AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782743617721
254 pages
Payot et Rivages (01/02/2008)
3.63/5   23 notes
Résumé :
Dan est incarcéré à Fleury-Mérogis. Au cours d'un transfert au palais de justice, il fait une rencontre qui va changer sa vie. La rencontre, ce " miracle de la reconnaissance ", c'est Nadine N'goma, détenue à la maison d'arrêt des femmes. Dan a eu le temps de noter sur sa main le numéro d'écrou de la jeune femme. Il lui écrira par le " courrier intérieur ". Nadine était douée pour le chant et la danse, malheureusement elle a croisé un mauvais génie. A cause de lui, ... >Voir plus
Que lire après Marche de nuit sans luneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dan est un coutumier des incarcérations. Au cours d'un entre-deux, entre le palais de justice et la prison, le temps que les juges avalisent une énième mise en taule dudit Dan, il se trouve marabouté par la somptueuse Nadine N'Goma qui s'en va, elle, rejoindre la prison pour femmes. Il note son numéro d'écrou et entame une correspondance assidue avec la belle. A sa sortie, il lui promet de tout faire pour l'aider à retrouver son petit garçon Lou et lui éviter l'expulsion. La tâche de Dan va s'avérer ardue…

« Marche de nuit sans lune » a été écrit par Abdel Hafed Benotman en prison. Mort en 2015, il aura passé 17 années en prison pour des braquages, avec arme mais sans violence. C'est en prison qu'il découvre l'écriture et la voie d'une vie autre. L'auteur, écrivain-braqueur, nous fait découvrir une réalité qu'il connaît de fait intimement - l'univers carcéral - de façon tout à la fois ethnologique, militante et satirique : il prête à Dan bien des opinions auxquelles il souscrit et décrit la façon dont il est passé de l'autre côté de la loi.
Le style de Benotman est particulier, empli d'une noirceur caustique. L'intrigue est entrecoupée de chansons qui naviguent entre violence crue et poésie mélancolique. Benotman, écorché vif, écrit sur un fil tendu entre désespoir et satire caustique, sans jamais perdre l'équilibre. Il en résulte un humour noir souvent jouissif, qui ne laisse pas indifférent.
Mais cette écriture travaillée parfois s'enlise dans du trop plein : trop d'envolées poétiques (notamment en début de chapitres) qui viennent opacifier le sens, trop de dénonciations univoques du système judiciaire, politique, policier, …, ce qui peut lasser ; finalement, parfois trop de manichéismes qui viennent tuer l'humain dans ce qu'il peut avoir de sensible, fragile, ou ambivalent. Mais ce trop est sûrement aussi lié au parcours de vie singulier de cet homme.

Alors, qu'adviendra-t-il de notre petit Dan, perdu, noyé dans cette machinerie judiciaire ? Pourra-t-il sortir sa Nad du mauvais pas dans lequel elle s'est fourvoyée ? Marcher de nuit sans lune n'aide pas trop à mettre un pied devant l'autre…
Avec ce roman noir, Abdel Hafed Benotman offre une oeuvre puissante, engagée, emplie d'humour noir et de désir d'ailleurs.
Commenter  J’apprécie          40
Dan est envoyé en prison et lors d'un transfert pénitentiaire, il croise Nadine, une détenue de la prison pour femmes. Il note son numéro d'écrou et entame une correspondance avec elle derrière les barreaux. Lorsque Dan sort avant Nadine il tient sa promesse et ne l'oublie pas, à tel point qu'il va entrer dans une spirale où la violence guette. Abdel Hafed Benotman écrit un très beau roman noir sur le milieu carcéral, avec une plume reconnaissable entre mille. "Marche de nuit sans lune" est un livre à forte teneur autobiographique, écrit par l'auteur lorsqu'il était incarcéré. On retrouve cette façon bien à lui de camper l'atmosphère et de décrire les marginaux, mais aussi les crasses d'une société qui n'épargne rien aux détenus, que ce soit dans les murs ou à l'extérieur. Tout cela est fait avec beaucoup de justesse et les images qui défilent derrière ce roman noir sont saisissantes, tout comme l'histoire entre Nadine et Dan.

