-il, car ces indications purement topographiques n'influent aucunement sur l'histoire qui aurait pu se passer dans n'importe quelle île pourvue d'un volcan. Cela dit, il le fait bien, qu'il écrive (et décrive) sur pièces, par témoignage, ou par souvenir de voyage dans des pays similaires… On y croit et c'est le principal.
Le roman est également déconcertant par son sujet : A Paris Gilbert Vauquelin, étudiant en géologie (les volcans, particulièrement) a connu Aïssé de Sermaise. Ils se sont plus, et même plus que plus, au point que quand Aïssé doit retourner en Martinique pour raisons familiales, Gilbert prend lui aussi le bateau pour la rejoindre. Sur l'île, la situation n'est pas aussi idyllique qu'on pourrait le penser. Si la famille d'Aïssé descend des anciens colons, et garde encore le contrôle du domaine, la situation a bien changé depuis le temps des flibustiers : en fait Aïssé est sous l'emprise d'un ancien domestique, Timoléon, un mulâtre violent qui la bat et dilapide sa fortune. Gilbert fera tout pour la sortir de ce cauchemar. Il y parviendra, mais à quel prix !
Pierre Benoit nous livre donc un roman situé dans l'Empire colonial (nous sommes encore dans les années 30) mais dont les protagonistes sont essentiellement des européens ou des Békés (blancs ou créoles descendants des premiers colons), les « indigènes » servant de fond d'écran. Ce point de vue « colonialiste » peut choquer, mais à cette époque, Aimé Césaire n'avait que 20 ans, et le combat des Noirs pour leur reconnaissance (faute de mieux) ne faisait que commencer.
Pierre Benoit n'insiste pas sur les problèmes d'ordre politique ou ethnique. Tout le roman se passe du point de vue de Gilbert, qui ne pense qu'à sauver sa bien-aimée.
En revanche, il retient le symbolisme de la Montagne Pelée, ce volcan qu'il est venu étudier. Elle lui apparait d'abord menaçante, entourée de brumes mystérieuses et porteuses de maléfices, puis, quand elle est dégagée, elle a un aspect plus rassurant, mais en s'approchent, le manque de végétation lui donne à nouveau l'apparence « d'une lionne galeuse tapie pour quelque mauvais coup ». Sa relation avec Aïssé va être un peu similaire, et au final Gilbert devra compter à la fois avec la femme et le volcan.
Pierre Benoit réussit sa gageure : nous surprendre.
Mais on commence à y être habitués…
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J'ai lu pratiquement tout de Pierre Benoit. Il y en a un paquet. Je les ai admirés dans ma jeunesse au lycée. Il était à la mode et il était de bon ton de lire du Pierre Benoit. Et évidemment je garde un bon souvenir du présent livre puisque j'ai des accointances avec la Martinique.
J'ai toujours su que Pierre Benoit avait fait beaucoup de voyages et qu'il s'en inspirait pour écrire ses romans. J'ai toujours su aussi que Pierre Benoit avait un fort penchant pour l'histoire et les lettres et qu'il se servait de ses connaissances pour écrire des romans, et de ce fait ses romans présentaient des vraies références historiques et étaient très bien écrits.
J'ai appris récemment qu'il n'avait pas mis les pieds en Martinique, j'en fus quelque peu désappointé, mais qu'à cela ne tienne, La lecture des romans d'aventure de Pierre Benoit restera toujours dans ma mémoire et je l'aimerai toujours.
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Livre tragique de Pierre Benoit paru en 1933 ayant pour cadre la Martinique - où semble-t-il l'auteur n'est jamais allé, mais dont il a bien étudié la topographie. C'est l'histoire d'une trahison amoureuse avec une tension dramatique qui ne cesse de monter jusqu'aux dernières pages au sommet de la célèbre Montagne pelée, célèbre pour l'éruption catastrophique de 1902 (30 000 morts !).
La seule critique qu'on peut faire est à propos de l'anti-héros, Timoléon, un mulâtre de l'île, du fait qu'il s'exprime comme un poulbot parisien, et non, ce qui serait plus authentique, dans une langue proche du créole. Signe que l'auteur n'a pas vécu aux Antilles.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
De même que son camarade Vignerte, tué, quelques amis s’en souviennent encore, dans la tranchée du Blanc-Sablon, le matin du 31 octobre 1914, de même, lui, Gilbert Vauquelin, se plaisait, depuis qu’il habitait Paris, à venir chaque soir au Luxembourg, pour lire et méditer tranquillement, tout en attendant l’élue imaginaire que Dieu finirait bien par se décider à lui envoyer. Les hommes se reposent un peu trop de ce soin sur la Providence. Si elle se décide exceptionnellement à exaucer leurs vœux, ils ne sont guère fondés ensuite à lui en tenir rigueur.
En ce qui concernait Gilbert, son attente durait depuis tant d’années qu’il ne comptait plus que pour la forme sur la rencontre de l’élue en question. Il avait aménagé son existence sans elle. Aussi n’en voulut-il pas croire ses yeux, et conçut-il même une légère contrariété, le soir qu’elle se présenta à lui, exactement telle que ses goûts, sa sensibilité, ses habitudes d’esprit et de rêve, la lui avaient fait souhaiter.

