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EAN : 9782743619190
247 pages
Payot et Rivages (01/04/2009)
3.96/5   47 notes
Résumé :
Son père le lui avait prédit : « Au pire ? Tu finiras éboueur. Au mieux ? Sur l'échafaud. » Marqué par cet oracle paternel, le jeune Faraht Bounoura n'est pas bien parti dans la vie. Entre la cruauté d'un père analphabète qui a quitté son Algérie natale pour la France au lendemain de la guérie, et la folie d'une mère à la fois victime et bourreau, les enfants Bounoura rêvent de mener une existence « normale ». L'aîné a une passion pour le théâtre, il se retrouvera e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un premier roman écrit à travers les barreaux, où "Fafa"- Benotman raconte sa jeunesse jusqu'à l'échafaud virtuel promis par son père brutal, analphabète et totalement indifférent à la singularité de ce rejeton mal-né, mal éduqué, incompris.

Si ce livre nous interpelle d'autant plus, c'est parce qu'il utilise la distance impartiale et pudique de la vraie-fausse narration à la troisième personne.

Cet apatride, sans papiers - absurdité administrative- s'est rendu "coupable" de faits d'armes contre des banques, alors qu'il était désarmé.

Son écriture, est, elle, un fait d'armes. Son destin, où se révèle la rédemption par la Littérature, lui a valu nombre considérations d'intellectuels, de romanciers (Oppel par exemple qui le soutint jusqu'au bout) d'amis, de soutiens dont celui de François Guérif (Rivages/noir) qui le publia.

Benotman, mal soigné (?), cardiaque, précaire jusqu'à sa fin, est mort voici 13 mois, d'une ultime crise.
Le lire est le moins qu'on puisse encore faire pour lui. Et pour d'autres.
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Eboueur sur échafaud, rivages noirs.

Benotman refuse tout : c'est un révolté, il crie contre la (sa) famille, il abhorre la (sa) religion, la société le dégoûte, la civilisation l'emmerde, il n'aime ni les flics ni les bourgeois, sa place est en prison - c'est du moins ce qu'il laisse entendre à la fin de son livre.
Il écrit avec ses tripes sur ce qui lui pèse sur le coeur, prenant bien garde d'être récupéré par de bonnes âmes ou des sociologues en mal d'exemples ou d'étiquettes :
Citation :
"Le psychologue a écrit dans sa petite grille intellectuelle : « maghrébin de la seconde génération issu des grandes banlieues, vivant dans les grands ensembles des cités » Il a une théorie fameuse sur les banlieues les villes champignons criminogènes qu'il appelle çà.
-Pauvre connard !"
Comment donc prendre son livre ? Un règlement de compte ? Un bilan ? Un retour sur l'enfance ? Une explication de son parcours ?

C'est avant tout, me semble-t-il, une voix qui crie mais refuse le soutien des attitudes compréhensives ou compatissantes. Il assume tout. Au sein de sa famille, les autres se sont « mieux insérés », il ne les envie pas.
Sa voie à lui, ce sera l'écriture, inutile de lui en proposer une autre.
Pourtant à expliquer, à découvrir les pans de son enfance, n'en vient-il pas par moments à justifier son parcours de voleur et d‘agresseur ?
Citation :
"Il ne lui restait plus qu'à donner à l'extérieur ce qu'il recevait chez lui : les coups. Il partait « à la dépouille » le soir, agressant les passants. L'insulte à la bouche et le regard mauvais. Farhat Bounoura cassait des gueules inconnues pour ne pas voir celles de Benamar et de Nabila. Ces deux visages qui avaient donné jour au sien.
Frapper comme on tambourine à une porte inconnue lorsque l'angoisse pourchasse sa proie interne - le requin même, éventré, dévore ses propres tripes jaillissantes mourir, nourri de sa propre haine, de sa propre rage."
Sa propre expérience dans l'affaire des voitures (jouets) volées lui a montré la relativité de l'honnêteté :
Citation :
"Dénoncé, humilié, battu, abandonné des siens, les vrais siens à lui,-les copains- Fafa fut à jamais dégoûté de l'honnêteté."
Que lui reste-t-il ? Sans doute sa franchise, et son écriture, une générosité pour ses lecteurs.
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Au coeur des Trentes Glorieuses, une famille d'immigrés algérien s'installe dans le 6e arrondissement de Paris.

Pris en étau entre un père violent, analphabète et une mère folle et incestueuse, les enfants poussent comme ils peuvent pour se sortir de ce cloaque.
Chacun cultive sa passion.
Nono le théâtre, Kim les études, Nadou le suicide à répétition et Faraht c'est les emmerdes.