extraits : "Ils se remettent à trimer tandis que l'eau du robinet coule sous alibi de rafraîchir l'atmosphère. Sous prétexte de se croire à la mer en écoutant la cascade. le ronron de l'eau fait le guet dans toutes les cellules d'affranchis pour vite jeter par la fenêtre ou avaler ce qui est prohibé, car, s'il cesse brusquement, c'est que le cyclone de la fouille générale arrive droit sur eux et que les matons viennent de neutraliser, en coupant l'arrivée d'eau, les chasses des W.-C. par lesquelles on peut évacuer le peu de drogue qui circule en détention."

"Dans un quart d'heure, lui a dit le surveillant. Il descend aux libérables et là il croisera les arrivants. Interchangeables. Vases communicants, ils prendront les uns l'espoir et le rêve, les autres la peur et la souffrance. le temps d'une nuit mitoyenne, puisqu'ils ne seront pas dans les mêmes cellules cérébrales, juste dans les mêmes salles d'attente crâniennes."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
Il y a des écrivains qui crachent les mots avec leurs tripes et Abdel-Hafed Benotman et l'un d'entre eux. Ici l'écriture n'est pas un “passe-temps”, elle n'est pas le divertissement d'un bourgeois-bohème, ici l'écriture est survie.
Si la vocation du système carcéral est de “contenir”, le taulard recouvre ici sa liberté par les mots en restituant toute son humanité à des prisonniers trop souvent considérés comme des “sous-hommes”.
Commenter  J’apprécie          60
L'auteur nous entraîne dans le monde carcéral à travers cette fiction proche de la réalité, comme on peut en juger par le rapport sur les prisons françaises paru en ce début d'année.
L'auteur se veut percutant, incisif, mordant par l'expression. et met notre sensibilité à fleur de peau.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Jadis, du temps d'avant les exécutions dans les couloirs de la mort, dans le sud profond des Etats-Unis, on pendait les Noirs et on y mettait le feu. Aujourd'hui dans les centres-ville de la capitale de la France, on les étrangle socialement, pendus économiquement, et ils finissent brûlés vifs hommes femmes et enfants dans des logements de misère.
Commenter  J’apprécie          50
La banlieue aligne ses murs de prison. Les jeunes sont en bas des immeubles ou sur les parkings et attendent la Liberté. Ils ont le même espace que lorsque les prisonniers descendent en promenade dans les cours nichées au bas des bâtiments percés de fenêtres grillagées et barreautées. Aucune différence.
Commenter  J’apprécie          40
L’avocat général se sentait lésé, privé, frustré de sa victime. Quoi de plus beau qu’une victime à la barre. Une victime qu’on amène doucement à la haine et à la vengeance. Une victime qui rêve de toucher son loto pénal avant d’aller répandre son expérience dans un reality show. Une victime qui fait tout bien, qui pleure, qui revit ses traumatismes, qui dit la longue thérapie, qui existe, qui parle de résilience, qui historicise son parcours, qui fait des correspondances judicieuses, des liens psychologiques, des ponts sociologiques entre le passé et qui, comme le pape, est prête à pardonner mais bien évidemment après qu’une lourde condamnation enterre le monstre qui a osé ! (p. 140.)
Commenter  J’apprécie          10
les magis-rats, les magis-rates
Commenter  J’apprécie          60
La liberté s'arrête où commence celle d'autrui ?
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Abdel-Hafed Benotman (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abdel-Hafed Benotman
Le 29 avril dernier, nous étions présents pour la deuxième édition de l'Offensive sur la Littérature Urbaine : Abdel Hafed BENOTMAN
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2831 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}