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Critique de fanfanouche24


Grâce et émotion.... pour un très bref texte qui exprime la quintessence de l'amour maternel et filial....mais aussi un malaise, une culpabilité d'un fils qui , en dépit de ses intenses attachement et reconnaissance filiaux... reconnaît avoir mésestimé et parfois méprisé ses parents, émigrés marocains dans les années 50...Parents.analphabètes... mais dont la maman, veuve trop jeune va , coûte que coûte, élever ses 5 garçons ... Mère Courage à qui l'écrivain, le cadet , rend un vibrant hommage et reconnaît sa propre suffisance
d' "intellectuel sorti du rang"... Je me permets de transcrire l'extrait choisi pour le quatrième de couverture...qui synthétise au mieux ce récit très intime, chargé d'une intense émotion...

« Vous vous demandez sans doute ce que je fais dans la chambre de ma mère. Moi, le professeur de lettres de l'Université catholique de Louvain. Qui n'a jamais trouvé à se marier. Attendant, un livre à la main, le réveil possible de sa génitrice. Une maman fatiguée, lassée, ravinée par la vie et ses aléas. La Peau de chagrin, De Balzac, c'est le titre de cet ouvrage. Une édition ancienne, usée jusqu'à en effacer l'encre par endroits. Ma mère ne sait pas lire. Elle aurait pu porter son intérêt sur des centaines de milliers d'autres ouvrages. Alors pourquoi celui-là ? Je ne sais pas.
Je n'ai jamais su. Elle ne le sait pas elle-même. Mais c'est bien celui-ci dont elle me demande la lecture à chaque moment de la journée où elle se sent disponible, où elle a besoin d'être apaisée, où elle a envie tout simplement de profiter un peu de la vie. Et de son fils. »

Il est question d'Amour d'un fils à sa mère, c'est le noyau dur, central, mais il est aussi narré la douleur de l'exil, de l'exclusion, de l'injustice sociale... où les enfants de parents émigrés , pauvres, sans les bases de l'instruction, lorsqu'ils réussissent, sont écartelés entre la fierté, et la culpabilité d'avoir trahi leur milieu...

"La culture scolaire exclut autant qu'elle intègre et les parents étrangers en sont les premières victimes."

Mais ce que je retiens avant tout c'est la lumière absolue de l'amour de ce dernier fils, resté célibataire, pris par son métier d'enseignant mais aussi pour assumer la présence et l'accompagnement de sa maman vieillissante et affaiblie à qui il doit tant et tant... !

"Au bout du compte, c'est bien la confiance naïve que ma mère me témoignait qui m'a poussé à devenir meilleur. Pour en être digne. Face à une telle sincérité et à une telle innocence, on ne peut ni mentir ni tricher. Je lui dois cette leçon." (p. 46)

.... et pour achever d'exprimer mon émotion totale vis à vis de ce texte... je trouve "fantastique" cet immense "pied de nez" qui nous offre une sacrée leçon.... comme quoi l'amour des mots, des histoires se passent des classements sociaux et de leur iniquité... C'est merveilleux que le fils-écrivain ne comprenne pas que sa mère, illettrée, adore ce roman De Balzac, "La Peau de chagrin"... L'essentiel absolu... au final est que la complicité, l'amour du fils et de la mère se retrouvent autour de cette oeuvre littéraire....que l'émotion et l'intellect ne fassent plus qu'un, spontanément, sans rime ni raison !!...
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