Faraht dit Fafa est le petit dernier de cette famille.
C'est a travers ses yeux qu'on plonge dans le recit.
Fugues frequentes des enfants, racisme, maltraitance, délinquance, prison.
Ça n'est qu'une suite d'expériences diverses et variées. Mais toutes des moins recommandables.
À travers son insolence, il crie son mal d'amour, mal être dans cette société. Rage du système et de la flicaille.
Quelques touches d'humour et un fond d'amitié ne suffisent pas à eclairer cette noirceur de la rue et de la pauvreté.

Cela m'a fait penser à la prose des rappeurs.
Avalanche de mots bruts, froids, sans larmes.
A aucun moment on ne cherche à nous attendrir.
On est bien loin de la pudeur du témoignage.
Comme si le cri était toujours le même. Les HLM on veillit avec leurs occupants mais la misère et la délinquance n'a pas pris une ride.

C'est peut-être pour ça que je n'ai pas accroché.
L'autobiographie de ce gamin vulgaire au penchant scatologique m'a laissé de marbre.
Comme à chaque fois que je lis un recit d'enfance malheureuse et écorchée, l'auteur manque sa cible avec moi.
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Constitué par les souvenirs d'enfance du petit Faraht (surnommé Fafa), ce roman nous emmène dans les années 60-70, au coeur du 6ème arrondissement de Paris, où les Bounoura représentent l'unique famille d'immigrés et d'extraction ouvrière, "perdue au milieu de la population de fonctionnaires, de petits cadres, de petits bourgeois et de gros bourgeois même" d'un bel immeuble HLM tout neuf.

Etre le fils -ou la fille- de Benamar et Nabila Bounoura (les parents de Faraht) n'est pas une sinécure : le père est extrêmement brutal, et la mère, perturbée, sombre dans la folie, infligeant à elle-même et à ses enfants des scènes d'une rare violence. Chacun des quatre jeunes Bounoura endure à sa façon les coups et les humiliations. Nourredine s'accroche à ses rêves de théâtre, Karima s'implique à fond dans les études, et Nadia se réfugie dans le silence. Quant à Fafa, il s'endurcit, commet ses premiers larcins pour s'octroyer les cadeaux que ses parents ne lui offrent pas, et tombe peu à peu dans une inéluctable délinquance.

Cette lecture m'a fait l'effet d'un coup de poing. Elle suscite en effet beaucoup d'émotion, qu'il s'agisse d'affliction face aux brimades et aux injustices subies par les enfants Bounoura, aussi bien au sein de leur foyer qu'à l'extérieur, où ils sont en butte à la discrimination raciale (la guerre d'Algérie n'est pas loin) et sociale, ou bien d'attendrissement devant l'amour qui lie les frères et soeurs, par exemple.

Toutefois, le ton du récit est empreint d'un tel humour, d'une telle énergie, que jamais il ne tombe dans le misérabilisme. Certes, "Éboueur sur échafaud" est rédigé à la troisième personne, mais c'est avec les yeux de Fafa que l'auteur analyse et commente le monde qui l'entoure, avec toute la candeur, la spontanéité et l'absence de concession que cela suppose. Donc, on rit, aussi... Abdel-Hafed Benotman déploie une verve qui se fait tour à tour gouailleuse et littéraire, où se mêle accents populaires et métaphores poétiques.

On sait pourtant que tout cela va mal finir... quand les institutions hypocrites et moralisatrices (l'école, puis la justice) évitent de chercher des explications à la face tuméfiée de Fafa, préférant s'attarder sur les conséquences de ses actes pour ne pas devoir en traiter les causes, comment pourraient-elles le sauver ?

Ce ne sera certainement pas ma dernière rencontre avec Abdel-Hafed Benotman... Rendez-vous au prochain épisode !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Son père disait de lui qu'il finirait sur l'échafaud, au mieux éboueur et finalement, il deviendra écrivain même si sa vie va être échelonnée par quelques séjours en prison.
Ici je découvre la jeunesse de l'auteur sous les traits du jeune Faraht Bounoura dit Fafa qui vit dans une tour parisienne auprès de sa famille, dysfonctionnelle entre une mère folle, un père violent, son frère et ses deux soeurs.
Son histoire n'est pas toujours joyeuse et le jeune Fafa s'égare sur le chemin de la délinquance. Un roman autobiographique qui ne laisse pas indifférent par son style direct, accrocheur et teinté d'humour et qui m'a permis de découvrir un écrivain parti bien trop tôt.
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Vidéo de Abdel-Hafed Benotman
Le 29 avril dernier, nous étions présents pour la deuxième édition de l'Offensive sur la Littérature Urbaine : Abdel Hafed BENOTMAN
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