Sous un nuage frais de claire mousseline,
Tous les dimanches au matin,
Tu venais à la messe en manchy de rotin,
Par les pentes de la colline.

Il avait connu l’existence de ces vers par le Manuel d’histoire de la littérature française, de Brunetière, qui signalait Le Manchy comme un des plus beaux poèmes de Leconte de Lisle. Ce poème, Gilbert l’avait relu jusqu’au moment où il s’était aperçu qu’il le savait par cœur. C’était à cause de lui qu’il s’était pris d’amitié pour le prince du Parnasse, oubliant combien peu de choses ce naïf douteur glacé avait par ailleurs pour le séduire. Mais chaque être a le droit, une fois dans sa vie, de livrer le meilleur de son âme, et le jour où il avait écrit les quelques strophes du Manchy, le poète des Montreurs avait justement profité de cette autorisation. A cause des strophes, à cause de l’étrange attrait qu’elles avaient, dès cet instant, exercé sur lui, Gilbert avait pris l’habitude de venir s’asseoir sur cette terrasse du Luxembourg, là où s’arrondit le cercle des statues des reines, reines par le diadème, l’intelligence ou la beauté. La brume commençait à s’élever autour du grand bassin. Les statues devenaient violettes. Le tambour qui annonçait qu’on allait fermer roulait sourdement dans le crépuscule. Un reste de soleil traînait sur le Panthéon. Le cercle des reines semblait se rétrécir autour de Gilbert. Il les avait toujours adorées, se bornant seulement à regretter parfois que leur douce cohorte fût incomplète, déplorant l’absence de deux d’entre elles pour lesquelles il se sentait une étrange et tendre inclination, la d’Aubigné et la Beauharnais, Françoise et Joséphine. Pourquoi leur avait-il, dans son cœur, réservé une place à part, à ces deux-là ? Sans doute parce que l’une et l’autre s’étaient baignées, durant les molles heures de leur enfance martiniquaise, dans la torpeur de ces paysages créoles qui lui étaient devenus si chers, sans qu’il sût encore au juste pourquoi…

La cloche de l’église, alertement, tintait,
Le vent de mer berçait les cannes ;
Comme une grêle d’or aux pointes des savanes,
Le feu du soleil crépitait.

Telles étaient les sources des puissances de sentiment qui, s’accumulant dans l’âme de Gilbert Vauquelin, étaient prêtes, maintenant, au premier choc, à en déferler en inexorables cataractes. Il est difficile, je pense, de trouver une aventure ayant des origines plus livresques que la sienne, et c’est tant mieux, car la preuve n’en sera que meilleure que ce sont précisément des hommes comme ce Gilbert qui sont capables, le moment venu, d’entrer avec le plus de désinvolture dans la ronde de la passion et de la mort.
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Moins l'on nous est fidèle, plus nous éprouvons le besoin de l'être nous-mêmes
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Vidéo de Pierre Benoit
Pierre Benoit, un auteur majeur à redecouvrir .Voir l'émission : http://www.web-tv-culture.com/pierre-benoit-un-auteur-majeur-a-redecouvrir-375.htmlDe 1918 à 1962, il fut un auteur incontournable et a vendu des millions de livres dans le monde entier. Mais qui se souvient de Pierre Benoît ?50 ans après sa mort, dans sa maison des Landes, redécouvrez l?auteur de «L?Atlantide » et « Koenigsmark ».
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