Une polémique
Deux hommes, deux styles, deux textes, deux objectifs. Voilà comment nous pourrions résumer en quelques mots l'ouvrage que j'ai encore sous les yeux. Avant même sa parution il fait parler de lui, avant même que l'on puisse le lire tout le monde avait déjà son avis ! Horreur, malheur les méchants parlent…
Mais si nous voulons sortir des clichés, réveillons-nous et lisons le. Je vais essayer de m'en tenir aux textes.
Benoît XVI –
Joseph Ratzinger
En dehors de l'introduction et de la conclusion de l'ouvrage qui sont sans doute de la main du cardinal Sarah (ou de l'éditeur?!), le pape émérite contribue au livre par un texte de près de 40 pages (sur 173).
Joseph Ratzinger, ou
Benoît XVI on ne sait plus comment le nommer, y développe de manière succincte et posée ce qu'est le sacerdoce catholique et comment le célibat s'est imposé très tôt dans l'Église latine.
CLAIR, NET ET PRÉCIS.
Comme toujours les propos du théologien sont très clairs et le fil de sa pensée est facile à suivre. Il insiste sur les Écritures comme nourriture du chrétien et a fortiori du prêtre. Ancien Testament et Nouveau Testament n'étant pas séparables, le pape émérite réussit dans son propos à allier les deux pour montrer l'origine du sacerdoce et de manière particulière l'origine du célibat sacerdotal.
« Méditer la Parole dans l'Église de la Nouvelle Alliance revient toujours à s'abandonner à la chair de Jésus-Christ. Cet abandon implique d'accepter notre propre transformation par la Croix. »[1]
ÉVOLUTIONS DU MINISTÈRE
Il met en avant le passage entre les deux alliances où les ministères sont transmis non plus par descendance mais par « une élection et une vocation divine[2] ». Poussant des hommes à se donner entièrement à ces ministères. « Désormais, leur vie entière est en contact avec le mystère divin. Cela exige de leur part l'exclusivité à l'égard de Dieu.[3] »
Je ne peux ici reprendre la totalité du propos ni de l'un ni de l'autre mais ces quelques éléments issus du premier texte – celui de
Benoît XVI – vous permettront de ne pas juger trop vite sans l'avoir lu. Empreint d'une grande spiritualité notre auteur redit théologiquement et de manière accessible la beauté du don du célibat sacerdotal pour l'Église et le monde.
Cardinal Robert Sarah
UNE FORME D'ENGAGEMENT…
Le second texte est sans aucun doute possible de la main du cardinal Sarah ! Intitulé « Aimer jusqu'au bout. Regard ecclésiologique et pastoral sur le célibat sacerdotal » le cardinal emploie une expression plus libre et plus personnelle.
Le « je » côtoie facilement le « nous » Église. Cette forme de propos insère un dynamisme fort et une volonté de persuader le lecteur qui ne peut nous laisser indifférent. Il fait des constats, utilise ses expériences pastorales où ce « oui » total bien qu'imparfait a été et est encore le signe que Dieu se donne pour son peuple. « Je sais pour l'avoir expérimenté jusque dans ma chair que les chrétiens voient en moi le Christ livré pour eux et non ma personne limitée avec ses qualités et ses nombreux défauts. »[4]
… EN RÉFÉRENCE AU SIÈGE DE SAINT PIERRE DE ROME.
L'auteur principal de l'ouvrage cite néanmoins de nombreuses fois le siège de Pierre que ce soit
Jean-Paul II,
Benoît XVI ou François. Ces trois papes se sont exprimés sur le célibat et le cardinal le met en avant magistralement. Reprenant quelques passages historiques de cette question le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements l'actualise avec les débats et notamment la demande de certains évêques d'Amazonie d'ordonner des hommes mariés.
S'ENGAGE POUR LES PRÊTRES ET EXHORTE.
Mais le coeur du propos est quand même adressé aux prêtres les encourageant à une vie spirituelle donnée et à puiser dans cette vie (Eucharistie, offices, oraison,…) la joie d'un célibat donné.
De manière claire et précise il s'oppose à cette demande et voudrait que le pape François ne se lance pas sur ce terrain qui cache surement la forêt des problèmes de cette région.
Au cours de son propos il encourage et incite les prêtres à la prière, à être des exemples pour le peuple puisque leur célibat montre d'une certaine manière le Royaume de Dieu dès aujourd'hui. On notera que c'est tout le célibat consacré qui pourrait être inclus dans cette demande.
COMMENT LIRE CET OUVRAGE ?
Pour conclure mon propos, la lecture des auteurs est assez simple et ne demande pas une grande connaissance théologique. Cela fait de cet ouvrage un moyen accessible de comprendre le célibat sacerdotal. le point qui pourrait être plus complexe à appréhender serait le ton exhortatif du cardinal Sarah. Point complexe qui doit être dépassé puisque ce prêtre de l'Église nous livre quand même son expérience du célibat : joies et difficultés.
« Une Église qui ne ferait pas l'expérience d'être aimée par les prêtres célibataires finirait par ne plus saisir le sens nuptial de toute sainteté. »[5]
CARDINAL ROBERT SARAH
[1]
Robert Sarah et
Benoît XVI,
Des profondeurs de nos coeurs, Paris, Fayard, 2020, p. 45.
[2] Ibid., p. 46.
[3] Ibid., p. 48.
[4] Ibid., p. 85.
[5] Ibid., p. 101.
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