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EAN : 9782740301548
Editions Pierre Téqui (12/03/2003)
4.17/5   39 notes
Résumé :
1910

Hugh Benson, passionné par le problème de l’Antéchrist et de la fin des temps, a condensé sous forme d’un roman, les principes qu’il avait à cœur d’exprimer et ”qu’il croyait être vrais”. Ce livre, écrit par un des plus grands romanciers catholiques de son temps, est tout simplement passionnant!
Ecrit au début du XXe siècle, ce remarquable récit contient une vision prophétique d’un monde coupé en deux empires apparemment antagonistes, mais... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Incroyable roman, écrit par un ecclésiastique au tout début du 20e siècle, qui m'a happée du début à la fin. L'histoire : de plus en plus de catholiques perdent la foi et rejoignent les rangs du communisme et de la franc-maçonnerie, au grand dam du prêtre anglais Percy Franklin. A leur tête, le mystérieux et jeune Américain Julien Felsenburgh. Après avoir stoppé net les velléités guerrières de l'Orient contre l'Occident, celui-ci deviendra peu à peu président de l'Europe, puis des Amériques, puis du monde entier, où il instaurera la paix universelle. Une paix universelle toute relative face à son aversion pour les catholiques encore existants et celle des hommes qui l'ont érigé en dieu humain. Portrait de l'Antéchrist et récit de la fin du monde. Moi qui ne suit pourtant pas très portée sur les questions religieuses, même si je respecte la foi et ceux qui, par leur ferveur, ont érigé des trésors architecturaux, je recommande cette lecture, qui a réussi à me "retourner".
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Au début du XXe siècle, un prêtre catholique anglais, Robert Hugh Benson, écrit un roman d'anticipation dans lequel il imagine la fin du monde. Il s'appuie sur le livre de l'Apocalypse et en imaginant ce que pourraient devenir les idéologies qu'il voit s'installer (humanitarisme, communisme, psychologie...) si elles devenaient majoritaires dans la société. Il présente tout cela sous la forme d'un vrai roman de science-fiction avec un univers cohérent et des personnages bien dessinés. Dans cette Angleterre future, le jeune député Olivier Brandt et son épouse sont de fervents adeptes des nouvelles idées selon lesquelles l'homme est Dieu. Ils croisent la route de Percy Franklin, un prêtre anglais qui voit se multiplier les apostasies de catholiques. Alors que la guerre menace entre l'Europe et l'empire d'Orient (l'Asie), un homme providentiel, Julien Felssenbourg, un diplomate américain encore inconnu quelques années plus tôt, parvient à désamorcer le conflit et assurer la paix universelle. Fêté en héros dans le monde entier, il se voit proposé les responsabilités les plus étourdissantes. Si Olivier et son épouse Mabel sont enthousiastes, Percy ne voit pas sans inquiétude l'avènement de cet homme venu de nulle part et auquel on commence à attribuer des titres qui n'étaient jusque-là réservés qu'au Christ.
A travers ce récit, Robert Hugh Benson développe toute une réflexion sur les limites de l'humanitarisme, sur la foi en Dieu, sur ce que pourrait être "l'Antéchrist". Bien que je n'ai pas adhéré à sa conception très catholique du christianisme (avec tous les rites et l'importance accordée au Pape), j'ai été complètement captivée par ce récit. Il fait beaucoup réfléchir et m'a laissé une impression durable pendant quelques jours. Une des choses qui m'a beaucoup plu dans cette histoire, c'est de voir comment un homme du début du XXe siècle pouvait imaginer l'évolution technique et géopolitique du monde. On peut mesurer à quel point les deux guerres mondiales, la décolonisation, l'évolution technologique ont profondément façonné notre monde actuel.
Des lecteurs peu familiers des doctrines catholiques pourront être un peu perplexes vis-à-vis de certaines scènes.

En résumé : un roman d'anticipation un peu plus que centenaire, très peu connu mais fascinant.
A découvrir dans une très bonne version audio sur Littératureaudio.com
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Je suppose qu'aujourd'hui Lord of the World (1907) est surtout lu par des catholiques en quête de validation facile. Benson était prêtre, ce n'était pas dans son ambition question d'écrire la moindre idée potentiellement hérétique. Lord of the Word est donc de la science-fiction chrétienne datant du tout début du vingtième siècle. Je ne suis pas un expert en SF chrétienne (et je ne suis pas certain que le genre soit très étendu) mais je crois avoir préféré ce bouquin-là à Au-delà de la planète silencieuse de C.S. Lewis, qui était plus exotique et du coup moins radical.

