AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782757876985
96 pages
Points (07/02/2019)
4.45/5   103 notes
Résumé :
Nour a 20 ans. Elle décide de quitter son pays, sa famille, ses amis, pour rejoindre en Irak l'homme qu'elle a épousé, un lieutenant de Daesh.
Une décision à laquelle ne peut se résoudre son père, brillant universitaire, musulman pratiquant et épris de la philosophie des Lumières.
Nour et son père s'écriront, pour ne pas rompre le lien précieux qui les unit.
Au-delà de l'incompréhension, cette correspondance porte un message d'espoir, celui de l... >Voir plus
Que lire après Lettres à NourVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
4,45

sur 103 notes
5
9 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Mi-roman, mi-nouvelle épistolaire, ce livre de Rachid Benzine, enseignant, islamologue et chercheur, est le fruit du travail et des rencontres de cet intellectuel très impliqué dans cette gangrène qui mine nos sociétés et pousse des hommes et des femmes à préférer la mort à la vie, à combattre et à tuer pour une idéologie sanguinaire et une croyance aux limites de la débilisation mentale.
Cette gangrène qui a pour noms terrorisme, fanatisme, intégrisme nous pousse tous, à un moment ou à un autre, à nous poser la question "pourquoi".
Pourquoi rompre avec sa famille, pourquoi se mettre hors la loi d'une société au point de se barder d'une ceinture d'explosifs, se faire déchiqueter au milieu d'innocents, avec comme perspective un hypothétique paradis où vous attendent 72 vierges ?
Rachid Benzine, pour tenter de donner des éléments de réponse, a imaginé un échange de lettres ( type d'échange qui permet d'exposer son point de vue clairement, sans être interrompu ) entre un père français musulman quinquagénaire, éminent intellectuel, philosophe, enseignant et chercheur, et sa fille Nour, jeune femme âgée de vingt ans, brillante étudiante en philosophie qui, sous prétexte d'une visite à l'une de ses tantes, s'est enfuie en Irak, à Falloujah ( une des conquêtes du califat autoproclamé de Daesh en 2014 ) pour y créer la cité idéale, le paradis sur terre.
Pour ce faire, elle a rencontré sur les réseaux sociaux un beau jeune homme, épris du même idéal qu'elle, lieutenant de l'organisation "État Islamique", dont elle est devenue la femme.
Je ne vais naturellement pas vous dévoiler la suite de l'histoire, mais me contenter de vous indiquer que cet échange permet à Rachid Benzine de faire, plus qu'oeuvre littéraire, davantage un travail pédagogique.
Il était difficile d'imaginer qu'en à peine 87 pages et 14 lettres, on puisse avoir une thèse exhaustive sur un sujet à propos duquel les questions demeurent et les réponses se font toujours attendre... si tant est qu'il puisse y en avoir !
Dans un premier temps, j'ai trouvé cet écrit simplificateur, puis j'ai réalisé qu'il fallait qu'il le soit pour être didactique, pour parler au plus grand nombre.
J'ajoute qu'une pièce de théâtre a été tirée de ce livre, et que les deux ont eu un écho et un succès international ( aux ).
Je reste persuadé que j'aurais certainement trouvé la pièce plus adaptée à mes attentes, même si le roman permet d'aborder de manière polymorphe, détaillée, bon nombre des aspects de ce sujet brûlant.
Enfin, pour ne pas vous laisser sur l'impression déceptive du lecteur insatisfait, je conclurai en disant que même si l'argumentaire trè large ( sociologique, historique, psychologique, philosophique, théologique etc ) déployé par l'auteur m'a paru rebattu ( je m'intéresse depuis des années à la question ), je n'ai pas été insensible à la tragédie qui charrie dans l'oubli inéluctable ces deux destins broyés par le poids de l'Histoire.
Quelques ajouts :
"Nour en arabe désigne la lumière lunaire, celle qui, au milieu de la nuit, permet de circuler dans l'obscurité et de trouver son chemin..."
Surtout ne pas zapper la postface !
Commenter  J’apprécie          372
J'ai découvert ce dialogue tragique entre un père et sa fille grâce à une lecture audio à deux voix sur France-Culture, en coproduction avec le Théâtre de Liège et enregistrée au festival d'Avignon en Juillet 2017. Lettres à Nour est un court roman épistolaire de Rachid Benzine.

Deux voix, deux personnages, que tout oppose aujourd'hui alors que tout les rapprochait profondément depuis toujours.
Le père est un brillant universitaire, musulman pratiquant et épris de la philosophie des Lumières.
Sa fille, Nour, décide, à 20 ans, de quitter son pays, sa famille, ses amis, pour rejoindre en Irak l'homme qu'elle a épousé en secret, un lieutenant de Daech, et participer activement au djihad.
Le père est anéanti ; Nour est motivée, enthousiaste.

