Eboueur sur échafaud, rivages noirs.
Benotman refuse tout : c'est un révolté, il crie contre la (sa) famille, il abhorre la (sa) religion, la société le dégoûte, la civilisation l'emmerde, il n'aime ni les flics ni les bourgeois, sa place est en prison - c'est du moins ce qu'il laisse entendre à la fin de son livre.
Il écrit avec ses tripes sur ce qui lui pèse sur le coeur, prenant bien garde d'être récupéré par de bonnes âmes ou des sociologues en mal d'exemples ou d'étiquettes :
Citation :
"Le psychologue a écrit dans sa petite grille intellectuelle : « maghrébin de la seconde génération issu des grandes banlieues, vivant dans les grands ensembles des cités » Il a une théorie fameuse sur les banlieues les villes champignons criminogènes qu'il appelle çà.
-Pauvre connard !"
Comment donc prendre son livre ? Un règlement de compte ? Un bilan ? Un retour sur l'enfance ? Une explication de son parcours ?
C'est avant tout, me semble-t-il, une voix qui crie mais refuse le soutien des attitudes compréhensives ou compatissantes. Il assume tout. Au sein de sa famille, les autres se sont « mieux insérés », il ne les envie pas.
Sa voie à lui, ce sera l'écriture, inutile de lui en proposer une autre.
Pourtant à expliquer, à découvrir les pans de son enfance, n'en vient-il pas par moments à justifier son parcours de voleur et d‘agresseur ?
Citation :
"Il ne lui restait plus qu'à donner à l'extérieur ce qu'il recevait chez lui : les coups. Il partait « à la dépouille » le soir, agressant les passants. L'insulte à la bouche et le regard mauvais. Farhat Bounoura cassait des gueules inconnues pour ne pas voir celles de Benamar et de Nabila. Ces deux visages qui avaient donné jour au sien.
Frapper comme on tambourine à une porte inconnue lorsque l'angoisse pourchasse sa proie interne - le requin même, éventré, dévore ses propres tripes jaillissantes mourir, nourri de sa propre haine, de sa propre rage."
Sa propre expérience dans l'affaire des voitures (jouets) volées lui a montré la relativité de l'honnêteté :
Citation :
"Dénoncé, humilié, battu, abandonné des siens, les vrais siens à lui,-les copains- Fafa fut à jamais dégoûté de l'honnêteté."
Que lui reste-t-il ? Sans doute sa franchise, et son écriture, une générosité pour ses lecteurs.