L'élément au coeur du roman, c'est le complexe de persécution de l'auteur. Comme Ayn Rand, par exemple, qui croyait qu'aux USA les plus riches étaient d'innocentes victimes de la monstrueuse foule socialiste, Benson est persuadé que les catholiques non seulement son les seuls à avoir compris la nature de la réalité, mais surtout qu'ils sont les innocentes victimes des persécutions de la foule. Les méchants, ce sont les matérialistes, et surtout les francs-maçons, qui sont un peu à Benson ce que les travailleur sociaux sont à Rand.

L'histoire, vite fait. L'Angleterre est devenue communiste, et d'ailleurs peut-être le monde entier, mais ce n'est pas très clair. L'auteur préfère faire de longues pages interminables sur des descriptions de l'extase catholique plutôt que d'expliciter la société qu'il anticipe. Mais reconnaissons-lui ses mérites : il conçoit un monde devenu communiste dix ans avant la révolution russe de 1917. Pour le coup, il est vraiment précurseur. Et comme le communisme qu'il imagine ne se base pas sur la future société russe, il ne le critique pas comme par exemple Rand dans We The Living sur la base de son inefficacité ou de son caractère aliénant. Non, le communisme de Benson fonctionne assez bien : la société est prospère, les gens se déplacent en machines volantes et utilisent des télégraphes sans fil... On trouve aussi la prémonition des armes de destruction massive. Mais, par contre, n'étant pas très matérialiste, le christianisme est en recul. Il n'est pas question des autres religions : n'étant pas les vraies religions, leurs membres ne résistent guère au matérialisme. Trois personnages. Percy, le bon catholique appelé à devenir pape : il a la foi, et pas grand chose d'autre. Reconnaissons quelques scènes de doute religieux qui ont le mérite d'apporter un peu de densité. Oliver, le politicien matérialiste : il n'est pas très développé, il sert à illustrer la position des non catholiques. Et sa femme, Mabel : elle incarne le païen qui accepte son inclinaison naturelle vers Dieu mais qui ne peut pas la suivre jusqu'au bout à cause de la société. Bref, élément perturbateur : l'antéchrist arrive, possède un charisme ravageur, unifie le monde dans la paix, se fait vénérer comme un dieu et entreprend d'annihiler les pauvres catholiques. A la fin, je ne sais pas trop, c'est confus, il y comme un combat final pas loin du Golgotha, à moins que ce ne soit que le jugement dernier.

Benson pense que tout le monde a un instinct de vénération, et que les non croyants se contentent de le réprimer. Mais la croyance la plus inquiétante, c'est celle de la vie après la mort, dans laquelle Dieu reconnaitra les siens. Car, après tout, cette vie terrestre n'est qu'une pâle ombre par rapport à la suivante... Ainsi l'église, engluée dans la foi, n'a que faire des conditions de vie dans la réalité : « The object of the Church was to do glory to God by producing supernatural virtues in man, and that nothing at all was of any significance or importance except so far as it effected this object. » Pire encore, il y une impatience de la mort. Si le monde part en vrille, ce n'est pas grave, que tout s'écroule, que l'humanité périsse, les vrais croyants iront au paradis. Ainsi l'auteur se complait dans cette terrible notion : tous peuvent mourir, car cette vie ne compte pas. Et cette idée n'est pas de la fiction, elle est au coeur de la plupart des religions. C'est aussi triste qu'inquiétant.

Et aussi, un peu comme dans le Paradis perdu de Milton (mais pas autant, certes), la figure de Satan est, comment dire, pas si mauvaise que ça. Après tout, même s'il persécute les chrétiens, il amène l'unité entre les peuples et la paix sur Terre. C'est déjà un exploit, et toujours mieux que Dieu qui, lui, ne se montre jamais, sauf à la fin pour le jugement dernier. Et pour les catholiques de Benson, le fait que l'antéchrist amène la paix sur Terre est une mauvaise chose, car la véritable paix devrait venir de Dieu. Ainsi, tout ce qui ne vient pas de Dieu est à jeter. Mais, paradoxalement, les catholiques ne rejettent pas le progrès technique et scientifique quand ça les arrange (ils utilisent les machines volantes par exemple). Et à l'inverse de l'antéchrist qui change le monde physique pour le meilleur, les catholiques de Benson, comme on l'a vu, se complaisent dans l'espoir en l'après-vie : peu leur importe ce monde-là.

J'ai aimé Lord of the World. C'est, comme j'aime le dire, de l'idéologie-fiction. S'il y a bien des longueurs, ce n'est pas trop grave : c'est une plongée en apnée dans un mode de pensée radical et étranger. Ce qui est peut-être même plus fascinant, c'est de lire sur internet les nombreux avis des catholiques à propos du roman de Benson.