Au-delà de l'incompréhension mutuelle, Rachid Benzine imagine que le père et la fille ont pu préserver le lien qui les unissait et s'écrire. le temps s'étire entre les lettres sur un peu plus de deux ans ; le père s'interroge sur les interprétations du Coran qui poussent des jeunes gens à tuer au nom de Dieu et force le respect par sa douceur, son amour inconditionnel, sa pédagogie, sa souffrance… Nour va passer par toutes les étapes d'un endoctrinement fatal ; elle démonte les arguments de son père et les retourne contre lui. Ce qui, chez le père, est message d'amour et de paix devient instrument de propagande pour la fille. Les échanges sont naturellement centrés sur le point de vue féminin autour du couple, de la maternité, de la sexualité, thèmes que le père n'aurait pas abordé de la même manière si sa fille avait quitté la maison d'une manière plus naturelle.
Le dénouement propose une hypothétique vision d'espoir dans les générations futures et dans la force de l'amour.
Dans la version audio, Charles Berling et Lou de Laâge donnent à ces lettres une immense dimension tragique, provoquant horreur et pitié. C'est fort, dépouillé, très incarné.

Rachid Benzine, islamologue, enseignant de théologie à la faculté protestante de Paris et chercheur franco-marocain associé à l'Observatoire du religieux de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, fait partie de la nouvelle génération d'intellectuels qui prône un travail critique et ouvert sur le Coran.
Il imagine ici un espace de rencontre improbable entre deux mondes profondément antagonistes : civilisation VS barbarie, raison VS religion, modernité VS archaïsme.

Un dialogue terrible, un texte d'une immense force, poignant.

https://www.franceculture.fr/emissions/avignon-fictions/lettres-a-nour-de-rachid-benzine

https://www.facebook.com/piratedespal/
https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/
Commenter  J’apprécie          170
« Lettres à Nour » de Rachid Benzine, n'est pas vraiment un roman mais une correspondance fictive, que l'auteur a imaginé avoir avec sa fille.
Ce qui donne de la puissance et de l'émotion à ce récit, c'est cet échange d'amour et aussi d'incompréhension complète, entre un père, brillant universitaire et grand philosophe musulman et sa fille de 20 ans partie brusquement en Irak rejoindre Daech.

Des lettres avec de la tendresse et avec aussi de la cruauté, où chacun se conforte, se campe sur ses positions, où chacun pense qu'il est dans La vérité, dans Sa vérité en s'écrivant, en s'envoyant comme des poignards, tous les arguments possibles pour justifier leur position, leur action et leur choix de vie.
Deux extrêmes séparés par cette abyssale différence idéologique, mais liés par un fil fragile d'un amour puissant d'un père envers sa fille, d'une fille envers son père, comme un infime espoir que rien n'est tout à fait perdu d'avance. Qu'une réconciliation est toujours possible.

Deux extrêmes qui s'affrontent avec parfois cette brutalité due au désespoir et à la colère. Avec un père épris de liberté et de tolérance, qui culpabilise de n'avoir rien vu venir. Un père qui était en admiration devant sa fille chérie et qui ne comprend plus, qui pense même à une punition divine. Un père qui parle de la vie, de l'amour, de la joie, du rire et qui prévient sa fille que la haine ne mène qu'à la mort et de la désolation. Un père qui parle de la barbarie de Daech, de ses crimes perpétués au nom d'Allah, de la terreur qu'il fait vivre à ses propres frères musulmans. de l'enfermement et de l'isolement où se trouve Daech pour avoir décidé d'une autre lecture du Coran.

Et Nour, sa fille, fortifiée par ses certitudes qu'elle a rejoint le bon camp, le plus vertueux face à la perversité, la débauche et la corruption de l'occident.
Une fille qui ne cesse de louer les actions de Daech, ce groupe hommes libérateurs qui combattent toutes oppressions, qui vont purifier la terre de tous les impies, de tous les mauvais musulmans. Qui iront bientôt libérer leurs frères palestiniens opprimés par l'état d'Israël avec la bienveillance des pays occidentaux. Qui vont rétablir un paradis terrestre.

Nour qui dénonce la domination de la communication par les occidentaux.
Nour qui dénonce l'occupation meurtrière de l'armée américaine, de leurs alliés, qui dénonce ces drones qui massacrent toujours un peu plus, des centaines d'innocents que personne ne pleure.
Nour qui s'interroge que des chefs d'état se déplacent et fassent pleurer la planète entière pour quelques occidentaux de tués, alors qu'on ne s'émeut plus des milliers de martyrs syriens, irakiens ou libyens.
Nour qui demande à son père qu'il respecte sa liberté de penser, qu'il accepte aussi sa liberté de lire et d'interpréter le Coran.
Nour qui va bientôt être enceinte de l'homme appartenant à l'Etat Islamique, qu'elle a épousé en Irak.

Reste la fin de ce récit, qui est à la fois terrifiant pour Nour, mais d'un imprévu plus doux pour son père. Cette fin est, à mon avis, presque irréelle par ce retournement brusque et improbable de situation.
A moins que l'auteur Rachid Benzine, ait voulu nous transmettre le plus beaux des messages d'amour et d'espoir, comme un appel à l'ouverture de nos consciences.

