Ancienne collection à portée plus historique qu'autre chose, là où nous en sommes maintenant avec ces concepts. Bien des évolutions à partir de celui-ci ont eu cours et sont dispensées et diffusées un peu partout. Personnellement, j'ai trouvé ce livre dans une boîte à livres, la curiosité m'a fait le prendre. Je n'en sors pas particulièrement plus aguerri, ou averti ou efficace en tant que soignant. Et si vous n'êtes pas du métier, ce livre ne vous intéressera probablement pas du tout.
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La logique traditionnelle de l'identité et de la non-contradiction, impliquée dans tout système isolé hors de l'espace et du temps, est confrontée à une logique des niveaux, des différences et des paradoxes, et ceci in vivo.La confrontation à cette confrontation, c'est-à-dire la logique systémique, met à sa place hiérarchique inférieure la logique analytique et valorise, pour les sciences psychosociales, une logique du paradoxe, de la contradiction et des sauts quantiques. Elle peut être dite , ainsi, dialectique.
La spécificité du double lien est claire. Il faut le distinguer de situations où sont appliquées de simples injonctions contradictoires qui laissent malgré tout la possibilité du choix, même si celui-ci s'avère erroné. "Un moindre mal est toujours un mal", certes, mais il ne s'agit que d'un dilemme et non d'un double lien. Le double lien offre une situation plus dramatique "L'injonction paradoxale barre la possibilité même du choix, rien n'est possible et une suite alternée infinie est ainsi déclenchée."
Nous voici, soudain, proches de la psychopathologie. Les domaines du rêve, du symptôme ou du délire nous attirent vers une communication brute où les marqueurs de message dont défaut ou sont altérés. L'angoisse transforme le corps. L'hallucination modifie le réel. Le triomphe de la pensée analogique imagée, balaie la capacité de différenciation et de communication précises fondées sur la distinction des messages et des contextes de message, travail spécifique du langage verbal.On peut observer cette dégradation de la relation au niveau des interactions entre le schizophrène et son environnement familial. Telle est l'hypothèse née des observations cliniques de Bateson et de son groupe de recherche.
Notons aussi que les aspects négatifs des messages densifient le climat paradoxal, et même super-paradoxal, par la simultanéité de messages contradictoires en contradiction. L'élucidation de ceux-ci dans le fil même de la relation est impossible. Dautrs éléments aggravent ces embrouillaminis latents ou patents d'une part l'ambiguïté des messages comportementaux du refus ou du retrait, d'autre part l'incertitude relationnelle propre à l'emploi de verbes que l'on peut dire négatifs, tels mentir, nier, refuser, etc., ou même ayant une valeur affective négative évidente ou par analogie, couper, punir, détruire, etc.
On ne peut pas considérer les doubles liens comme des objets, des choses : ce sont des relations. Il n'y a pas de choses dans notre esprit, pas de double lien là, mais "seulement des perceptions et des transformations de doubles liens" ; "Nous sommes en train de parler d'une sorte de fouillis dans les lois organisant les transformations et de l'acquisition de tels fouillis. La théorie du double lien affirme qu'il y a une composante expérientielle dans l'induction ou l'étiologie des symptômes de la schizophrénie et des types voisins de comportement comme l'humour, l'art, la poésie, etc."