Lien : http://lespagesdenomic.blogs..
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Un troublant récit apocalyptique rédigé au début du XXieme siècle qui se projette un siècle plus tard et où l'on a le sentiment de retrouver beaucoup de choses communes à notre époque : transhumanisme, réchauffement climatique, avènement d'une religion universelle séculière, persécutions de chrétiens…
Très troublant. Une dictature de la pensée qui se construit à partir de sophismes doucereux qui progressivement fondent un fanatisme visant à construire un homme nouveau qui n'a d'autre objet que sa propre sublimation.

Une ambiance qui n'est pas sans points communs avec W de Georges Perec, ou encore la ferme des animaux de Georges Orwell.

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Un livre de science-fiction écrit par un évêque au début du XXe siècle, c'est en soi un événement assez original pour tenter la lecture. Et franchement, je n'ai pas été déçu. J'ai même été happé et enthousiasmé par l'histoire et les réflexions qui en découlent. L'auteur nous projette sa version de l'apocalypse, de l'arrivée de l'antéchrist, par l'intermédiaire de personnages attachants et très accessibles : un jeune prêtre au destin extraordinaire, une femme déchirée par le doute, son mari aveuglé par l'ambition politique, non pas la sienne, mais celle de tout un peuple qui se fourvoie, et bien sûr un homme providentiel, incarnation divine de l'humanité, une sorte d'anti-Dieu. Deux courants de pensée s'opposent donc. D'un côté l'idéologie matérialiste ou humaniste, de l'autre la croyance en Dieu. On devine évidemment de quel côté penche l'auteur, mais il a su gardé une certaine neutralité dans la description des deux alternatives et un jugement plutôt objectif de l'histoire parfois cruelle de la chrétienté. Certains lecteurs pourront être gênés par la teinte religieuse de l'ouvrage, mais s'ils passent outre, ils y découvriront un sublime récit d'un conflit tellement actuel. Il suffit en effet d'observer la frontière idéologique qui s'élève de nos jours entre le monde occidental et le monde islamique pour saisir combien Robert Hugh Benson était un visionnaire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Pour elle, le culte nouveau étai t la consécration du triomphe de l'humanité. De tout temps, son cœur avait aspiré à quelque chose de tel, à une proclamation publique et collective de ce qui était, à présent, la croyance universelle. Toujours elle avait souffert de l'épaisseur intellectuelle des gens qui se contentaient des faits de la vie sans considérer leur source. Elle souhaitait de prendre part, avec ses semblables , à une fête solennelle, dans un temple consacré non point par de vaines formules sacerdotales, mais par la volonté de l'homme ; d'avoir, pour inspirer son enthousiasme, de beaux chants et l'imposante voix des orgues ; d'exprimer ses émotions en compagnie de mille autres cœurs, se prosternant avec elle devant l'Esprit du Monde et de chanter très haut la gloire de la vie, et d'offrir, par des cérémonies et le parfum de l'encens, un hommage sy mbolique à la force dont elle avait tiré son être, et qui, un jour, le lui reprendrait.
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(...) et partout y découvrait la même victoire définitive du sens commun et du fait sur les fables insensées du christianisme, la pensée lui semblait intolérable de la simple possibilité que tout cela fût de nouveau balayé, remplacé par le tourbillon barbare des sectes et des dogmes ; car tel était le résultat certain d'une intervention de l'Orient en Europe.
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Dans le journal qu'il ouvrit d' abord, ses yeux furent aussitôt frappés de titres gigantesques, au-dessous desquels les épaisses colonnes du texte étaient interrompues, de temps à autre, par d'autres titres sensationnels, en lettres capitales, – d'après une mode créée par l'Amérique, il y av ait plus d'un siècle, et qui, depuis lors, avait toujours paru la façon la plus efficace de fournir des renseignements, rapides et inexacts, à l'intelligence du public.
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Aussi bien, le panthéisme était-il sa propre foi. Pour lui, « Dieu » était la somme, toujours en développement, de la
vie créée, et l'unité personnelle de chaque individu formait un élément de cet être divin. D'où il concluait que les rivalités individuelles étaient la plus grande des hérésies, et le plus grand obstacle à tout progrès, celui-ci ne pouvant résulter que de la fusion des individus dans la famille, de la famille dans l'État, et des États particuliers dans le grand État universel.
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Mais l'unique condition de l'édification et du progrès de la Jérusalem nouvelle, sur la planète qui se trouvait être la résidence de l'homme, c'était la paix, et non cette épée que le Christ, autrefois, s'était vanté d'apporter : c'était une paix qui
jaillissait de la raison, au lieu de la dépasser, une paix fondée sur la notion que l'homme était tout, et ne pouvait se développer
que par son union avec les autres hommes.
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