« Lettres à Nour » est bien sûr une histoire imaginée par son auteur, mais c'est aussi un terrible drame d'aujourd'hui. Celui qui est vécu réellement dans certaines familles musulmanes.

Commenter  J’apprécie          80
Lettres à Nour, est une correspondance de plus de deux ans entre un père , grand philosophe musulman pratiquant (prônant la liberté et la tolérance )et sa fille de 20 ans , Nour partie rejoindre son mari : un homme de Daesh qu'elle a épouse en secret .
Un monde les sépare ,leurs points de vue divergent et pourtant ils prient le même Dieu .
L' échange est tendre et cruel à la fois.
Cette histoire fictive est malheureusement vécue par un grand nombre de personne .
ce petit roman d'à peine 100 pages est une véritable leçon d'amour, d'ouverture des consciences où l'on peut et l'on doit s'aimer malgré nos différences d'idéologies.
Bouleversant
Commenter  J’apprécie          140
Lettres à Nour de Rachid Benzine est Bouleversant !!
Page 78 : Il nous faut créer des ponts, pas des murs (...) le seul destin d'un mur, c'est l'effondrement."
Roman épistolaire entre un père et sa fille. le 13 février 2014, Nour, 20 ans, envoie sa 1ère lettre à son père, brillant universitaire, respecté, musulman pratiquant et épris de la philosophie des lumières. Cette première lettre est écrite depuis Falloujah en Irak. Elle y a rejoint son mari rencontré sur internet. le père et la fille alors s'écrivent, lui dans l'incompréhension totale et la stupéfaction (il n'a rien vu venir) et elle dans la certitude qu'elle a fait le bon choix malgré l'éducation ouverte sur le monde inculquée par son père. Les deux points de vue s'affrontent douloureusement avec toujours cet amour indéfectible entre un père et sa fille. Cette correspondance bouscule, interroge, émeut ! Les deux dernières lettres sont d'une rare intensité !!!
Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (1)
Actualitte
10 mai 2019
Rachid Benzine livrait un texte foudroyant, attestant d’une véritable incompréhension, et plus encore, de ce gouffre créé entre les êtres.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Nour, ma pauvre Nour, aujourd'hui nous sommes toi comme moi les victimes de la barbarie, n'est ce pas ?Nous en avons parlé si souvent ,car tous les actes de terrorisme et la barbarie nazie te révulsaient .
Tu ne pouvais pas comprendre que l'on puisse être un monstre, et tu avais bien du mal à accepter l'idée que le monstre ne soit pas radicalement un autre, une catégorie de gens à part ,mais une partie de nous même que nous laissons s'exprimer ou non . Tu avais peur du monstre en toi .Je te disais que c'était la meilleure façon de le combattre. Accepter son existence en soi, rester éveillé sans cesse pour qu'il ne s'exprime pas...
Commenter  J’apprécie          30
Si nous voulons dépasser tout cela, il nous faut créer des ponts et pas des murs. On ne se sécurise pas dans une forteresse : on y meurt assiégé. Qu'il s'agisse des murs que la Hongrie est en train de bâtir pour interdire l'entrée de l'Europe aux réfugiés ou de ceux qu'Israël construit depuis longtemps pour refouler les Palestiniens, ils ne dureront pas éternellement. Le seul destin d'un mur, c'est l'effondrement. De lui-même et de tout ce qu'il était censé préserver.
Commenter  J’apprécie          31
Dans leur bouche, Allahou akbar n'est plus qu'un cri de guerre répugnant. Nos symboles les plus élémentaires sont bafoués par leur ignorance.
"Allahou akbar", "Allah est plus grand !", est un formidable cri d'amour et d'humilité. Quoi que l'on pense, quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse : Allahou akbar, Allah est plus grand que nous. Il est toujours au-delà, au-dessus, inatteignable dans son esprit, dans ses intentions, comme dans ses actions.
Commenter  J’apprécie          30
Le rire est la survie des damnés. Les juifs, qui ont été maltraités depuis plus de deux mille ans, ont réussi à produire le plus riche des humours du monde.
Commenter  J’apprécie          100
Pour la première fois de ma vie, je t'ai méprisé, papa, parce que tu t'es rendu méprisable. Toi si fort, si beau dans tes sentiments et leur expression d'ordinaire... Tes propos orduriers traduisent tout ton mal. Tu n'es plus que l'ombre de toi-même. Le brillant universitaire nourri de raison et de spiritualité ne trouve plus les mots pour convaincre sa fille... Il ne lui reste que la harangue pathétique, celle du pantin dont les fils cassent un à un, dont les gestes deviennent désordonnés et dont la pensée se répand comme une flaque, au gré des aspérités.
Commenter  J’apprécie          21

Videos de Rachid Benzine (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rachid Benzine
Rachid Benzine : le camp des enfants perdus
autres livres classés : roman épistolaireVoir plus
Notre sélection Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (268) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1698 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..